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A vos Marx, prêts, partez !
Jérôme Leroy
Baleine, le Poulpe, roman (France), polar octopodo-science fictionnesque, 160 pages, avril 2009, 6,50€

La grande crise sonne le glas du capitalisme, condamné à moyen terme. Impensable pour le Consortium, société secrète regroupant les plus riches et dominant le monde en sous-main ! Une seule solution : grâce à un accélérateur de particules, remonter le temps pour tuer Marx. C’est sans compter un grain de sable nommé Alfredo Garcia (!), qui fera appel à un casse-pieds de concours : un certain Gabriel Lecouvreur, qui gère (mal) sa crise de la quarantaine…



Jouissif ! Décidément, on ne peut que se féliciter de la résurrection d’un des véritables héros (ou anti-héros) de la littérature populaire moderne si c’est pour donner des œuvres comme le Ligny, le dernier Pouy (chroniqué en ces lieux)… ou ce nouvel opus qui n’hésite pas à faire appel à la science-fiction à peine poussée pour renouveler la formule !

Disciple de Marx ou pas, et en dehors de cette histoire débile de « NPN » ou Nouveau Polar Nihiliste où un plumitif parisiano-parisianiste voulut entraîner Jérôme Leroy, on ne peut qu’admirer la performance. Rien à dire, le cahier des charges est respecté avec un Poulpe en pleine crise de la quarantaine, réévaluant sa liaison avec une Cheryl coincée entre alcool et poudre-qui-fait-rire. Une dérive qui n’est qu’une partie du roman, mais décrite avec un sens de la déchéance flamboyante digne des plus grands.

À partir de là, Leroy mène adroitement son histoire entre délire pur, reprenant la vieille théorie des maîtres cachés du monde pour dresser un portrait d’épaves surpuissantes bardées de greffes qu’on croirait sortis d’un film du Terry Gilliam de la grande époque, tout en s’inspirant de l’actualité : le fameux LHC du CERN qui engendra bien des inquiétudes, une certaine firme de sécurité privée nommée Blackwine, et des piques trop nombreuses pour être répertoriées. Au lieu d’usiner son NPN laborieux, le plumitif précité aurait mieux fait d’exécuter la vieille doxa comme quoi les auteurs de polar français ne suivent pas l’actualité (très populaire chez ceux qui ne les lisent pas, mais les jugent néanmoins.) L’aspect voyage dans le temps est, lui, traité avec assez d’attention pour satisfaire le lecteur de SF et se permet même une digression historique assez roborative.

Un cocktail déjà détonant en soi, mais cerise sur le gâteau, magnifié par une narration électrique, pleine de fougue, assumant parfaitement son délire (y compris un anti-américanisme si caricatural qu’il semble s’en moquer lui-même), un sens de la narration magistral et un humour constant contrebalançant ses excès. Du coup, ce roman « de série » court et percutant en remontrerait à bien des pensums lourdement démonstratifs. Une lecture à cent à l’heure et un véritable plaisir même pas coupable caché sous encore une très belle couverture du maître Miles Hyman, aussi indispensable au Poulpe que la bière. Pour six euros cinquante, dans la conjoncture actuel, ce roman devrait être remboursé par la sécurité sociale en temps qu’antidépresseur…


Titre : A vos Marx, prêt, partez !
Auteur : Jérôme Leroy
Couverture : Miles Hyman
Editeur : Baleine
Collection : Le Poulpe
Site internet : page du roman
Pages : 160
Format (en cm) : 10,8 x 17,7
Dépôt légal : avril 2009
ISBN : 978-2-84219-458-1
Prix : 6,50 €


Thomas Bauduret
29 octobre 2009


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