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Némésis
Shaun Hutson
Bragelonne, Milady, collection Terreur, roman, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), terreur, 380 pages, avril 2009, 7€

Un jour, les vies de Sue et de John Hacket basculent, ils retrouvent leur petite fille de 4 ans, Lisa, et sa baby-sitter sauvagement assassinées. À l’hôpital, Sue veillait son père mourant, alors que John prétextait une réunion de travail pour coucher avec son amante. Quand Sue l’apprend, elle se réfugie chez sa sœur à Hinkston.
Mais un poste d’enseignant à Hinkston est proposé à John, ce qui permet au couple un nouveau départ, même si les choses ont bien changé entre eux.

Toutefois Hinkston n’est de loin pas la tranquille petite ville qu’ils imaginent…



Shaun Hutson est né et vit en Angleterre. Après de nombreux petits boulots, il devient écrivain en 1983. Ce fan d’Iron Maiden a été beaucoup publié dans les années 1980 dans la collection Gore de Fleuve Noir (7 romans). Datant de cette période, « Némésis » aurait également eu sa place dans la collection, ce qui donne d’emblée le ton.

En effet, Shaun Hutson aime choquer, cela semble d’ailleurs être son principal credo. Une scène particulièrement horrible (la mort de la fillette) ne nous est pas dévoilée une seule fois, non, il en remet plusieurs couches. Après les nombreux détails que l’auteur aime à nous rappeler, si l’horreur de la situation nous échappe encore, c’est à n’y rien comprendre !
À ce propos, Shaun Hutson en fait tellement, qu’un cadavre de plus ou de moins ne pèse plus très lourd dans la balance et on en perd vite le décompte. Bref, l’hémoglobine coule régulièrement et, une fois que la coupe est pleine, on n’y fait plus beaucoup attention. On se demande surtout ce que l’auteur va encore nous inventer comme mort violente. La fin du roman perd même de son effet dramatique et prête plus au sourire qu’à l’effroi. La touche de dérision n’était peut-être pas dans les intentions de Shaun Hutson, pourtant, à trop en faire, ça frise parfois le ridicule.

Bien sûr, une fois que l’on commence « Némésis », une certaine perversité nous pousse à tourner les pages. Le sang gicle, les couteaux entaillent ou percent et une scène de cannibalisme relève du clin d’œil à George Romero (“La Nuit des Morts-vivants”…). Âmes sensibles s’abstenir !

Shaun Hutson décrit plutôt qu’il ne suggère, ce qui n’est pas forcément plus efficace pour inspirer la peur. Peu de réflexion au programme, même l’identité réelle du docteur de cette bourgade n’est pas difficile à deviner. L’auteur suit en parallèle deux grandes lignes : les évènements mystérieux dans la petite ville d’Hinkston et les conséquences de la mort de Lisa. Dans le premier cas, il ne dévoile rien du meurtrier au couteau effilé, alors que dans le second, il nous donne d’emblée les noms. Deux traitements différents comme si l’auteur cherchait sa voie.
De surcroît, il ne s’embarrasse pas de plausibilité. Les nombreuses disparitions autour de Hinkston ne semblent pas alerter quiconque, les comportements cruels de certains enfants attendrissent plus les adultes qu’ils ne les alarment… Autant de détails qui étonneront les lecteurs et les désintéresseront du récit.

Au final, « Némésis » peine à convaincre. Les amateurs de Gore apprécieront, les autres ne garderont pas un souvenir impérissable de ce roman et éviteront sûrement à l’avenir Shaun Hutson.
De plus, les fautes sont assez nombreuses, ce qui est à l’image de « Némésis ». Décevant…

François Schnebelen

UNE AUTRE CRITIQUE

Curieux choix, s’il s’agit de faire découvrir Hutson au public français, que ce roman de 1989, époque où, comment dire, l’écriture de Hutson -déjà pas très raffinée- était passablement soluble dans l’alcool… D’où un certain je-m’en-foutisme des intrigues mélangeant des personnages pas toujours utiles et se terminant une fois le nombre de signes requis atteint.

De plus, cette proximité avec le plus récent « Lettres Mortes » (cf. la critique du collègue Hervé Thiellement) ne joue en la faveur ni de l’un, ni de l’autre. On retrouve la même hargne envers des criminels chargés sans trop se soucier de la légalité (Hutson n’a jamais été un grand progressiste…) et la même construction en chapitres courts cachant bien des trous de scénario, plus des flash-back qui, en général, pourraient être supprimés de l’intrigue sans trop de problèmes ; quant aux mobiles des « méchants » de service, ils sont légèrement cousus de fil blanc.
Le thème de l’enfance maléfique se rapproche aussi dangereusement des flash-back de « Lettres Mortes » -ou du plus ancien « Spawn », traduit jadis à la tronçonneuse dans la collection Gore du Fleuve Noir.
Comme toujours, on serait bien en peine de trouver un personnage sympathique dans tous ceux que brasse ce roman, ce qui n’est pas forcément un mal, vu le sort qui leur est généralement réservé…

Malgré tous ses défauts structurels, « Lettres Mortes » était tout de même un cran au-dessus, ne serait-ce que pour son final. Hutson se vante d’être cinéphile : le monstre du « Lettres Mortes » évoquait nettement celui de « Massacre dans le Train Fantôme » de Tobe Hooper -mais ce titre s’apparente plus à la série Z que B.

Une fois encore, pourquoi avoir traduit ce roman très mineur plutôt que de proposer enfin de bonnes traductions de « Spawn » ou « Shadows » ou, dans les plus récents, des titres plus aboutis tels que « Warhol’s Prophecy » ou « Deadheads » ?
Les choix éditoriaux sont parfois impénétrables…

Thomas Bauduret


Titre : Némésis (Nemesis, 1989)
Auteur : Shaun Hutson
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Jacques Guiod
Couverture : Photo © Game Face – Montage d’Anne-Claire Payet
Éditeur : Milady - Bragelonne
Collection : Terreur
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 380
Format (en cm) : 17,8 x 11,1
Dépôt légal : avril 2009
ISBN : 978-2-8112-0109-8
Prix : 7 €


Critiques Yozone : « Lettres Mortes »


Thomas Bauduret
François Schnebelen
19 juin 2009


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