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Salem
Stephen King
Le Livre de Poche, traduction de l’anglais (Etats-Unis), roman, deux nouvelles, scènes coupées du manuscrit original, préface et postface de l’auteur, Fantastique, Février 2009, 825 pages, 8€

Publié pour la première fois en 1975, « Salem » fut le premier grand succès de Stephen King. Trente ans après, voici à nouveau la ville la plus célèbre du Maine exhumée de ses cendres dans une traduction révisée, avec en bonus deux nouvelles et les scènes coupées du manuscrit original.

Si les fans préfèreront certainement le grand format (JC Lattès, 2006) qui comporte en plus des illustrations inspirées de l’œuvre, la présente version publié au Livre de Poche est tout à fait honorable. L’occasion de (re)découvrir un King en grande forme dans un roman qui, somme toute, a plutôt bien vieilli.



1975 : les vampires débarquent dans le Maine

Ben Mears, écrivain à succès est de retour à Salem. La ville a bien changé depuis son enfance, certains habitants sont morts et d’autres sont partis, de nouveaux commerces ont vu le jour et les anciennes boutiques ont disparu. Mais Marsten House est toujours là, surplombant la ville. Décrépie, abandonnée, la vieille demeure est encore plus effrayante que dans son souvenir. Car malgré les années, elle a résisté aux affres du temps, comme pour rappeler aux habitants de Salem que cette petite ville du Maine à l’apparence bien tranquille cache des plaies purulentes. Tout le monde à Salem connait l’histoire de Marsten House et les horreurs qui s’y sont déroulées. Tout le monde, y compris Ben Mears, c’est d’ailleurs l’une des raisons de son retour. Il veut écrire un livre sur cette maison afin peut-être d’exorciser ses souvenirs. Mais “la maison hantée”, comme l’appelent les gosses entre eux, a des nouveaux propriétaires, deux hommes arrivés d’Europe. Peu de temps après, des habitants de Salem commencent à disparaître.

« Salem » est le deuxième roman de Stephen King après « Carrie », on y trouve déjà les caractéristiques et le processus d’écriture qui feront son succès.

Prenant son temps pour développer son intrigue, il nous fait d’abord découvrir la ville et le quotidien des habitants : les histoires familiales et les faiblesses de chacun, détaillant avec minutie la vie dans cette campagne américaine, pour ensuite peu à peu installer la peur et les doutes dans le cœur de chaque habitant, en développant l’intrigue fantastique du roman, jusqu’au basculement total dans l’horreur et l’hémoglobine. Une marque de fabrique estampillée Mister King, puisque l’on retrouvera ce procédé dans de nombreux romans de l’auteur. Si par la suite cela ne fonctionnera pas toujours, pour « Salem » rien à dire, les frisssons sont bien au rendez-vous.

Dans la préface, Stephen King explique qu’en écrivant « Salem », il voulait rendre hommage aux comics d’horreur et au « Dracula » de Bram Stroker qui ont marqué ses premières années de jeune lecteur. L’idée était de transposer le mythe du vampire dans une petite bourgade américaine des années 70. Depuis, ce postulat a été maintes fois utilisé, mais ce n’était pas le cas en 1975 lors de la première sortie du livre. Le succès de « Salem » viendra d’ailleurs en partie de la confrontation de ces deux mondes. D’un côté la société industrielle américaine où les légendes n’ont plus leur place, et de l’autre les vampires, figures mythiques de la société victorienne du XIXe siècle.

L’ hommage est réussi, « Salem » fait partie des meilleurs romans de Stephen King. Le style direct, sans fioritures, est au service du récit. On commence la lecture et on reste accroché jusqu’au bout, tenu en haleine par l’histoire de cette ville et ses habitants. Je n’avais plus lu de Stephen King depuis pas mal d’années et la relecture de « Salem » m’a donné envie de me replonger dans les classiques de l’auteur.

2009 : Bonus et “making of” de cette réédition

“Un Dernier Pour La Route,” la première des deux nouvelles qui suivent le roman, est quant à elle est malheureusement anecdotique et sans surprise. Ce texte part d’un fait qui a eu lieu dans la dernière partie du roman.
Une famille a un accident de voiture non loin de Salem. Le père laisse sa femme et sa fille pour aller chercher des secours. Bien entendu lorsqu’il revient quelques heures plus tard, il n’y a plus personne dans la voiture.
Si vous avez lu « Salem » juste avant vous devinez sans peine ce qu’il adviendra de la petite famille.

En revanche, le second texte est plus intéressant. “Jerusalem’s Lot” (qui est le vrai nom de la ville de Salem) se déroule en 1850 et raconte l’histoire d’une maison de famille (qui pourrait toute à fait être Marsten House) où l’on entend des bruits étranges dans les murs. Peu à peu le nouveau propriétaire de la demeure va découvrir dans sa cave un livre qui referme d’horribles secrets.
Ce texte, qui est en fait une succession de lettres et d’extraits de journal intime, met en évidence le caractère maléfique de la maison, l’influence de la ville sur les habitants.

Le livre se termine avec les scènes coupées du manuscrit original qui apporte un éclairage intéressant sur l’œuvre, puis, dans la postface, Stephen King raconte la genèse du roman.
Au final, cette réédition de « Salem » ravira les amateurs du King et permettra aux plus jeunes de découvrir une bonne histoire de vampires qui, semble- il, sont de nouveau à la mode en ce moment.


Titre : Salem (Salem’s Lot, 1975), Un Dernier Pour La Route (One For The Road, 1978), Jerusalem’s Lot (Jerusalem’s Lot, 1978)
Auteur : Stephen King
Traduction (de l’américain) : Christiane Thiollier et Joan Bernard, révisée et augnentée par Dominique Defert
Couverture (photo ) : Jerry N. Uelsmann
Editeur : Le Livre de Poche
Première édition française : Alta Edition, 1977
Sites Internet : Site de l’auteur, Le Livre de Poche, La page du livre, L’édition de JC Lattès
Page : 825
Format (en cm) : 17.5 x 3.5 x 11
Dépôt Légal : février 2009
ISBN : 978-2-253-12499-3
Prix : 8 €



Jean-Marie Garniel
29 avril 2009


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