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Imaginales 2009 - Histoires à lire quand les enfants sont couchés…

Epinal, 14 mai, 22h30

Le bar à vin « Le Bougnat » : Rencontre-lecture : Histoires à lire quand les enfants sont couchés…
- Animé par Stéphanie Nicot
- Textes de Michel Robert (extrait de sa série « l’Agent des Ombres »), Charlotte Bousquet (extrait d’ « Arachnae »), Maïa Mazaurette (extrait de sa nouvelle dans « Rois et Capitaines ») et Jean-Philippe Jaworski (extrait de « Gagner la guerre »), lus par Sylvain Demierre



Drôle de soirée qui se prépare là… Tandis que la Bulle des Auteurs ferme doucement ses portes, qu’on rabat la nappe rouge sur les piles de livres comme si on les bordait pour la nuit, je discute avec quelques-uns, retardataires comme moi : les gens de Malpertuis, Sire Cédric et deux de ses amis gothiques fort sympathiques.
Tous se tâtent de savoir s’ils vont y aller. C’est vrai que l’intitulé ne laisse guère place à l’imagination, ou au contraire la stimule… Chacun part en quête de quoi dîner, certains qui ont eu une dure journée vont se coucher… On se dit à tout à l’heure ou sinon à demain.

« Le Bougnat » est « le lieu qui manquait à Épinal » dixit Stéphanie Nicot citant elle-même Johan Héliot (on sent l’autochtone qui s’investit !). Donnant sur la Place de l’Âtre, derrière la basilique St Maurice, un peu en retrait des nombreux restaurants, c’est la lanterne rouge à l’entrée qui saura nous guider vers ce lieu où il fait bon finir la soirée.

Le patron nous accueille une bouteille à la main, et votre serviteur s’installe dans un confortable fauteuil cabriolet aux côtés des quelques esprits pervers qui comme lui sont arrivés tôt… Non, simplement une visiteuse du Festival curieuse et une jeune femme de Présence d’Esprits, abonnée aux Imaginales quasiment depuis leur création. L’occasion d’une conversation très agréable tandis que le bar à vins se remplit, moi avec mon Bourgogne à la main (un verre, ça va !), mes camarades tournant au non-fermenté.

Tandis que Stéphanie Nicot remercie le public de s’être ainsi déplacé en nombre et dénonce Johan Héliot, Jean-Claude Dunyach vient nous rejoindre, profitant d’un pouf encore libre. D’autres sont assis sur des cartons de vin, la plupart sont debout. Nous sommes une bonne quarantaine pour moitié moins de tabourets et de fauteuils. Je regrette d’être loin de Sylvain Demierre, mais l’attention presque religieuse du public ne nuira pas à l’audition des textes, contrairement à quelques scooters dans la rue.

Je l’ignore encore, mais la lumière des appliques, propre à rendre le lieu chaleureux, va avoir un effet fantastique sur mes photos de ce soir...

Mais trêve de plaisanteries maintenant que vous voilà dans l’ambiance…

Le lecteur ouvre les festivités par le début de la nouvelle de Maïa Mazaurette, un fracas de bataille qui permet à Stéphanie Nicot de faire remarquer qu’il n’y a pas que la guerre dans la fantasy, il y a aussi l’amour… avec ou sans majuscule, et avec parfois la même violence que dans les batailles.

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Les auteurs
Les auteurs étaient présents

Sylvain Demierre lit alors deux extraits de Michel Robert, où son héros le Loki Gheritarish (Gher’ pour les intimes), surnommé « Membre d’Airain » ( ! ), satisfait une voluptueuse prostituée de ses amies, la sortant de « son train-train quotidien de petites… » (ma mémoire me fait défaut sur ce dernier terme), et remet ça ensuite avec une femme de la noblesse à qui il avait fait bonne impression, et qui l’entraîne dans la buanderie avant de remonter ses robes et dévoiler ses fesses.

Sylvain Demierre, au moment fatidique du passage, nous lâche alors, d’un ton égal, à peu près ça : « Il sentait qu’il ne pourrait plus retenir son désir… Et j’ai perdu ma ligne… ». Avant que tous ne rient, je sens tous les mâles de la salle (dont certains accompagnés de leur “régulière”) pousser un soupir de soulagement, façon soupape de sécurité. Eh oui, nous sommes faibles… Et grands lecteurs de fantasy, nous ne manquons pas d’imagination… Alliance fatale !

Le texte de Charlotte Bousquet, scène de jalousie entre deux amantes, choisit de faire l’ellipse de l’acte sexuel. Il n’en est pas moins aussi intense que le précédent, voire plus. La tension entre les deux femmes, l’une triste et l’autre agressive, pourrait presque être dépourvue de sexualité, si ce n’était une certaine sensualité des termes, des tons, que Sylvain Demierre sait si bien rendre. Nouveau soulagement à la fin du texte, car il se finit par un baiser, et non par une rupture. En quelques minutes, nous nous étions déjà attachées à ces deux femmes.

Le troisième texte est de Maïa Mazaurette, et si vous avez lu tout ce qui précède, vous savez que je ne cache pas mon adoration pour tout ce qu’elle écrit en fantasy.

Son histoire est celle d’une première fois, pour le dire crument : le jeune futur Saint Louis découvre le plaisir solitaire et interdit en contemplant dans un abri de jardin le cadavre d’une jeune femme, dont le vent a retourné les robes et dévoilé les fesses.

Acte de transgression plus qu’acte sexuel, il permet à l’auteure de présenter le futur roi comme un adolescent comme les autres, sujet aux mêmes pulsions, dans une époque où la morale religieuse réprouvait les caresses qu’il était en train de s’administrer. Plus qu’un plaisir intime, c’est surtout de la désobéissance aux religieuses qui le chaperonnent qu’il tire sa jouissance. Avant de se faire pincer. Et même la pensée qu’un jour il sera roi, et au-dessus de tous, ne l’empêche d’être sermonné.

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Jean-Philippe Jaworski, Stéphanie Nicot et Sylvain Demierre


Transgression également pour Jean-Philippe Jaworski. Il rappelle que « Gagner la guerre » est un récit de sales types dans un sale empire, et que malgré les aspects détestables de son « héros », les lecteurs finissent par le trouver attachant, presque « gentil », ce qui le faire sourire.

Dans l’extrait présenté, ce voleur-assassin rencontre la fille du Podestat (excusez mes erreurs éventuelles, mais je reprends tout cela de mémoire sans avoir lu le livre), dans un jardin et de nuit. Venu pour sceller un accord avec le père, il se retrouve mêlé aux intrigues de la jeune fille, qui tente de le séduire pour échapper à un mariage arrangé. Elle joue de ses charmes d’adolescente, jusqu’à ce que la situation lui échappe.
Le héros, incapable de se retenir, lui saute dessus, à son grand plaisir. Mais il est en partie refroidi à la certitude de trépasser rapidement s’il déflore la fille du puissant. Incapable de calmer son désir (je l’ai déjà dit, les mâles sont faibles), il trouve un pis-aller et, passez-moi l’expression, retourne la jeune fille, qui entrevoit le sort qui l’attend pour avoir joué avec le feu, mais ne peut y échapper malgré ses cris de terreur. Et l’auteur de conclure cette scène d’un « Et c’est ainsi qu’il entra dans la famille du Podestat par la petite porte… ».

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Jean-Philippe Jaworski
Jean-Philippe Jaworski


Un petit débat clôt cette soirée, avec un duel Robert-Mazaurette, où la petite fée rouquine défie l’ex-handballeur de facilement deux fois son poids en soulignant le côté très « fantasme masculin » de ses écrits, des gaillards bien membrés et des nymphomanes pulpeuses, dont elle est depuis longtemps revenue au profit d’une description plus réaliste de la sexualité.

Michel Robert, pour sa défense, fera le constat de ses séances de dédicaces : les hommes, un peu gênés, trouvent que ça manque de batailles, et qu’il y a un petit peu trop de sexe. Et les femmes, le contraire… Comme quoi…

Stéphanie Nicot conclut la soirée alors que nous approchons de minuit (mais nous n’avons pas commencé bien à l’heure, il me semble), se félicitant du succès de cette lecture, et promettant pour l’an prochain d’autres séances de ce genre, « hors des murs du Festival ». Vivement 2010…

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Une lumière phénoménale, vous disais-je !

Mon avis d’auditeur : Est-il vraiment nécessaire ? Je signe pour l’année prochaine, même si le sujet est moins racoleur. J’espère juste que sera résolu le problème de cette affluence imprévue qui a contraint nombre d’auditeurs à rester debout, serrés, dans une promiscuité que la chaleur du vin... Aaah ! Auteurs présents, sortez de mon esprit !

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Nicolas Soffray
10 juin 2009


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