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Mikaël Ollivier : comme personne, avec les mots de tout le monde
Entretien YOZONE
Ocotbre 2009

Mikaël Ollivier est un homme multi-facettes : écrivain, scénariste, directeur de collection… Il est à l’aise dans tout et ça se ressent dans ses ouvrages. Il a abordé des thématiques très différentes, du polar au récit social et intime en passant par l’anticipation et même le documentaire.

Et le pire, c’est que, comme dans le cochon, tout est bon !

Une nouvelle tranche s’il vous plaît !




Frères de sang (le livre) sur LA YOZONE
Frères de sang (le film) sur LA YOZONE


Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

41 ans, ancien non-lecteur, je détestais les livres quand j’étais enfant et ado, devenu cinéphile vers 15 ans, ce qui m’a amené à l’idée, à l’envie, au rêve de réaliser des films à mon tour.
J’ai fait la paix avec les livres une fois mon bac passé, quand plus personne n’essayait de me forcer à lire. Une nouvelle passion était née, et mon envie de faire des films s’est alors élargie à celle de raconter des histoires. Ce que je fais aujourd’hui à plein temps : romans pour la jeunesse, pour les adultes, scénarii pour le cinéma et la télévision…

Quel a été le point de départ dans votre tête pour cette histoire : le lien entre 2 frères ou un polar avec enquête ?

Le lien entre les frères, le drame que subit la famille de Martin, mon héros. Tout est partie de la prémonition de la première scène. Le père, la mère et les deux frères à table, et soudain la police qui débarque, et avec elle les larmes et le doute.

N’est-il pas difficile de se placer dans la peau d’un adolescent face à une telle situation de détresse ?

Se mettre dans la peau de mes personnages est la base de mon travail. Que ce soit un ado, un vieillard, un tueur, un flic, un homme ou une femme. L’écrivain doit disparaître derrière ses personnages pour trouver leur voix, leur voie. Je n’ai pas du tout oublié qui j’étais à l’adolescence, ce qui me plaisait, ce qui me révoltait, me frustrait ou m’exaltait. Je n’ai rien oublié, ce qui m’aide à « devenir » mes jeunes héros.

Je ne peux passer à côté de l’adaptation : comment avez-vous appréhendé l’écriture de ce scénario ? Vous a-t-il été plus difficile d’adapter ou d’écrire cette histoire ?

Il est plus difficile, du seul point de vue de l’écriture, de faire un roman. Par contre, les contraintes sont plus nombreuses quand on écrit un film car on n’est pas seul, on rend des comptes, dans le cas de « Frères de sang » à ma productrice, Monique Bernard, et à France 2. Mais tout s’est très bien passé car quand j’adapte l’un de mes romans, j’oublie le texte original et je sais que pour bien adapter un livre, il faut savoir bien le trahir.

Dans le livre, finalement, Brice a un rôle moins central en terme de présence. En revanche, dans le film vous lui donnez de l’épaisseur et de la présence. Est-ce un rétablissement de ce que vous auriez aimé écrire au départ ou alors une contrainte cinématographique ?

Le livre est comme il devait être au moment de son écriture. Donc aucun regret, rien à rétablir. On ne raconte pas une histoire de la même façon dans un roman que dans un film. Dans le livre, Martin est le seul point de vue, c’est lui qui raconte l’histoire et le lecteur ne connaît donc de cette dernière que ce que lui en voit. Dans le scénario, j’ai élargi ce point de vue pour une narration plus classique, et ai donc dû développer de nombreux aspects de l’histoire que je n’avais pas traités, volontairement, dans le roman.

De la même façon, Martin prend plus d’initiative. Pourquoi avoir choisi ce point de vue ?

Le rythme d’un film ne peut être le même que celui d’un roman. Mon livre, même s’il s’agit d’un polar à suspense, est souvent introspectif. Il a fallu corser l’action pour le film, c’est la règle du jeu.

Il y a aussi le rôle de la femme flic dans le téléfilm qui n’existe pas dans le livre. A quoi vous a-t-elle servi dans le scénario ?

C’était une nécessité pour le film. Dans un roman, un flic, seul, suffit car je peux faire entrer les lecteurs dans sa tête, dans ses pensées, dans le cheminement de sa réflexion. Dans un film, une scène filmée, un duo permet des dialogues qui révèlent les pensées de chacun et font avancer l’intrigue.

Vous avez eu plusieurs livres adaptés à la télé et au cinéma. Quel effet cela fait-il de voir ses idées prendre vie ainsi ?

C’est à la fois très exaltant, excitant, et souvent décevant. Pas pour « Frères de sang », je dois le préciser, car je trouve le film réussi. Mais la plupart du temps, les scénaristes sont déçus par le film terminé, et doublement déçu s’ils ont en plus écrit le roman adapté !

Vous écrivez des livres, des scénarii… Qu’est-ce qui vous passionne le plus et pourquoi ?

Les romans comptent plus pour moi, et de loin. C’est là que je suis vraiment moi-même, en toute liberté. Un film n’est jamais mon film, mais celui d’une équipe. Un scénario n’est au final qu’un outil de travail pour une équipe.

Où aimez-vous travailler ?

Chez moi, où j’ai un bureau.

Avez-vous une méthode de travail particulière ?

J’aimerais bien ! Mais non. Il n’y a pas de règles, et écrire un livre est toujours aussi difficile maintenant qu’à mes débuts. Peut-être plus, même, car j’ai perdu en naïveté…
Ma seule méthode est de me lever très tôt et d’ouvrir mon ordinateur avant de faire quoi que ce soit d’autres, pour commencer l’écriture avant d’être rattrapé par le quotidien. Ma seule méthode, c’est de travailler, encore et encore…

Avez-vous un objet fétiche (stylo, ordinateur...) ?

Non. Je travaille à l’ordinateur, mais il n’a rien d’un fétiche. Il n’est qu’un outil.

Avez-vous un rituel avant de commencer un livre ? Pendant l’écriture ? Après l’avoir terminé ?

Pas vraiment, si ce n’est, dans l’idéal, d’avoir une vie très régulière pendant que je travaille sur un roman. Couché tôt, levé tôt, et ne jamais aller au bout de mes idées du jour, pour garder une réserve à laquelle me raccrocher le lendemain matin. C’est la seule méthode que je connaisse pour éviter la panne, la fameuse page blanche.

Auriez-vous quelques conseils à donner à un aspirant-écrivain ?

La sincérité, ne pas chercher à faire « l’écrivain ». Et méditer la phrase formidable de Voltaire, celle qui, pour moi, décrit le mieux le travail de l’écrivain : « Il faut écrire comme personne avec les mots de tout le monde. »

Quel est votre futur éditorial ?

Je viens de sortir un roman policier pour adultes qui compte beaucoup pour moi : « La promesse du feu », aux éditions Albin Michel. Je travaille déjà sur le prochain, qui ne sera pas une suite, mais dans lequel on retrouva les mêmes enquêteurs. Je travaille aussi sur un nouveau film pour France 2, mais un scénario original, cette fois, pas tiré de l’un de mes romans. Et dernière chose, pour la jeunesse, aux éditions Thierry Magnier, je viens de sortir un tout petit roman que j’aime beaucoup : « Tsunami ».

Merci Mikaël



Michael Espinosa
24 décembre 2009


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