La France n’a pas la chance d’avoir ses super héros. Alors que nos voisins outre atlantique possèdent une foule de surhommes, les exemples dans notre beau pays manquent cruellement. Il se pourrait bien que “Les Sentinelles” règle se problème en nous offrant un super héros à la hauteur de nos espérances et lié à notre culture. Ici, on est loin du manichéisme de Superman ou Spiderman. Gabriel Féraud doute de sa légitimité, de son rôle, de ses valeurs et on aime cela.
Il faut dire que la période est particulièrement bien choisie. Le fait de prendre une époque assez méconnue comme la Première Guerre Mondiale et d’y inclure une part de science-fiction donne une ambiance exceptionnelle à l’ouvrage. Il faut dire que l’on est beaucoup plus familier avec les évènements de la seconde. Le récit s’insère très bien dans les méandres de l’Histoire et conserve un côté plausible qui donne du crédit à Gabriel Féraud.
L’héroïsme est travaillé en profondeur et intelligemment utilisé. En effet, dans “Les sentinelles”, les soldats de fer ne sont pas immortels. Si les simples balles ne peuvent entamer leurs armures, un tir de mortier ou de gros calibre peut régler leur compte. De plus, le scénariste ne met pas en avant un homme seul capable d’affronter une armée et de la défaire. Si taillefer est effectivement un super-soldat, il est confronté à des situations où la force seule ne peut pas l’aider. Et c’est des horreurs de la guerre et de ses sacrifices que naît le vrai héroïsme.
Graphiquement, l’ouvrage est extrêmement beau et soigné. Le trait de l’argentin Enrique Breccia convient parfaitement au scénario de Xavier Dorison et l’ambiance qui se dégage de chacune des planches nous happe dans le récit. Les personnages sont très expressifs et sont facilement identifiables. Les couleurs et les jeux de lumières renforcent l’ambiance déjà très présente.
Petit aparté également sur les couvertures des tomes un et deux qui reflètent admirablement ce qu’on trouve à l’intérieur. Sur le premier tome, un soldat de fer sur fond gris brandit le drapeau français, c’est le temps de l’espoir. Sur celle du second tome, le même soldat porte un compagnon mort sur un fond rouge sang, c’est le temps de la dure réalité de la guerre.
Au final, “Les sentinelles” est une série porteuse de nombreux espoirs dont les deux premiers chapitres nous ont pleinement convaincus. Nous avons apprécié le soin apporté par Delcourt à la réalisation des ouvrages ainsi que le souci du détail, tant graphique qu’Historique, des auteurs. Cerise sur le gâteau, la première édition dispose d’un faux journal d’époque mentionnant les sentinelles ainsi qu’un entretien avec Xavier Dorison.
À lire absolument.
Les sentinelles Chapitre premier et Chapitre second
Scénario : Xavier Dorison
Dessin : Enrique Breccia
Editeur : Editions Delcourt
Parution : 20 mai 2009
Pagination : 72 pages
Prix : 14,95 €
ISBN tome 1 : 978-2-7560-1880-5
ISBN tome 2 : 978-2-7560-1881-2
© Editions Delcourt - Tous droits réservés