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Lignée (La)
Guillermo Del Toro et Chuck Hogan
Presses de la Cité, roman traduit de l’anglais (États-Unis), fantastique horrifique, 447 pages, septembre 2009, 21,50€

Le Maître, un des 7 grands anciens de la race des vampires, a atterri à New York, invité à traverser l’océan par un milliardaire qui rêve d’immortalité. L’avion qui le transporte, avec son cercueil de 2,50m de long rempli de la terre de ses ancêtres, s’est arrêté en bout de piste. L’électricité est coupée (?) et tous les passagers et l’équipage sont morts, apparemment, mais en fait ils sont infectés.



Guillermo Del Toro, réalisateur reconnu de films fantastiques à succès (« Hellboy », « Le Labyrinthe de Pan ») se lance dans la littérature. Pour écrire ce qui s’annonce comme un best-seller mondial à parution quasi simultanée dans plusieurs pays, il s’est associé avec un auteur de thrillers à succès, Chuck Hogan.

Tout est effectivement réuni pour que ce premier tome d’une trilogie soit une réussite commerciale.

Le sujet choisi, une histoire de vampires, est parfaitement en phase avec la vogue actuelle pour les suceurs de sang. Après la revisitation du mythe par Anne Rice et la série télé « Buffy contre les vampires », on assiste maintenant à l’énorme succès des livres de Stephenie Meyer (« Twilight ») et de toute cette génération d’auteures qui participent à ce que Bragelonne et Milady qualifient de Bit-Lit. Sans oublier, dans un genre plus adulte, la série « True Blood » inspirée des romans de Charlaine Harris.

Chuck Hogan semble posséder toutes les techniques du professionnel pour attraper le lecteur dans ses filets. Entre autres, on y parle beaucoup du « Ground Zero » du World Trade Center et des camps d’extermination nazis, histoire de relativiser (ou d’associer) l’horreur vampirique et celle des hommes.

Le héros principal, Ephraïm Goodweather, un médecin alcoolique repenti qui se transforme sans gros problème moral en exterminateur coupeur de têtes, est séparé de sa femme Kelly (qui vit avec un abruti, forcément) et se bat pour garder ses rares week-ends de libre avec Zack, son fils chéri de 11 ans, surdoué et amateur de base-ball. L’autre héros est un vieux Juif au nom arménien, Abraham Setrakian qui, lui, sait tout des vampires qu’il poursuit et combat depuis sa jeunesse dans le camp de Treblinka. Octogénaire avec des mains très abîmées et un cœur malade, il terrasse les vampires surpuissants avec sa canne-épée en argent et ses armes spéciales. Il y a aussi Nora, l’assistante et maîtresse du médecin, sans grande personnalité.

Le roman est découpé en chapitres courts qui portent en titres (énormes et disproportionnés) l’endroit où se déroule la scène, un peu comme un découpage de film, avec plusieurs histoires parallèles, des personnages qui apparaissent pour ne jamais réapparaître et d’autres qui prennent de l’importance comme Vassili le chasseur de rats ou Gus le voyou chicano.

Le début est particulièrement long et “technique” avec une foule de détails sur le fonctionnement d’une tour de contrôle et les différentes pièces et appareillages des avions. Il y a d’autres longueurs comme par exemple Setrakian qui mange sa soupe pendant deux pages ou la très longue description et explication didactique d’une éclipse totale de soleil.

Ce roman est un thriller avec beaucoup d’action et un grand nombre de scènes d’horreur bien gore comme c’est le goût du public : un homme récemment infecté/transformé vide de leur sang ses deux saint-bernards adorés, une fillette s’en prend à son père, beaucoup de têtes sont coupées, etc.

Les vampires de Del Toro et Hogan ressemblent plus au classique Dracula qu’à ses plus récents avatars sexy d’aujourd’hui. Ils sont laids et méchants. Leur image se brouille dans les miroirs en argent et ils craignent la lumière du soleil. Par contre, crucifix et eau bénite n’ont aucun effet. Transformés par un virus véhiculé par des vers blancs, tout leur métabolisme est modifié en quelques heures et il leur pousse dans la gorge un dard ou aiguillon qu’ils projettent à plus d’un mètre directement dans la carotide ou la jugulaire de leur proie. Les canines ont été remplacées par quelque chose qui fait penser au symbiote des Go’auld de « Stargate ». Du coup ils ne peuvent plus articuler. Ils finissent tous par devenir des émanations du Maître qui, lui, est un puissant télépathe qui parle dans les esprits. Après 447 pages on ne sait toujours rien de cet être multi-centenaire, sauf qu’il discute avec Sertakian de Dieu et de qui est le plus méchant, le vampire ou le nazi.

La seule originalité de ce roman, outre son pré-formatage pour une adaptation cinématographique ou télévisuelle, et les détails nouveaux (ou presque) sur la transmission du vampirisme et l’aiguillon, est ce mystère qui entoure la personnalité du Maître. Puisque c’est un être intelligent, quelles sont ses motivations ? Que fera-t-il pour survivre une fois éliminée l’humanité ? Comment va-t-il affronter ses pairs les 3 grands anciens qui survivent en Amérique et qui ont décidé de le combattre ?

La suite et peut-être des réponses dans le prochain épisode.



Titre : La Lignée (The Strain, 2009)
Auteurs : Guillermo Del Toro et Chuck Hogan
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Hélène Collon
Couverture : Atelier Didier Thimonier
Éditeur : Presses de la Cité, 12, avenue d’Italie, 75013 Paris
Site officiel : http://www.lalignee.fr/interview.html
Pages : 447
Format (en cm) : 24 x 15 (broché)
Dépôt légal : septembre 2009
ISBN : 978-2-258-08074-4
Prix : 21,50€



Hervé Thiellement
17 juillet 2009


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