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Le cyberespace de l'imaginaire




Anne Guéro : la part de l’Ange
Entretien Yozone
Novembre 2009

Ange est 2.
Deux entités qui en s’unissant démultiplient leur imaginaire.
Deux anges qui parfois ne font qu’un.
C’est le cas ici pour l’écriture de « L’arche de Noa ».
Un ange qui a bien voulu se prêter à la question…




« L’arche de Noa » sur LA YOZONE
« À mille mille de toute terre habitée » sur LA YOZONE


Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour à tous ! Ange est le pseudonyme commun de deux auteurs, Anne et Gérard Guéro. Moi, qui réponds à cet entretien, je suis Anne. Gérard et moi sommes auteurs de romans adultes et jeunesse, ainsi que scénaristes de BD. En général, nos textes sont ce qu’on appelle de la littérature de « genre », c’est-à-dire fantasy, fantastique, science-fiction ou polar…

Le choix de Paris comme lieu magique semble dans l’air du temps, y avait-il une raison particulière ?

Paris est toujours dans l’air du temps ! Je suis amoureuse de Paris depuis toujours, et j’ai grandi rue Broca, le fameux lieu des « Contes de la Rue Broca », de Pierre Gripari. Pour moi, Paris est une ville magique, le lieu des contes, le lieu du roman par excellence. Il y a des lutins qui pédalent pour générer de l’électricité dans les feux rouges, et des fées dans les égouts, cela me parait absolument évident.

Êtes-vous des « piétons de Paris » ?

Oui. Paris est tellement beau du trottoir.

De même, le choix d’un narrateur donne une structure de conte narré par une voix extérieure, était-ce délibéré ?

J’ai toujours adoré les romans – souvent du XIXe siècle – où le narrateur commente l’action, donne son avis, nous gronde, nous félicite, se scandalise, s’amuse et nous induit en erreur volontairement. Le narrateur n’est pas neutre – il ne l’est jamais d’ailleurs, si on croit qu’il a disparu, on se trompe, il est toujours là à tenter de nous imposer son point de vue. Au moins dans « l’Arche de Noa », vous le voyez faire…

Vous vous permettez des notations plutôt juste sur les différences de raisonnement entre un enfant et un adulte, avez-vous eu un retour sur ce point de votre lectorat plus jeune ?

J’ai eu un retour en effet, mais il est un peu particulier : c’est celui de Noa, de Benjamin, de Clément, et de Gabriel, qui sont les héros du livre… mais qui sont aussi de vrais enfants, puisque Gabriel est notre fils (à Gérard et à moi) et que Benjamin, Clément et Noa sont ses amis. Ils ont adoré le roman… mais ce n’est pas vraiment une surprise, je crois qu’on apprécie beaucoup les livres dont on est (vraiment) le héros… Les adultes ont apprécié aussi, mais n’ont pas commenté sur le rapport adultes-enfants. Dommage…

Votre œuvre est souvent très métaphorique (cf la fin de la trilogie d’Ayesha), que fait-il lire dans cette « Arche de Noa » pour en sucer la substantifique moelle ?

Beaucoup de livres et de contes font des enfants des témoins d’un monde magique… un monde magique dont ils perdent les clés dès qu’ils dépassent un certain âge, ou qu’ils arrivent à la puberté. Dans « l’Arche de Noa », j’ai voulu présenter le concept contraire. Je pense que la pré-adolescence est au contraire le moment où l’on découvre la noirceur du monde mais aussi sa complexité, sa beauté, ses infinies possibilités… bref, sa magie. Et c’est ce qui se passe pour l’héroïne, Noa, qui à douze ans obtient brusquement « La Vision », c’est-à-dire l’aptitude de voir l’autre partie du monde, celle qui est magique, et les créatures qui le peuplent. Attention, il y a beaucoup d’obscurité, de dureté ou de violence dans cette partie nouvelle du monde, mais c’est cela qui en fait la beauté.
Bref, je ne considère pas que la perte de l’enfance et le passage à l’âge adulte soit un renoncement, un abandon, un appauvrissement. Au contraire, c’est un gain. Et c’est ce que je veux illustrer dans ce roman.

Curieusement, ce “mal absolu” n’est jamais vraiment défini, était-ce pour éviter de tomber dans l’imagerie Saint Sulpicienne cliché ?

Le Mal Absolu est abstrait, forcément, puisque aucun être n’est à mon avis absolument mauvais. Il représente aussi les peurs et l’inconnu de la vie… Les terreurs du passage à l’âge adulte, la dureté, l’aigreur, le désespoir. Des obstacles qui se dissolvent quand on les affrontent.

Où aimez-vous travailler ?

Dans les cafés de Ménilmontant.

Avez-vous une méthode de travail particulière ?

Hélas, non. Il m’en faudrait une. Vous en avez à vendre ?

Avez-vous un objet fétiche (stylo, ordinateur...) ?

Je ne travaille que sur ordinateur portable… aujourd’hui un beau VAIO rouge (j’aime le rouge !!!) dont j’ai beaucoup de mal à me séparer !

Avez-vous un rituel avant de commencer un livre ? Pendant l’écriture ? Après l’avoir terminé ?

Un café pour le commencer, un verre de vin blanc à la fin du dernier chapitre.

Auriez-vous quelques conseils à donner à un aspirant-écrivain ?

C’est difficile. Il y a deux conseils dont je me souviens souvent : le fameux « Follow your bliss », et la phrase de Roger Zelazny, qui conseille de ne jamais sous-estimer le lecteur et qui ajoute, en écriture : « Trust your demon ». Et il a raison.
Mais si vous vous lancez dans la littérature de genre – science-fiction, fantasy, policier – ou la BD, ou la littérature jeunesse, eh bien, il y a des règles… le lecteur n’a pas acheté seulement un roman, il a acheté un roman de « fantasy », ou un « polar », et il en attend quelque chose de particulier. A nous auteurs de trouver l’équilibre entre cette attente et notre liberté, nos envies, nos démons, justement.
Mais pour être complètement libre, il y a la littérature générale… que nous autres auteurs de genre appelons la « littérature vanille », avec un peu de méchanceté… À vous de la rendre épicée !

Quel est votre futur éditorial ?

Très rempli.

Merci Anne.



Thomas Bauduret
24 décembre 2009


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