Genre : Historique
Durée : 2h50

Avec Anthony Hopkins (Ptolémée âgé, le narrateur), Angelina Jolie (Olympias), Val Kilmer (Philippe), Christopher Plummer (Aristote), Colin Farrel (Alexandre adulte), Jessie Kamm (Alexandre enfant), etc,.

La vie et les conquêtes d’Alexandre le Grand vues par Oliver Stone.

Voilà, le genre de films qui gêne énormément. Le sujet était intéressant, le réalisateur doué, les moyens importants. Oliver Stone, qui est un cinéaste à qui on ne reprochera pas d’avoir des choix très personnels, a donc décidé de donner une étrange version du mythique Alexandre le Grand. Dans son film de plus de 2h50, il s’attache à creuser les motivations du célèbre conquérant. En résumé, Alexandre a été un très grand guerrier car sa mère était séduisante et omniprésente et son père une brute épaisse, dotée d’un sens de la paternité très réduit. En gros, Œdipe nous voilà, Alexandre fut un grand homo mais c’est logique car tous les Grecs l’étaient -ben voyons !- qui se vengea de lourds troubles psychologiques en réduisant le monde connu à l’état de terres et peuples à conquérir. On en reste pantois et ébahis.
Outre l’explication vaseuse et trouble donnée à cette tendance homosexuelle assez frénétique qui reste historiquement à prouver -et puis depuis quand l’homosexualité est le résultat d’un problème et pas simplement un choix ou un désir ?-, le fait que l’on n’est pas obligé de croire une seconde en une explication psychanalytique de cet « hénaurme » personnage, la narration faite de fréquents allers et retours entre les diverses périodes de son règne pour ambitieuse qu’elle soit, touche rarement son objectif. Ne parlons même pas des quelques batailles qui parsèment le scénario. Très rapidement on ne sait plus où on en est ni dans quelle partie du monde tout cela peut bien se passer.
Oublions aussi l’épisode du « Nœud Gordien », trop connu donc on en parle pas ; Rien non plus du sentiment épique qui aurait pu envahir ce film. Il doit évidemment s’agir d’un effet trop primaire et populaire pour être intéressant à exploiter.

Un certain nombre de clones de Vincent McDoom ont beau promener leurs corps lascifs dans de multiples et répétitives scènes de banquets et de danses sous l’œil intéressé du conquérant, on s’embête ferme tout en se demandant quand tout cela va bien se terminer... Et Oliver, qui avait sans doute envie d’utiliser son budget, nous répond « le plus tard possible ! ». Et pour cela, il en arrive même à nous coller des effets psychédéliques à la « The Doors » sur une scène de bataille située en Inde... A ce stade, si l’on se met à mélanger les effets hallucinatoires des herbes de Katmandou avec des visions dignes d’un Jim Morrison sous acide, autant aller au bout du délire et nous coller « The End » des Doors en fond sonore. On aurait économisé Vangelis pas encore remis de ces précédentes BO. Malheureusement pour lui et pour nous, de l’eau a coulé sous les ponts depuis...

Question image, si la reconstitution de la grande Babylone eut pu nous titiller raisonnablement les sens, l’utilisation de la caméra numérique confiée à Oliver Stone pose également problème. Même pas bien filmé, serait-on tenté d’avouer...

Reste un film à gros budget, long (très long) mais aussi bavard (très bavard) qui ne suscite qu’une seule pensée : finalement, « Troie », c’était plutôt bien. A moins d’un miracle, le flop commercial s’annonce et on ne tirera de ce pensum très intello (au mauvais sens du terme) que les passages d’Angelina Jolie (Olympias, la mère d’Alexandre) et de Val Kilmer (Philippe, le père d’Alexandre. Quant à Colin Farrel (Alexandre), il doit encore se demander ce qui lui est arrivé.

Si le règne d’Alexandre le Grand fut finalement assez bref et marquant, le film d’Oliver Stone paraîtra, a contrario, très long et sera sans doute très vite oublié. Dommage, on le regrette.

FICHE TECHNIQUE
Titre original : Alexander
Réalisation : Oliver Stone
Scénario : Oliver Stone, Christopher Kyle et Laeta Kalogridis

Producteurs : Thomas Schühly, Jon Kilik, Iain Smith et Moritz Borman.

Photographie : Rodrigo Prieto
Son : Jean-Paul Mugel
Décors : Jan Roelfs
Musique : Vangelis
Costumes : Jenny Beavan

Production : Pathé et Intermédia Films, Moritz Borman et IMF
Distribution : Pathé Distribution (France)

Presse : Michèle Abitbol-Lasry et Séverine Lajarrige (Paris)

Site internet
http://www.alexandre-lefilm.com