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Alchimiste
Peter James
Bragelonne, L’Ombre, roman, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), thriller fantastique, 672 pages, mai 2009, 25€

Toujours obligés de se battre pour trouver l’argent nécessaire au fonctionnement de leur laboratoire de recherche, Monty Bannerman et son père, Dick, décident d’accepter l’offre de rachat de la Bendix Schere, une des plus grandes sociétés pharmaceutiques de la planète.
Lorsqu’un journaliste vient parler à Monty du cas de sa fille, une ancienne employée du labo Bannerman, qui est morte en mettant au monde un enfant difforme, elle s’intéresse à un des médicaments vedettes de la multinationale : le Maternox, permettant à tant de femmes de devenir enfin mères.
Dans le même temps, un jeune avocat, Conor Molloy, intègre la section des brevets de la Bendix Schere. Des intérêts communs, ainsi qu’une certaine attirance, les rapprochent.

Mais plus leur enquête avance, plus les acteurs impliqués semblent frappés d’un mauvais sort…



Né à Brighton en 1948, Peter James est scénariste, producteur et auteur de thrillers à succès (« Comme une Tombe », « Mort Imminente »), traduit dans 29 langues.

« Alchimiste » s’intéresse de près aux agissements des sociétés pharmaceutiques où la transparence n’est pas d’actualité. Leur philosophie lorgne plutôt du côté des profits et du secret. Les enjeux y sont immenses et la fin de l’exclusivité d’un brevet sonne souvent pour eux comme un couperet qui tombe et ouvre un de leurs médicaments à la concurrence. Tous les moyens sont bons pour le prolonger, car il faut obligatoirement rentabiliser l’investissement de départ et le faire fructifier.
Mais les campagnes d’essais reviennent chères, alors si l’on peut s’affranchir de quelques étapes c’est tout bénéfice. Vous comprendrez alors que l’éthique, la déontologie ne sont pas forcément de mise.

Dans le cadre de la Bendix Schere, c’est le propos que Peter James illustre et pousse à sa limite. La liberté des employés n’existe plus, la paranoïa devient le maître mot. Il faut se méfier de tout, obéir aux innombrables règles édictées par la société (voiture toujours nickel, interdiction de fumer tout court, pas d’alcool 24 heures avant le travail, noter ses supérieurs et collègues…). La sécurité a des yeux partout et les éléments jugés dangereux sont suivis, mis sur écoute. L’intérêt de la Bendix Schere passe avant toute autre considération.

Tout le contraire de Monty Bannerman et surtout de son père, opposé à tout système de brevet, car il estime qu’il ne faut pas mettre de prix sur la vie humaine. Dick Bannerman est obsédé par la génétique dont il est une sommité (Prix Nobel, tout de même !). La multinationale a justement besoin de ce savoir. Les points de vue des deux parties divergent, mais la société lui fournit toutes les ressources pour avancer plus vite et plus loin dans ses recherches.
Le début du livre est assez lent, il met les personnages et l’intrigue en place. On croirait lire un simple thriller, mais des évènements relatés dans le passé (un enfant sans cesse puni par ses parents et qui, pour se dégager de leur emprise, s’intéresse au satanisme) nous font réviser ce point de vue. Régulièrement l’auteur revient sur cet énigmatique personnage aux pouvoirs grandissants. Peter James insère ainsi une touche de fantastique.
Qui est vraiment ce Daniel Judd : l’adepte Theutus, qui ne cesse de s’élever dans l’ordre ? Peter James ne dévoile son identité présente que fort tard dans le roman.
L’auteur entretient aussi un certain suspense sur la personne de Conor Molloy. Une conversation avec sa mère nous apprend dès le début que de la rancœur envers la Bendix l’anime. Mais pourquoi ? Quelques questions traînent ainsi en suspens pour que le lecteur souhaite aller plus loin.

Passée la moitié du roman, les évènements s’accélèrent et poser le livre s’avère difficile, car le mystère entourant le Maternox se lève et les dangers encourus par nos détectives du dimanche augmentent.
Comment Conor et Monty s’en tireront-ils ? La mort les poursuit et la fin est vraiment imprégnée de fantastique.
D’ailleurs il est étonnant de les voir passer assez facilement au travers des mailles du filet. Peut-être la chance des débutants ? Monty Bannerman s’avère d’une naïveté surprenante. « Normal, elle est blonde ! » diront les mauvaises langues.
Peter James sombre parfois un peu dans la facilité et certaines situations feront tiquer, mais reconnaissons qu’il sait y faire et que, malgré l’épaisseur de « Alchimiste » (672 pages !), ça se lit très bien, car c’est passionnant.

Même si c’est romancé (jusqu’à quel point ?), Peter James nous emmène en voyage dans les milieux ultra-secrets de l’industrie pharmaceutique. Quand les actualités nous parleront des profits des grands laboratoires, nous ne pourrons éviter de penser à « Alchimiste » et nous demander : « À quel prix ? »
Nous pousser à la réflexion sur notre présent constitue peut-être le plus grand tour de force de Peter James.


Titre : Alchimiste (Alchemist, 1996)
Auteur : Peter James
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Colette Carrière
Couverture : Lise Gagné / iStockphoto
Éditeur : Bragelonne
Collection : L’Ombre de Bragelonne
Directeurs de collection : Stéphane Marsan et Alain Névant
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 672
Format (en cm) : 23,8 x 15,4
Dépôt légal : mai 2009
ISBN : 978-2-35294-294-8
Prix : 25 €



François Schnebelen
12 juin 2009


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