Le principal défaut de ce grand roman, à la présentation somptueuse, n’est pas du fait de l’auteur, mais plutôt et justement dans sa présentation : la quatrième de couverture tend à faire passer l’ensemble pour un polar historique dans la lignée d’Ellis Peter, qualifiant le personnage d’Alcuin d’York de « Sherlock Holmes en robe de bure ». Or il n’en est rien : si le personnage historique d’Alcuin effectue bien quelques déductions, elles ne sont qu’accessoires dans ce qui se présente avant tout comme un grand roman d’aventure historique.
Et la profession de foi exposée par l’auteur dans sa postface n’est pas qu’une parole en l’air : difficile de s’ennuyer dans ce roman à l’intrigue bien menée où les rebondissements se multiplient et où le rythme rapide renvoie aux calendes grecques les ouvrages lourdingues et poussiéreux confondant roman et document, où on ne peut ouvrir une armoire sans avoir trois pages sur la fabrication de ladite armoire à l’époque choisie. Qui plus est, l’humour n’est pas oublié à travers quelques piques bien senties.
Antonio Garrido rend parfaitement l’importance essentielle de l’objet livre bien avant Gutenberg, où les moines copistes étaient détenteurs de toute la connaissance de l’époque, et donne cette sensation toujours agréable de terminer sa lecture moins bête qu’on ne l’a commencée.
Par contre, au fil de cette intrigue pour le moins mouvementée, l’auteur retombe dans certains travers du genre : les personnages manquent un peu de profondeur (y compris un « jeune premier » très cinématographique !), ce qui fait qu’on s’y perd parfois un peu, et après le long prologue, les enjeux sont exposés d’une façon très factuelle qui diminue leur importance, nécessitant une certaine attention du lecteur. Un défaut mineur pour les habitués de ce genre de roman, moins pour les amateurs de polar, fut-il historique.
Reste un premier roman d’une maîtrise étonnante et dans lequel il est difficile de s’ennuyer. Espérons que Antonio Garrido ne mettra pas sept ans à lui donner une suite !
Petit détail croustillant, Antonio Garrido est l’homonyme d’un célèbre acteur et présentateur télévisé en Espagne… mais également du coureur cycliste Juan Antonio Garrido !
Titre : La Scribe (La Scriba, 2007)
Auteur : Antonio Garrido
Traduction de l’espagnol : Maryvonne Ssossé
Couverture : Graphisme Liliane Mangavelle - illustration D.R.
Éditeur : Presses de la Cité
Site internet : une chronique, site éditeur et premier chapitre
Pages : 501
Format (en cm) : 16 x 24
Dépôt légal : février 2009
ISBN : 978-2-258-07815-4
Prix : 21,50€