La thématique de l’apparition d’une violence extrême dans notre monde sans véritable raison apparente est propice à bien des réflexions sur notre société. Stephen King l’avait abordé dans « Cellulaire » avec une certaine lourdeur. M.Night Shyamalan s’attaquait à l’aspect revanche de la nature sur l’homme dans son « Phénomènes ». David Moody a choisi la violence gratuite.
En fait, pas tant que ça, puisque les gens se mettent à attaquer d’autres personnes uniquement pour se défendre. Ils ont senti chez les autres une agressivité latente qu’ils doivent immédiatement stopper avant d’en être les victimes. C’est tuer ou être tué. Mais la contagion est rapide, inexplicable. On nomme même les coupables les Enragés.
Mais pourquoi certains sont-ils touchés ? Qu’est-ce qui détermine cette violence impitoyable ne se dirigeant que vers les autres, les normaux ? Car oui, les Enragés ne s’entretuent pas. Le monde se partage en deux castes. Les Enragés et ceux qui restent. Et l’avenir appartiendra aux plus forts. Car il n’y a aucun dialogue possible. La fin n’arrivera qu’à l’extinction d’une des deux races. Darwin, quand tu nous tiens...
David Moody nous lance donc dans un schéma assez fou qui ne laisse pas beaucoup de place à l’espoir. Évidemment, le gouvernement, ou qui que ce soit d’autre d’ailleurs, est incapable d’enrayer le chaos rampant. Le monde futur n’a pas de solution autre que l’extermination d’une moitié de sa population.
L’homme est un loup pour l’homme, David Moody nous le balance en pleine figure au fil des pages. Au début, dans la vie de tous les jours, où Danny, le héros, doit gérer son existence merdique, au boulot avec sa supérieure hiérarchique harceleuse ou chez lui dans une cellule familiale bancale. Puis il ouvre enfin les yeux sur ce qui se déroule autour de lui. On est d’ailleurs étonné qu’il ne s’en aperçoive pas plus tôt. Et finalement on s’interroge sur soi. Voit-on vraiment ce qui se passe autour de nous ? L’échelle du monde est si vaste que la violence ambiante, et permanente pour certains, ne nous touche finalement pas dans notre nid douillet. Jusqu’à ce que ça nous arrive. Et c’est le destin de Danny McCoyne. Sous une forme assez surprenante, même si les amateurs du genre auront deviné l’astuce un peu plus tôt dans le livre.
Alors notre monde est violent et l’avenir n’est pas rose. Des solutions ? Des propositions ? Que nenni ! La sentence est tombée sur le dos des hommes, à eux de se dépatouiller, quel que soit leur camp.
David Moody a commis un livre coup de poing (sous une couverture hideuse) qui tient aux tripes tout au long de son déroulement mais qui laisse une certaine amertume au final, avec une ouverture un peu trop large, qu’on pourrait classer de facile. Mais il ne faudrait pas que les Enragés se sentent agressés surtout…
À signaler que Guillermo Del Toro (« Hellboy », « Le Labyrinthe de Pan ») et Mark Johnson (« Les Chroniques de Narnia ») ont acquis les droits cinématographiques de la bête.
Titre : Rage
Auteur : David Moody
Traducteur (de l’anglais) : Sébastien Baert
Couverture : Rob Scott (photo)
Éditeur : Bragelonne
Collection : Milady
Pages : 350
Dépôt légal : mai 2009
Format : 11 x 18 cm
ISBN : 978-2811201333
Prix : 7€