On assiste chez Futuro à un véritable événement éditorial avec la parution conjointe de deux albums du belge (établi à Bordeaux) Christian Durieux : l’un – « Appelle-moi Ferdinand » - qu’il dessine avec une grande maîtrise et l’autre – « La Maison d’éther » - qu’il scénarise avec Denis Larue, démontrant qu’il peut à peu près tout et bien faire, dans ce métier où son chemin a déjà croisé ceux de Jean Dufaux (« Avel »), de Denis Lapière (« Oscar) » et plus récemment de Jean-Pierre Gibrat (« Les Gens honnêtes »).
Pour “La Maison d’Ether”, c’est à un autre belge - Denis Larue - que Durieux a confié la mise en images d’une aventure exotique autant qu’intérieure. Soit le retour aux sources de ses émotions qui mène un écrivain des rues de Bruxelles aux venelles de la Medina de Tétouan.
La raison explicite de ce périple : retrouver la trace d’un ami marocain, compagnon de jeunesse perdu de vue, mais à qui le romancier avait écrit tant de lettres restées sans réponse. Et puis, en cours de route, s’établit le constat de la perte d’illusions diverses. Dont celle de croire à un progrès social, alors que des portraits figés d’Hassan II sont omniprésents et que certains acteurs de ces années lointaines où couvait la révolution ont bien vieilli, c’est-à-dire mal.
De quoi avoir la fièvre, au propre comme au figuré, en même temps que les repères se mêlent et que notre homme touche le fond du désespoir. Jusqu’à ce que, en un de ces retournements de situation qui d’ordinaire servent de ressort aux comédies, soit révélée la véritable identité de certains personnages, et qu’au bout du compte, malgré tristesse et nostalgie, tout finit par sembler s’éclairer.
Un album qui supporte la relecture, servi par les images d’un Denis Larue qui célèbre l’Afrique du Nord dans des tonalités proches, en plus schématiques, de ce que Jean-Philippe Stassen avait fait pour “ Le Bar du vieux français”. Sans qu’on se méprenne sur une éventuelle filiation. Puisque Larue, ayant voici une dizaine d’années contribué à créer un département de bande dessinée à l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, nourrit cet album de ses souvenirs visuels personnels, et puisque, professeur de BD à l’Institut Saint-Luc (Bruxelles), il a précisément eu Stassen comme élève.
La Maison d’Éther
Scénario :Christian Durieux et Denis Larue
Dessins et couleur :Denis Larue
Éditeur : Futuropolis
Dépôt légal : 27 août 2009
Pagination : 88 pages couleur
Format : 21,5 x 29 cm
ISBN : 978-2-7548-0022-8
Prix public : 16 €
Illustrations© Denis Larue et Futuropolis (2009)
