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Twilight (T1) : Fascination
Stephenie Meyer
Hachette, Hachette Jeunesse, Black Moon, Hors-série roman, traduit de l’anglais (États-Unis, 2005), fantastique, oct 2005, 524 pages, 18€

Isabella Swan quitte sa mère et l’Arizona pour venir habiter chez son père à Forks, bourgade paumée et minuscule du fin fond de l’état de Washington (le dernier état américain, tout en haut à gauche sur la carte, histoire de se situer).
Lors de sa première rentrée scolaire dans le petit lycée de la ville, elle croise le regard de l’énigmatique Edward Cullen. Électrochoc quasi immédiat !
De regards détournés en discussions évasives, petit à petit, un amour fou va naître entre les deux teenagers.
Mais Edward n’est pas ce qu’il semble être et Isabella (Bella pour les intimes) va découvrir que la famille Cullen possède un étrange secret.

La saga fantastique à succès de Stephenie Meyer démarre lentement dans ce premier opus avant d’enclencher la surmultipliée dans le dernier tiers de ce « Fascination ».



On ne présente plus la romancière américaine Stephenie Meyer. Sa série Twilight a été en tête de tous les classements des ventes de romans dans le monde entier (plus de 18 millions d’exemplaires écoulés), sa petite Bella et son bel Edward sont devenus les héros d’une génération d’adolescents et d’adultes en mal de romances fantastiques. Un premier film est déjà sorti sur grand écran, adaptation un rien cheap de ce volume justement intitulé « Fascination ». Le second est déjà sur les rails avec une sortie mondiale prévue pour la fin de l’année 2009 (mi-novembre).

Mettons tout de suite les choses au clair, la série Twilight ne mérite ni le déluge de récriminations qu’elle a enduré, ni l’avalanche de compliments que nombre de ses lecteurs offrent à cette histoire.
Stylistiquement établi sur des bases simples et éprouvées depuis des siècles, ce « Fascination » est d’abord construit à base de dialogues clairs et sensibles bien qu’un rien ampoulés.
Les échanges entre Bella et Edward sont nombreux et surtout introspectifs. Ils se parlent beaucoup, se racontent leur vie, décrivent leurs sentiments réciproques le plus franchement possible et vont nouer une relation amoureuse platonique (faute de mieux).
Non qu’ils ne veuillent pas passer à l’acte physique, mais l’on comprendra très vite pourquoi c’est un brin compliqué et risqué d’y parvenir.
Partant, Bella doit gérer une situation complexe qui sera liée tout à la fois à la petite particularité d’Edward et de la famille Cullen, mais aussi aux regards que portent forcément ses amis et proches à cette idylle naissante.
C’est le point fort du roman et sans doute celui qui « parle » aux nombreuses lectrices (et lecteurs) de cette série. Ils ne subissent pas un roman d’amour commun, mais une version moderne et fantastique de « Roméo et Juliette » fortement baignée dans une atmosphère de contes de fées.
L’histoire développée est donc tout aussi attachante (ou énervante) que la lecture de « La Belle au Bois Dormant » mixée d’une once de « La Belle et la Bête ». Le tout étant relevé d’une figure romantique et fantastique archétypale, le taciturne Edward, que l’on imagine immobile et droit comme une statue face à la tempête qui se déchaîne, fier et stoïque, cheveux aux vents malgré les embruns qui criblent son visage.
Bella et Edward sont d’ailleurs tout aussi passionnants et « pénibles » que dans les personnages de contes de fées, se posant des questions et des problèmes là où la logique rationnelle n’en trouverait pas. Et en fait, il ne faut pas chercher ailleurs l’intérêt central de la série qui est avant tout établie sur l’universalité des sentiments explorés à travers la dualité « réel-imaginaire » que symbolise ce couple improbable.

La grande réussite de Stephenie Meyer est aussi de parvenir à toucher sa cible en gardant suffisamment les pieds ancrés dans le XXIe siècle. Le lecteur moyen finissant même par ignorer inconsciemment les nombreux postulats fantastiques qui construisent la crédibilité de l’intrigue. On se demande ainsi comment la famille Cullen n’a jamais suscitée l’intérêt de la plus petite administration d’état à l’ère du fichage mondial...

Tout ce qui touche aux ambiances lycéennes, aux émois adolescents ainsi qu’aux rapports que Bella entretient avec sa mère et son père, divorcés de longue date mais en bons termes, sont par contre des arguments massues, rassembleurs et parlant à toute une génération d’enfants de couples séparés une fois sur deux. Une lecture freudienne de la série est d’ailleurs possible et ne serait pas piquée des vers !

Le contexte socioculturel états-unien de la petite ville de Forks est également savamment étudié. Éloignée de tout, la bourgade ne subit pas les assauts journaliers des grands médias type CNN, mais fonde un territoire réaliste suffisamment distant de la grande cyber-civilisation contemporaine pour que l’on puisse croire que tout peut y arriver dans le plus grande discrétion.

Cependant, même bien pensé et bien écrit, « Fascination » peine un peu à passionner durablement durant les deux premiers tiers de l’intrigue avant de s’emballer dans les cent cinquante dernières pages grâce à l’arrivée inopinée d’un trio maléfique. Et là, on a beau nous l’avoir déjà joué des milliers de fois, on ne peut s’empêcher d’adhérer au suspense et de dévorer la fin du roman à la vitesse grand V.

Au final, sans proposer de recettes miracles ni d’idées foncièrement originales, ce « Fascination » séduit à l’ancienne comme tous les grands romans d’amours impossibles, fondateurs du genre (auxquels Stephenie Meyer fait d’ailleurs de multiples références tout au long de sa série).
Bref, le dilemme sentimental développé au cours des 250 premières pages et la fin mouvementée de ce premier tome donnent incontestablement l’envie de s’attaquer à la suite dans les plus courts délais.

Si le public touché par l’histoire est surtout adolescent, expliquant la classification en collection « jeunesse » de la série, il n’est pas surprenant de constater que de nombreux adultes se sont justement laissés prendre à l’affaire. Il émane incontestablement du projet une sincérité totale qui reste encore et heureusement le meilleur gage du succès auprès d’un lectorat populaire qui veut en avoir pour son argent, sans prise de tête particulière.

D’ailleurs, versant édition, Hachette réalise un bon job avec un tirage moyen format (ainsi qu’une édition collector) comprenant toutes deux la déclinaison graphique des couvertures originales. La police de caractères choisie (famille elzévirs, type Garamond) dans un corps très agréable évitera les lunettes de lecture aux plus âgés et très peu de coquilles ou de discordances de temps choquent le regard. On note également que Luc Rigoureau (le traducteur) n’a pas fait l’impasse sur la majorité des subjonctifs (mêmes les moins utilisés de nos jours), respectant ainsi la construction anglophone du récit et sa juste traduction dans la langue de Molière. Édition jeunesse certes, mais de belle qualité, ce qu’il convient de souligner.

PS : l’adjectif “marmoréen” revenant régulièrement tout au long du roman et n’étant pas, pour le moins, un mot très usité de nos jours, il apparaît utile de préciser ici ce qu’il veut dire :
- « Qui a la nature ou l’apparence du marbre. Fig., Épaules marmoréennes. Visage marmoréen. Froideur marmoréenne. Syn., flegmatique, austère, dur, sévère, indifférent, sérieux, insensible, impassible, imperturbable, posé ».


Titre : Fascination (Twilight, 2005)
Série : Twilight (4 tomes)
Autres volumes : Tentation (T2), Hésitation (T3), Révélation (T4), Midnight Sun (projet de roman compagnon de la série, en cours d’écriture)
Auteur : Stephenie Meyer
Traduction (de l’américain) : Luc Rigoureau
Couverture : Gail Doobinin (conception graphique)
Photo de couverture : Roger Hagadone
Éditeur : Hachette
Collection : Hachette Jeunesse, Hors-série roman
Sites et Pages Internet : site livre (en Français), site écrivain (en anglais), site officiel de la saga « Twilight » (en anglais), site officiel du film (en anglais), site officiel du film (en Français), dossier ciné Yozone, la bande annonce
Pages : 524
Format (en cm) : 21,5 x 3,5 x 13,5 (broché)
Dépôt légal : octobre 2005
EAN : 9 782012 010673
ISBN : 978-2-01-201067-3
Prix : 18 €



Stéphane Pons
12 mai 2009


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