Excalibur, l’épée mythique, la lame des Rois. Seul l’élu peut la retirer de la pierre où elle est scellée. Et Death the Kid et Blackstar pensent être dignes de cet honneur... Bon, en fait, n’importe qui peut extraire Excalibur. Le problème n’est pas tant de brandir l’épée que de supporter son discours mégalo. C’est bien là tout le défi que vont devoir relever les deux meisters car jusqu’à présent, tous ceux qui ont essayé ont craqué. Et malheureusement, ce ne sera pas encore pour cette fois que gloire et fortune seront distribuées à un nouveau roi Arthur.
Passée cette pitoyable tentative, la mission que décide de remplir Tsubaki, l’arme démoniaque de Blackstar, est bien moins drôle. Elle accepte d’affronter Masamune, le sabre maudit dont le destin est alors de devenir un grand dévoreur. Ces armes déviantes ne tuent pas les victimes choisies par le Shinigami mais n’importe quel humain, provoquant terreur et chaos. Et l’arme en question n’est pas une inconnue pour Tsubaki mais son propre frère. Elle part donc avec Blackstar combattre Masamune sur son propre terrain : dans le sabre lui-même.
Pendant ce temps, Soul se remet difficilement de sa blessure provoquée par Ragnarok. Mais surtout, il est devenu le cobaye de cette traitresse de Medusa.
Après le choc très positif des deux premiers tomes, “Soul Eater” était attendu au tournant, même si sa réputation le précède. Eh bien, le plaisir est toujours intact avec ce troisième tome. Atsushi Ohkubo nous réarrange à sa sauce le mythe d’Excalibur, avec son incarnation ridicule et exaspérante au possible. Son manga est truffé de petites références, et on ne peut que penser à “Twin Peaks” en voyant le rêve de Soul Eater : le rideau, le monstre nain dansant... En cherchant bien, vous en trouverez d’autres. Mais même si le fond reste comique, les histoires de Tsubaki et Soul sont dramatiques. Entre un duel fratricide et la remise en cause du lien entre un meister et son arme, Ohkubo démontre qu’elle parvient à nous tenir en haleine aussi bien par l’humour que le tragique. Pas simple et pourtant c’est parfaitement réussi.
Le tout est toujours soutenu par un graphisme qui, cette fois, passe du déjanté, déjà présent dans les premiers tomes, à un dessin tout en finesse comme pendant l’affrontement entre Masamune et Tsubaki : le trait est alors plus ténu, comme dans le brouillard du monde intérieur du sabre maudit. L’exubérance qui fait l’image de marque de “Soul Eater” n’est donc pas le seul atout sous le coude du mangaka.
Un plaisir à prolonger en juillet.
Soul Eater (T3)
Auteur : Atsushi Ohkubo
Traducteur : Fabien Vautrin et Maiko_O
Éditeur français : Kurokawa
Date de Parution : 14 mai 2009
Format : 115 x 177, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192 pages
Numérotation ISBN : 2-35142-057-8
Prix public : 6,50 €
A lire sur la Yozone : Soul Eater (T1 et 2)
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