Genre : Drame
Durée : 2h05
Avec Imelda Staunton (Vera Drake), Richard Graham (George), Eddie Marsan (Reg), Anna Keaveney (Nellie), Alex Kelly (Ethel Drake), Daniel Mays (Sid Drake), Phil Davis (Stan Drake), Lesley Manville (Mrs Wells), Sally Hawkins (Susan), Simon Chandler (Mr Wells), Sam Troughton (David), Marion Bailey (Mrs Fowler), etc,.
Londres, 1950. Le petit peuple du Londres prolétarien ne vit pas encore dans l’opulence et le bonheur matériel mais chacun à un travail. Vera, la mère, fait des ménages, son mari Stan est mécanicien dans le garage de son frère, Sid, le fils apprend son métier de tailleur, Ethel, la fille, fabrique des ampoules dans une usine. Bref, on se serre un peu dans l’appartement familial mais on ne meurt pas de faim ou de désespoir. Ce que personne ne sait par contre, c’est que Vera aide clandestinement des jeunes femmes en difficulté à avorter. Oh, il ne s’agit de faire fortune puisqu’elle ne se fait pas payer mais tout simplement et sincèrement d’aider des « sœurs humaines » à passer cet obstacle. Tout irait pour le mieux si un jour, en plein repas de fiançaille, la Police ne faisait irruption dans l’appartement des Drake...
Il ne faudra pas chercher dans « Vera Drake » un film combattant ou militant. Même s’il ne cache rien des réalistés sociales et culturelles de l’époque, nulle position politique ne meut le personnage principal. Si Vera pratique des avortements clandestins, il s’agit simplement, comme elle l’avouera plus tard à la justice, du besoin sincère de soulager la souffrance physique et morale « des jeunes filles qui ont besoin d’aide et que l’on ne peut pas laisser comme ça ! ». Et l’art de Mike Leigh est aussi dans cette simplicité narrative. Sincère, touchant, émouvant, le destin de Vera Drake vous marquera profondément. En s’attachant tout d’abord à raconter simplement les faits, à relater une tranche de vie, la réalisation nous fait partager ce moment d’humanité et d’intimité mieux que mille discours enflammés.
Les acteurs sont tous bons et justes, la photo ne cache pas la pauvreté et la dureté de l’époque mais ne la « misérabilise » pas non plus. La réalisation de Mike Leigh est donc chirurgicale. Elle s’attarde sur des regards, sur des non-dits et filme au plus près l’enchaînement des événements. Il y a dans cet art d’observer le petit peuple sans le rabaisser un humanisme respectable qui transcende l’aspect dramatique du thème abordé. « Vera Drake » est ainsi un film dur mais résolument optimiste. Une œuvre à la gloire des obscurs, des sans grades qui agissent plus qu’ils ne théorisent. Et par-dessus tout, une œuvre profondément respectueuse du malheur des uns qui n’investit pas dans un pathos cinématographique malsain et facile.
Déjà réalisateur de « Secrets et Mensonges » (Palme d’Or au Festival de Cannes en 1996) et de « Naked » (Prix de la Mise en scène à Cannes en 1993), films éminents respectables et recommandables, Mike Leigh nous livre aujourd’hui, ce qui est à ce jour son film le plus abouti.
Que le sujet vous intéresse ou pas, il s’agit d’un grand et beau film à voir séance tenante.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Vera Drake
Réalisation et scénario : Mike Leigh
Producteurs : Simon Channing Williams, Alain Sarde
Co-producteur : Georgina Lowe
Producteurs délégués : Gail Egan, Robert Jones, Duncan Reid
Photographie : Dick Pope B.S.C.
Musique : Andrew Dickson
Costumes : Jacqueline Durran
Maquillage et coiffure : Christine Blundell
Son : Tim Fraser
Montage : Jim Clark
Production : Thin Man Films (UK), Les films Alain Sarde (France)
Distribution : Mars Distribution (Issy-Les-Moulineaux)
Presse : Jérome Journeaux, Isabelle Duvoisin, Matthieu Rey (Paris)