Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Jour d’après (Le)
Film américain de Roland Emmerich (2004)
Sortie nationale le 26 mai 2004

***



Genre : anticipation, film catastrophe
Durée : 2h

Avec Dennis Quaid (Professeur Jack Hall, le père), Jake Gyllenhall (Sam Hall, le fils), Ian Holm (Terry Rapson), Emmy Rossum (Laura Chapman), Sela Ward (Dr Lucy Hall, la mère), Dash Mihok (Jason Evans), Jay O. Sanders (Franck Harris), etc

Depuis le temps qu’on vous le disait, il fallait bien que cela arrive un jour ! Consommez au-delà de vos besoins, polluez votre planète sans aucun discernement et la catastrophe annoncée finira bien par vous tomber sur le dos. Tel est le credo de la dernière méga production de Roland «  Universal Soldier, Stargate, Independance Day, Godzilla » Emmerich. En effet, malgré les nombreux discours préventifs d’une partie de la communauté scientifique, notre gabegie polluante, les décisions non respectées et les protocoles internationaux inappliqués vont finir par révolutionner le climat terrestre et déclencher une nouvelle ère glaciaire express. Mieux qu’un congélateur dernière génération, en deux petites semaines, la plus grande partie de la planète va se retrouver les pieds dans la glace par -40° au soleil !

Le Professeur Jack Hall (Dennis Quaid - Great balls of fire, Enemy Mine, Cœur de Dragon, Fréquence Interdite ) a beau aligner les explorations polaires tumultueuses et les statistiques convaincantes, son collègue écossais, Terry Rapson, joué par le toujours excellent Ian Holm, confirmer ses hypothèses grâce à ses mesures de températures océaniques, tout le monde s’en balance cordialement... Collègues scientifiques et politiciens américains au pouvoir ne semblent avoir qu’un seul souci : que la machine économique US ne s’effondre pas. Le Titanic peut couler mais hors de question de tirer le signal d’alarme et de prévenir les passagers. Et pourtant, mère nature a déjà débuté le grand chambardement. Le courant marin du Gulf Stream est en train de s’effondrer sous les coups de boutoirs portés par l’eau froide et pure issue de la fonte accélérée des grands glaciers. Et comme il est le principal responsable du climat tempéré de l’hémisphère Nord et de la stabilité météorologique mondiale... ça va cailler sévère à très brève échéance !

Ce bref postulat qui servira de base scientifique et thématique au film d’Emmerich ayant le mérite d’être valable sur le fond -sur la forme tout cela ne peut arriver dans les quelques jours décrits mais sur une plus longue période- l’action peut débuter sous plusieurs angles. S’il y a unité de temps dans le traitement de cette histoire, il n’y aura pas d’unité de lieu et d’espace. De la même manière, le Professeur Jack Hall, personnage central et prophétique du début du film cédera partiellement sa place à Sam Hall, son fils, bloqué à New-York. Celui-ci, au cœur de l’action, va tenter de survivre à l’effondrement de la société américaine en compagnie de quelques amis. Mixant habilement les sentiments conflictuels entre le père et le fils, Emmerich va baser son récit sur une double intrigue courante dans ce type de film. La description globale par le détail des catastrophes climatiques et la recherche plus personnelle et humaine du fils par un père prenant enfin conscience de son rôle et de ses devoirs humains. Ses différentes quêtes accomplies, le père pourra retrouver son statut messianique en rassemblant les brebis survivantes. Quant au personnage du fils qui bénéficie de l’interprétation de Jake Gyllenhall (rôle principal dans l’intrigant et passionnant Donnie Darko), il devra gérer ce statut de fils en détresse en attente du père et son accession au rang d’adulte en devenant lui aussi le guide et le mentor de sa petite communauté. Il y aura donc plusieurs histoires dans l’histoire et ces mises en abîmes successives permettront à chaque spectateur de se focaliser habilement sur ce qui l’intéressera le plus.

Au niveau de la réalisation, les descriptions et démonstrations des effets cataclysmiques du changement climatique à grands renforts d’effets spéciaux (ouragans géants, tornades sur Los Angeles, inondation et raz-de-marée monumental sur New-York, etc,.) sont parfaitement amenés et maîtrisés. Le tout est assez bluffant et même souvent esthétiquement superbe.

On pourra regretter que le road movie glacé du père, parti à travers les Etats-Unis transformés en zone polaire, soit franchement sous exploité et juste le prétexte à une ou deux scènes d’actions. L’attention sera plutôt centrée sur la survie du fils et de ses amis (échapper au raz-de-marée, résister au froid, trouver des vivres, des médicaments, survivre à une attaque de loups, etc,.). Autre curiosité parfois un peu gênante du « Jour d’après », la sous-exposition de tous les rôles féminins. Nous ne voyons que de bonnes petites femmes (mères, amantes, assistantes, etc,.) dans un monde très « tostéroné » où le mâle reprend tous les leviers de commande. Petits plaisirs anti-américains assez primaires, quelques scènes d’évacuations et d’immigrations clandestines vers le Mexique ponctuent ces deux heures de spectacle populaire comme si Emmerich voulait se racheter régulièrement une conduite après ses odes à l’Amérique, type Independance Day et Patriot , dont il fut le géniteur. On retrouve donc ici une vision peut-être plus politique et personnelle, un peu comme dans Godzilla où seul un petit scientifique expert des vers mutants -même pas un Prix Nobel !-, une journaliste stagiaire -pas encore pourrie par le système ?- et un espion français -c’est dire !-, sont capables d’enrayer le fléau après les échecs des officiels et militaires du cru.

En renouant ainsi avec quelques films catastrophes archétypaux de cette démarche ( Le Syndrome chinois , par exemple), Emmerich s’inscrit aussi dans un certain classicisme et s’oppose aux lourdeurs du genre de ces dernières années ( Fusion : The core en étant le nanard ultime) juste prétexte au grand déballage d’effets spéciaux.

Une fois de plus, on se demandera cependant si les studios américains, à travers leur passion exacerbée des films détruisant allègrement une civilisation dominante, avouent un penchant inconscient et obscur pour la désintégration de leur société, produisent des produits catharsis à large rayon d’action ou font œuvre de créations finalement morales à des fins éducatives et surtout lucratives ? Ok, sans doute un peu de tout cela, mon Capitaine !

A l’écoute des dernières déclarations du cinéaste qui souhaite pousser les gens à s’équiper de panneaux solaires, à creuser des puits récupérateurs d’eau, bref, à ne plus suivre le modèle américain de surconsommation globale les yeux bien fermés, on peut aussi penser que le principal pari du film ne sera pas seulement de viser un succès commercial mondial mérité mais de changer radicalement les mentalités d’une bonne partie de la planète. Bon, évidemment, cela risque d’être plus compliqué que de cartonner au box office mais on ne va pas cracher dans la soupe pour autant.

Ne faisons pas la fine bouche, à voir sans aucune crainte ni a priori négatif. Grand spectacle, bons sentiments et philosophie humaniste au rendez-vous. Tout public et tout plaisir.

FICHE TECHNIQUE

Titre Original : The day after tomorrow

Réalisation : Roland Emmerich

Scénario : Roland Emmerich, Jeffrey Nachmanoff

Produit par : Mark Gordon, Roland Emmerich
Producteurs exécutifs : Ute Emmerich, Kelly Van Horn, Stephanie Germain
Coproducteur : Thomas M. Hammel
Directeurs de Production : Kelly Van Horn, Thomas M. Hammel

Musique originale : Harald Kloser
Image : Ueli Steiger, ASC
Montage : David Brenner, A.C.E.
Casting : April Webster, CSA
Chef cCostumière : Renée April
Chef décorateur : Barry Chusid

Premier assistant réalisateur : Kim H. Winter
Second assistant réalisateur : David Footman

Superviseur des effets visuels : Karen E. Goulekas

Distribution : UFD
Production : Twentieth Century Fox

Relation presse : Françoise Dessaigne


Stéphane Pons
26 mai 2004



JPEG - 22.1 ko



JPEG - 8.3 ko



JPEG - 11.6 ko



JPEG - 10.2 ko



JPEG - 8.9 ko



JPEG - 7.5 ko



JPEG - 6.9 ko



JPEG - 8.8 ko



JPEG - 11.1 ko



Chargement...
WebAnalytics