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Forteresse Digitale
Dan Brown
Librairie Générale Française, Le Livre de Poche, roman traduit de l’anglais (Etats-Unis), techno-thriller, 503 pages, janvier 2009, 7,50€

Susan, bientôt quadra mais aussi intelligente que séduisante, s’imagine passer un week-end en amoureux avec son fiancé David, linguiste et professeur d’université. Programme chamboulé : David part mystérieusement pour l’Espagne tandis que Strathmore, le chef de la section Cryptologie de la NSA, la rappelle, elle sa fidèle directrice adjointe et meilleure crackeuse de codes qu’il connaisse, pour l’aider à résoudre un problème de taille.



En effet, Tankado, un génie du cryptage récemment licencié, prétend avoir produit le code parfait. Et Strathmore a entré le logiciel, baptisé fort modestement Forteresse Digitale, dans TRANSLTR, le giga-ordinateur de la NSA, plusieurs millions de processus montés en parallèle, capable de casser n’importe quel cryptage en cinq minutes. Mais lorsque Susan arrive, la machine se casse les dents depuis 17 heures sur « Forteresse Digitale »… Seules deux personnes possèdent la clé du code : Tankado, sur la trace duquel Strathmore a envoyé David, et un mystérieux North Dakota, collaborateur du japonais…

C’est tout l’avenir du renseignement américain qui repose sur ce décryptage, car Tankado, chantre de la liberté individuelle, veut rendre la clé publique, et rendre ainsi inutile le joujou à 2 milliards de dollars de la NSA…

Internet, le monde, l’espionnage et moi


Pour son premier roman, Dan Brown (dont je n’ai pas lu le grand-œuvre, ni le reste) livre un thriller bien ficelé mais dans sa forme assez classique. Dans l’air du temps de 1998, l’action se déroule dans la dernière agence américaine encore secrète, la NSA (National Security Agency), et tourne déjà sur ce qui est visiblement le dada de l’auteur, les codes secrets et la branche décryptage.

Pour épauler la super-machine, les meilleurs génies du codage, la crème de la crème : Strathmore, le directeur de la Crypto, vieux briscard nullement échaudé par les scandales provoqués par son intrusion permanente dans la vie privée d’autrui, et prêt à tout pour un dernier coup d’éclat ; Susan, la beauté et l’intelligence concentrées en une femme, et Greg Hale, petit génie à moitié mercenaire, mais qu’il vaut mieux avoir dans son camp. Aussi, lorsque l’action tourne à l’huis-clos, et que l’auteur fait tout pour désigner l’un des hommes comme le traître, il ne fait pas longtemps pour soupçonner l’autre.

À l’opposé, on suivra David à Séville à la recherche de la clé d’un Tankado prématurément décédé. La recherche de l’objet vire à « la course à l’échalote », occupant notre linguiste la nuit durant, mettant sa santé à rude épreuve, d’autant qu’un tueur, l’assassin du génie japonais, lui file le train.

Un style efficace, mais pas impeccable


La simultanéité de ses deux parties est assurée par l’alternance des chapitres, et le procédé est aussi classique qu’efficace.
La tension monte tandis que la bécane chauffe, pour finir en feu d’artifice lorsque Strathmore et Susan comprennent enfin (bien après le lecteur quelque peu logique) l’impossibilité mathématique qu’est Forteresse Digitale.

Donc, après quelques rebondissements assez abracadabrantesques, où les complots et les sur-complots achèveront de brouiller les cartes, la fin (les 50 dernières pages), le « décryptage », fait appel au compte à rebours pour faire monter le stress. Forteresse Digitale s’avère un virus destiné à faire tomber les défenses de la base de données renfermant tous les secret-défense des USA, et sans la clé sur laquelle David a enfin mis la main, tous les pays du tiers-monde sauront faire une bombe atomique dans les trente minutes.

Trop de tension finale ?


On assiste avec pitié à la perte de moyens des meilleurs cerveaux du pays devant une énigme assez banale (en tout cas largement à leur portée), après une solution (des « codes orphelins ») sortie de nulle part, tandis qu’un technicien égrène les minutes avant que tous les hackers du monde se ruent sur le trésor des États-Unis. Le lecteur, en arrêtant sa lecture deux minutes et en se remémorant quelques souvenirs de collège, peut trouver la solution, mais jusqu’au bout l’auteur nous assène nombre d’informations pour dissimuler sa pirouette, et montrer qu’une solution simple échappe souvent aux gens compliqués.

Ne se prendre la tête qu’avec les codes


On tourne les pages à toute vitesse dans cette histoire qui se dévore pour peu que vous ayez quelques connaissances (légères) en informatique et que vous appréciez les histoires de complots et de menace sur la sécurité mondiale. Le roman distille la tension à la manière depuis popularisée par la série « 24 heures chrono », alternance de scènes calmes mais psychologiquement tendues et d’action mouvementée, le tout saupoudré d’un compte à rebours, et pourrait en faire une bonne saison, les ingrédients et le style sont réunis.

Bref, un bon thriller à lire sans (trop) se creuser les méninges, ni s’émouvoir devant quelques incohérences et excès de l’auteur.
Oui, on peut cramer un PC à deux milliards de dollars dans un spectacle pyrotechnique flamboyant...
Oui, les USA peuvent passer à 3 secondes de la catastrophe...
Mais c’est le but du roman, non ?

En filigrane, le petit débat entre liberté individuelle et sécurité nationale, même s’il est fortement orienté et présenté par des avis extrêmes, a le mérite de nous faire réfléchir (un peu)...

Les amateurs trouveront également quelques petites informations sur les codes secrets les plus connus de l’histoire (que vous retrouverez sur le mini-site du roman, très sympa) et pourront s’échiner quelques minutes sur celui qui clôt le livre (et dont la solution, assez simple, est expliquée sur la page Wikipédia du roman).

Je pensais que pour une réédition en poche de ce qui dès le départ devait être un best-seller, le texte serait sans tache. Mais vous me connaissez, toujours à pinailler… Ce n’est pas parce que cela se lit vite que c’est impeccable, mais je n’ai probablement pas tout relevé non plus…

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Forteresse Digitale - corrections



Titre : Forteresse Digitale (Digital Fortress, 1998)
Auteur : Dan Brown
Traduction : Dominique Defert
Couverture : Digital Vision / Jérôme Da Cunha
Editeur : LGF
Première édition française : Jean-Claude Lattès, 2007
Site Internet : la fiche du roman, le site de l’auteur (en anglais), le mini-site du roman
Collection : Le Livre de Poche
Numéro : 31275
Pages : 503
Format (en cm) : 10,8 x 17,8 x 2,3
Dépôt légal : janvier 2009
ISBN : 978-2-253-12707-9
Prix : 7,50 €



Nicolas Soffray
18 septembre 2009


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