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Monde Inverti (Le)
Christopher Priest
Folio SF, roman traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), science-fiction, 400 pages, avril 2006, 8,10 €

Ce roman, le premier publié de Christopher Priest s’ouvre sur la phrase célèbre : « J’avais atteint l’âge de mille kilomètres ». Sorti en 1974, encensé par la critique, surtout en France d’ailleurs où il est traduit l’année suivante dans la défunte collection Dimensions, ce texte de pure science-fiction a beaucoup marqué les lecteurs du genre.



Dans cette ville appelée Terre, les années se comptent en kilomètres, ceux parcourus par la cité qui se déplace en permanence sur des rails qu’on construit devant avec ceux qu’on a démonté derrière. Car la ville doit bouger sans cesse pour ne pas s’éloigner de l’optimum. Les guildes, qui détiennent le pouvoir, s’y emploient : les Voies pour le chemin de fer, les Tractions pour le mouvement, les Ponts parce qu’il faut traverser des rivières, les Milices pour la police, les Échanges pour négocier avec les indigènes des pays traversés, les Futurs qui topographient le terrain devant la cité et enfin les Navigateurs qui décident de l’ensemble.

Helward Mann vient d’atteindre sa majorité et devient apprenti. Il a choisi d’être Futur mais il va d’abord faire des stages dans les autres guildes. Progressivement il comprend la raison de ce système particulièrement rigide. Parce que leur colonie-ville se trouve dans un monde étrange et que, s’ils s’éloignent de ce fameux optimum, ils vont disparaître dans l’infini du Sud, où le temps s’écoule de plus en plus vite. Quand il topographie le Nord, l’avenir, le temps s’écoule de plus en plus lentement.

Outre l’exploration de cette planète atypique, Helward vit des aventures personnelles : il se marie, connaît d’autres femmes, se fait des amis avec qui discuter de ce drôle de monde. À la fin il rencontrera Elizabeth qui lui expliquera les choses.

L’intérêt du livre est bien sûr dans la découverte progressive de cette autre réalité et de sa relation avec la nôtre, la perception du réel étant un des thèmes préférés de Priest.
Au-delà il y a aussi une dénonciation du colonialisme exploitant les peuplades primitives et la critique d’un système opaque où seuls ceux qui savent détiennent le pouvoir… et suscitent la révolte.

L’explication finale a déjà fait couler beaucoup d’encre critique dans un sens ou dans l’autre. On peut ne pas la trouver limpide ni convaincante, car elle ne prend pas en compte beaucoup d’incohérences du récit ou de bizarreries comme le sex-ratio dévié vers les mâles (d’où la nécessité d’emprunter des femmes aux indigènes) ou encore les âges relatifs des habitants.

Il faut quand même lire ce livre, fondateur d’une certaine science-fiction loin des extra-terrestres et du space-opera.


Titre : Le monde inverti (The Inverted World, 1974)
Éditions précédentes : Dimensions, Calman-Lévy, 1975 ; J’ai Lu 1976 ; Pocket 1988 ; Gallimard, Folio SF 2002)
Auteur : Christopher Priest
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Bruno Martin
Couverture : Manchu
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Directeur de collection : Pascal Godbillon
Pages : 400
Format (en cm) : 18 x 10,8
Dépôt légal : avril 2006
ISBN : 978-2-07-042149-X
Prix : 8,10 €



Hervé Thiellement
30 août 2009


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