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Sœurs de la Lune (les) T1 : Witchling
Yasmine Galenorn
Milady, Bit-Lit, traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy-thriller, 350 pages, décembre 2008, 7€

Les sœurs D’Artigo sont mi-humaines et mi-fées. Venues d’Outremonde, elles sont agents de l’OIA, la CIA féérique, garante de la sécurité des Outremondiens sur Terre, où ils sont plus ou moins acceptés (plus pour les créatures charismatiques, moins pour les… moins reluisantes). Delilah est un chat-garou, Menolly a été mordue il y a peu par un vampire. Quant à Camille, la narratrice et ainée, elle est sorcière et commande à la Lune. Leur sang mêlé nuit quelque peu à leurs pouvoirs, si bien que les sorts de Camille échouent aussi inopinément que régulièrement.

Les trois sœurs découvrent, à l’occasion de la mort du géant Jocko, patron de la boîte de nuit qui recèle le portail de Seattle pour l’Outremonde, que la politique là-bas part à vau-l’eau, la reine en passe d’être renversée, et l’OIA largement débordée. Quant il s’avère que les assassins de Jocko servent l’Ombre Ailée, le maître des Royaumes Souterrains, et sont à la recherche d’un artefact capable de réunir les 3 mondes, les sœurs se retrouvent à peu près seules pour leur barrer la route.



Une bonne couverture, c’est vendeur


Je dois le dire, j’avais beaucoup d’a priori sur ce livre. La couverture exhibant une bimbo au décolleté bien rempli (qui s’avère l’héroïne et narratrice) ; la bio de l’auteure la décrivant comme adepte de la magie et du tatouage, fana de fantasy au point de changer de nom pour un mot elfique issu du « Seigneur des Anneaux » ; le côté « Charmed » des trois sœurs... Je m’attendais au pire.
Merci les forces supérieures, je me suis (relativement) fourvoyé.

De bonnes surprises


Le texte lorgne bien plus du côté de la fantasy, même un peu dark, que de la série gnangnan d’Aaron Spelling. Si la quasi-totalité du récit se déroule sur Terre, aux environs de Seattle, le monde féérique, appelé ici l’Outremonde, est presque omniprésent, les humains faisant presque tous de la figuration.
Car l’affaire est 100% outremondienne : le nouveau roi des enfers, un démon, veut remettre la main sur les sceaux spirituels, et fusionner des mondes qui ne communiquent pour l’instant, et depuis des millénaires, que par des portails bien gardés, et envahir Outremonde et la Terre. C’est ce que découvrent les sœurs en enquêtant sur la mort de Jocko avec Chase Johnson, l’agent humain de l’OIA. Ensemble, ils décident de se mettre en quête des sceaux pour couper l’herbe sous le pied des démons. L’occasion de faire le tour de la communauté outremondienne sur Terre, les nouveaux arrivants comme les anciens colons oubliés.

Le récit est assez restreint au niveau des évènements majeurs, car la série compte 7 tomes aux USA (voir le site de l’auteure), et on s’en tiendra à la récupération du premier sceau, protégé par un dragon, et de mettre hors combat les trois démons infiltrés. Succinct, mais prenant.

En même temps, la couverture annonçait la couleur


Le divertissement vient des personnages, et c’est là que le côté “bit-lit / littérature pour public ciblé” (je ne suis pas sûr de savoir lequel : jeunes hommes ou femmes ?) ressort. Tout tient majoritairement dans la plastique affriolante de Camille, charismatique demi-fée très soucieuse de son apparence, à sa garde-robe bien fournie à défaut de bien couvrante… et son bonnet E, bien mis en valeur.
Dès la couverture, on sent (ou on a bien envie) qu’elle va passer à la casserole… pardon, à l’acte à un moment ou à un autre. Car ce ne sont pas les mâles appétissants qui manquent : l’humain Chase la drague ouvertement et en pure perte, son ancien amant elfe noir (et champion toutes catégories activités nocturnes) revient tandis qu’elle se languit d’un mâle dans son lit et se plaint d’avoir le feu aux c… cuisses, un démon-renard de feu japonais (oui, Naruto, mais avec le physique de Takeshi Kaneshiro) vient lui prêter main-forte mais ne la laisse pas insensible, jusqu’au dragon qui prend forme humaine et use de son glamour pour exacerber son désir…
Même si les passages restent soft, disons-le franchement, y’a de la fesse, et si généralement les personnages ne font qu’échanger des sous-entendus pas très innocents, c’est parfois un élément important de l’intrigue. Il en ressort quand même un schéma cohérent dans les relations entre les personnages, fortement influencé par les pulsions d’Eros et Thanatos.

Que dire du fond ? Du bien, et très peu de mal


C’est aussi l’occasion de voir la culture américaine, voire humaine, par les yeux d’étrangers. Cela reste assez superficiellement abordé, et Camille se limite à énoncer quelques marques de lingerie sexy, de séries télé, de café branché et de fast-food, le tout collant parfaitement aux personnages, qui ne sont pas sociologues mais simples consommateurs de cette société américaine. Les sœurs sont implantées à Seattle depuis assez longtemps pour ne plus s’étonner de tout, mais nous signalent à l’occasion les trucs de chez nous dont elles ne pourraient plus se passer. Comme quoi, la magie ne fait pas tout…

Justement, on passera sur les facilités “magiques” déployées par l’auteure (par exemple le traitement médical d’Outremonde, qui immunise les sœurs contre les maladies terrestres, ou les empêche de concevoir), car elles ne font que fermer des pistes qui n’ont pas lieu d’être ouvertes dans ce genre d’histoire, et évitent l’éparpillement. Au pire regrettera-t-on que, comme beaucoup d’informations initiales, elles nous soient livrées fort succinctement, boum, comme un fait établi.
La présentation des héroïnes et de leurs « spécificités » par Camille est aussi formelle, tandis qu’on a la sensation de prendre le train en route dans leurs agissements sur Terre. Une impression qui disparaîtra passée la première centaine de pages, tandis qu’on plongera au cœur de l’aventure et de leur première affaire d’importance.

Du bon divertissement, avec du coquin dedans


Qui a aimé « Les Enchantements d’Ambremer » de Pierre Pevel, et son mélange entre Paris au début du XXe siècle et le monde féérique, trouvera à mon avis un agréable divertissement à la lecture de ce « Witchling », l’époque contemporaine et le sexe en plus.
Eh oui, nos héros français se contentent de badiner… au mieux un baiser furtif… Même si ici, une part non négligeable est consacrée aux sentiments de Camille, et pas seulement à l’assouvissement de ses pulsions qu’elle a du mal à contenir. On n’est pas dans du roman érotique (érotique-fantasy ? … pardon…).

Yasmine Galenorn livre un habile récit mêlant différentes mythologies, anciennes comme contemporaines, sans sombrer dans l’étalage de sa culture fantasy, et qui satisfera les lecteurs d’aujourd’hui, qui trouvent leur bonheur tant dans les romans que les animes japonais ou la BD. Chacun, du néophyte au plus érudit, trouvera du plaisir à découvrir cet univers, original sans être innovant, explicite sans être didactique, et pas si merveilleux que les humains le croient.

Sans s’imaginer être de la haute littérature, « Witchling » s’avère en tout cas un excellent divertissement et une bonne surprise. La fin, peut-être un peu abrupte, permet d’enchaîner directement sur le second volume, « Changeling », où c’est Delilah, le chat-garou, qui reprend le rôle de la narratrice. Néanmoins, une bataille est remportée à la fin de ce tome, et on peut, sans laisser trop de questions en suspens, s’arrêter là.

Malheureusement pas mal de coquilles (une bonne trentaine), dont certaines grosses comme les attributs féminins de Camille… et quelques incohérences m’ont un peu hérissé. Comme d’habitude, je vous renvoie au document ci-dessous.

Texte - 5.1 ko
Witchling - corrections

Titre : Witchling (Witchling, 2006)
Série : Les Sœurs de la Lune (Otherworld), tome 1 (sur 7)
Auteur : Yasmine Galenorn
Traduction : Cécile Tasson
Couverture : Tony Mauro
Editeur : Milady
Site Internet : fiche du roman sur le site éditeur, sur le site de l’auteure (en anglais)
Collection : Bit-Lit
Pages : 350
Format (en cm) : 11 x 17,8 x 2,1
Dépôt légal : décembre 2008
ISBN : 978-2-8112-0072-5
Prix : 7 €



Nicolas Soffray
3 octobre 2009


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