Alger, 1954, Paul arrive dans cette ville pour prendre un poste d’instituteur. A cette époque, l’Algérie est encore une région française mais déjà, des volontés d’indépendance pointent chez les algériens. De son passé de militaire parmi les forces françaises ayant rejoint les alliés pendant la Seconde Guerre Mondiale, Paul retrouve aussi bien ses anciens camarades de la métropole actuellement en poste dans les troupes basées à Alger que son ancien ami Amine qui lui est originaire d’Algérie. Très vite, Paul va se retrouver mêler aux évènements qui amèneront à l’indépendance.
Si son ami Amine tente de ne pas trop se mêler de politique, ce n’est pas le cas de ses enfants, que ce soit ses fils ou sa fille, Asia. La beauté de la jeune femme ne laisse pas Paul insensible, mais en se rapprochant d’elle, il va découvrir le racisme plus que latent de ses amis militaires. S’il refuse quelque peu de voir ce qui se déroule dans le pays, l’arrestation d’Asia l’oblige à ouvrir les yeux sur les exactions menées par l’armée française : tortures, viols, gégène... Tous les moyens sont bons pour lutter contre ceux qui sont considérés comme des terroristes par les autorités et comme des sauveurs par le peuple algérien.
Après la Shoah dans “L’Envolée Sauvage”, la collaboration dans “L’Enfant Maudit”, Laurent Galandon s’attaque à un nouveau pan de notre histoire de l’après-guerre : la guerre d’Algérie. Sujet toujours épineux et sensible. Mais nous savons que Galandon n’a pas peur de prendre à bras le corps les sujets difficiles. Mais contrairement à un album comme “L’Enfant Maudit”, “Tahya El-Djazaïr” commence sur un rythme beaucoup plus lent. Galandon prend plus de temps pour poser ses personnages et leurs histoires. Il nous montre le contexte algérien de l’époque avec beaucoup de détails mais aussi cette part obscure de l’armée française, ces actes inacceptables qui tachent encore l’image de la France.
Si notre mea culpa a eu du mal à venir, “Tahya El-Djazaïr” montre que les auteurs n’ont plus de tabous pour parler de la guerre d’Algérie. Mais si la richesse historique est évidente, nous restons sur notre fin sur l’histoire de Paul et d’Asia. Le message de tolérance est fort et très important, mais on espère que Laurent Galandon nous réserve quelques surprises dans le second et dernier tome de cette série au-delà ce cette histoire d’amour.
Au niveau graphisme, le style de A. Dan est réaliste, assez dépouillé mais peut-être un peu trop marqué pur franco-belge à mon gout mais celà ne retire rien à son talent pour décrire l’essentiel dans chacune de ses cases. La colorisation vient d’ailleurs parfaitement soutenir le trait au crayon donnant un ensemble de grande qualité.
“Tahya El-Djazaïr” nous laisse une impression en demi-teinte, mais nous pouvons faire confiance à Laurent Galandon pour ne pas nous laisser sur cette impression.
Tahya El-Djazaïr (T1) Du Sang sur les Mains
Scénario : Laurent Galandon
Dessin : A. Dan
Couleur : Albertine Ralenti
Éditeur : Grand Angle
Dépôt légal : 3 juin 2009
Format : 235x310 mm
Pagination : 48 pages couleurs
Prix public : 12,90 €
Numéro ISBN : 2-35078-668-1
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