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Peste
Chuck Palahniuk
Gallimard, Folio SF, roman (États-Unis), transgenre, 433 pages, avril 2009, 8,10€

La vie de Buster Casey, alias Rant, ange ou démon de l’humanité (au choix) au destin étonnant dans une société futuriste qui a des odeurs de pires cauchemars de l’Amérique d’aujourd’hui.

Tout écrire, tout dire, des visions les plus réalistes au plus grand n’importe quoi, dans un style éclaté qui ferait passer les chantres du « nouveau roman » pour des écrivains de collection jeunesse, est une aventure littéraire qui a ses adeptes.

La question fondamentale étant de savoir si en plus d’acheter ce type de romans, les amateurs avoués les lisent vraiment !



Essayons de faire compliqué (histoire de nous simplifier la vie !).

José, commercial à Orange
C’est simple, dans la vie tu peux vendre n’importe quoi à n’importe qui. Regarde le dernier mobile branché dont tu n’as absolument pas besoin.
Deux articles dans tes mags favoris, un clip avec une musique cool à la TV et sur le Net, trois people qui montrent ostensiblement qu’ils s’en servent (normal, on leur a offert avec le pass “je téléphone à mes potes gratos durant un an”), une vendeuse sympa et plutôt séduisante du bonnet frontal (95C minimum) près de chez toi et tu craques illico.
Crois-moi, mon gars, t’en as pas besoin, mais tu feras la queue avec deux cents inconnus pour le mettre dans ta poche !
Le sourire orgasmique du naze qui vient de gagner la bataille d’une vie est aussi à toi (cadeau Bonux) pour les trente minutes qui précèdent le moment où tu vas comprendre qu’avec tes indemnes du Pôle Emploi (le truc des lourds qu’on pas de boulot), t’aurais dû t’abstenir.
Morale : c’est pas une question de savoir-faire mais de moyens, de fric, d’oseille, de biftons à dépenser pour que t’y crois. La came, on te la refilera comme on veut, quand on veut et tu viendras même la réclamer en rampant...

Extrait des carnets de Karl Litoutcekipas
Les adeptes d’une littérature forcément moderne et contemporaine m’ont très souvent conseillé les bouquins de Chuck Palahniuk, écrivain qui tape très fort sur les dérives prévisibles de la société américaine.
Son sadisme intellectuel, séduisant, illuminé d’images subliminales TV Trash et Sex Hardcore (with les grandes lettres), en font le Messie des intellos que je rencontre dans mes sorties nocturnes.
Ok, ils boivent du vin français et moi je fais semblant d’aimer ça, alors que... une bonne bière, je ne dis pas non.

Commissaire Luc Delorme
Lorsque je suis tombé sur « Peste » et que j’ai compris que mon fils lisait ces saloperies démoniaques, mon sang n’a fait qu’un tour ! Je n’ai jamais frappé personne, même pas le pédophile le plus repoussant que j’ai eu à interroger, mais là, le fiston il s’en est pris une dont il se souviendra !

Radio Books’n Roll - Émission du matin
Les fans de Chuck Palahniuk sont priés de se pointer avec leur tenue de combattant du futur, distribution de diverses substances plus ou moins autorisées à prévoir. Et le tout gratuit ! Possibilité de lapidation d’un prof de collège enlevé spécialement pour l’occasion. Prendre ses petites pierres (calcaire, granit, etc) et let’s rock !

Alain Lemarchand, Commission H1N1, 2009, avant la grande pandémie
En tenant compte du facteur de propagation du virus, de sa nocivité relative, de son origine géographique, de ses différents vecteurs de transmission, il est fort probable que sa potentialité létale soit à évaluer d’une manière plus fine. En résumé, scientifiquement, on n’en sait pas encore assez pour en tirer des conclusions définitives, mais le gouvernement saura prendre les décisions qui s’imposent pour le plus grand bien de la population.

Stéphane Pons, critique amateur - site Yozone
J’avoue que ma rencontre avec le « Peste » de Chuck Palahniuk restera un grand moment de ma vie de lecteur. Soit, je ne l’ai pas acheté, mais in fine, restera toujours l’impression de m’être fait joyeusement arnaquer quelques nombreuses heures de lecture. Pas que l’écrivain ne sache pas écrire, y’a même des passages plutôt cool et bien torchés, mais dans le fond, on touche quand même le summum du grand n’importe quoi. Et ce ne sont pas les quelques arguments SF disposés au petit bonheur la chance qui nous feront dire que le voyage vaut le prix du billet.

Echo Lawrence (© Chuck Palahniuk)
Si jamais Chuck revient dans le passé et parvient à convaincre sa mère de s’abstenir de croiser la semence de son père au moment critique où tous les futurs s’ouvrent devant une possibilité de création, nous lirons sans doute d’autres romans nettement moins intelligents avec un début et une fin compréhensibles.

Stéphane Pons, critique amateur - site Yozone
“Le ciel au-dessus du port était couleur télé calée sur un émetteur hors service.” Merde, j’ai piqué ça à William Gibson !

Un voyageur temporel
Je ne sais pas si la “télé réalité” passionnait vraiment l’humanité au XXIe siècle, mais il est certain que le grand cataclysme a donné une chance supplémentaire aux hommes d’accomplir enfin le bond intellectuel dont ils avaient besoin. La grande panne des années 2025 à 2050 affectant tous les systèmes de diffusion d’images de l’époque n’était-elle pas -finalement- le plus grand miracle de tous les temps ?

Témoignage anonyme
J’ai « Peste » entre les mains (Folio SF n°342) et je ne sais pas quoi en faire ? Dans le fond, Chuck Palahniuk est un mec drôlement fortiche. Un gars malin comme je les adore. Est-il vraiment l’infâme escroc dont les médias font leurs grandes lignes d’infos ? Je ne sais pas. Après tout, il n’est pas le premier écrivain à faire crier au génie la meute des intellos qui n’ont rien compris à un bouquin, tout en fourguant le pavé à la tonne au vulgus pecus.
Le réseau crie au voleur sur toutes les bandes passantes disponibles, mais personne n’avait le fusil du dealer de mots dans le dos au moment de passer à la caisse, quand même !

Joe, le testeur de substances de Pablo Escobar
Zones de turbulences où Miss Vénézuela remonte ses bas résille. Horizons géométriques quadrillés par les fantasmes de mon boss. Un enfant cherche son père dans la foule qui l’ignore. Mots posés là, explosions non programmés des neurones trademarkés.
J’ai vu des soleils lointains s’éteindre et j’ai surfé sur les ondes courtes de pulsars fantomatiques.
- Waouh ! C’est d’la bonne !

En guise de conclusion, « Peste », c’est un truc pas commun, mais de là à dire que c’est autre chose que la flavour of the day ou qu’un bouquin qui dégaze ses humeurs vitriolisées dans la couche d’ozone, faudrait que je sois payé en tickets gagnants du Millionnaire !

Mineur, très mineur, l’écrivain à la mode... qui se démode déjà avant la fin de son bouquin prétentieux et vain. Désolé, mais clairement pas ma tasse de café...


Titre : Peste (Rant, An Oral Biography of Buster Casey, 2007)
Auteur : Chuck Palahniuk
Traduction : Alain Defossé
Couverture : Bastien L.
Première édition (France) : Denoël, collection Denoël & d’ailleurs, 2008 (22€)
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Numéro : 342
Directeur de collection : Pascal Godbillon
Site Internet : fiche roman (site éditeur)
Pages : 433
Format (en cm) : 11 x 2,5 x 18 (poche)
Dépôt légal : avril 2009
EAN : 9782070389742
ISBN : 978-2-07-038974-2
Prix : 8,10€



Stéphane Pons
14 septembre 2009


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L’édition en version poche de la collection Folio SF (2009).



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La première édition en moyen format Denoël (janvier 2008).



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