Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Homme (Un)
Philip Roth
Gallimard, Folio, n°4860, roman, traduction de l’anglais (États-Unis), biographie romancée, 182 pages, janvier 2009, 6€

Il travaillait dans la pub, s’est marié trois fois, a eu trois enfants, des maîtresses, il aimait ses parents, ses amis et possédait un cœur et des coronaires qui se sont déréglés avec le temps.
Une énième intervention chirurgicale lui a été fatale, il ne s’est jamais réveillé de son anesthésie.
« Un Homme » de Philip Roth s’ouvre par les funérailles du personnage central et se termine par sa mort. Au milieu, sa vie d’homme ordinaire.

Un très court (180 pages) et beau roman ; triste, sombre et d’une étrange mélancolie.



Après « Le Complot Contre l’Amérique », uchronie en grande partie inspirée par sa jeunesse, l’écrivain Philip Roth nous livre un étrange roman, tout entier consacré à la vie d’un homme, anonyme parmi les anonymes.
Logiquement, histoire de situer l’ambiance générale, le récit s’ouvre très concrètement sur sa mise en terre et se termine par son décès.
Entre temps, nous auront vogué sur les eaux calmes ou agitées de sa vie, long fleuve d’événements plus ou moins anodins dont la mort fera office de dernier port d’attache.
Évidemment, plusieurs fois, on comprend que l’écrivain se cache derrière certains éléments du récit. Il a néanmoins l’intelligence de ne pas enfoncer le clou et l’on peut aussi lire « Un Homme » comme une humble tentative de narration, tout entière consacrée à l’évocation des souvenirs qui disparaissent toujours avec celui qui s’est définitivement endormi.

Au-delà de la rumeur du temps passé, des bruits de la vie qui vont peu à peu s’évanouir, Philip Roth capte et retranscrit les grandes et illusoires victoires d’un destin anodin (vous, moi) et les défaites nécessaires à la construction d’une vie.
Sans morale, ni leçon, « Un Homme » dégage un sentiment de tristesse générale plus qu’émouvant. La conception même du récit en fait aussi un exercice de style parfois forcé, mais chaque recentrage vers l’intime du “héros” -qui n’est surtout pas un héros- rend la lecture on ne peut plus touchante.
Le style utilisé, simple et direct, procure l’impression certaine d’être confronté à la plume d’un véritable écrivain. Avantages et inconvénients de la chose, s’il ne se passe pas grand-chose d’étonnant et que rien n’est supposé retenir l’attention, le plaisir de découvrir une prose maîtrisée éveille l’âme aux grandes questions de l’existence. Travail de l’écrivain, travail d’écrivain, la réussite de ce court texte est dans la réalité de l’écriture.

Si l’on déconseillera ce roman aux dépressifs -à moins qu’ils aient un goût prononcé pour le principe de catharsis- on ne peut qu’encourager la découverte de ce recueil, éloge du temps qu’il faut bien passer et des destins que l’on supporte plus souvent que l’on ne les choisit.

« L’expérience la plus bouleversante de la vie, c’est la mort » écrit justement Philip Roth.
« Un Homme », dont le titre original “Everyman” est encore plus parlant, n’est pas que le long résumé d’une agonie. Certes, il y a dans cette prose une petite musique mélancolique, quasi omniprésente, qui peut laisser à penser que l’écrivain livre son testament d’être humain.
Pourtant, on ne retient que les bons moments. Devant la fugacité du temps inutile de s’attarder sur autre chose.


Titre : Un Homme (Everyman, 2006)
Auteur : Philip Roth
Traduction (de l’américain) : Josée Kamoun
Couverture : photo Yohanne Lamoulière/Transit/Picture (détails)
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio
Numéro : 4860
Catégorie : F7
Site Internet : page roman (site Folio, éditeur)
Pages : 192
Format (en cm) : 10,5 x 1 x 17,5 (broché, poche)
Parution : 5 février 2009
Code Sodis : A35993
ISBN : 9782070359936
Prix : 6€



Stéphane Pons
17 février 2009


JPEG - 9 ko



Chargement...
WebAnalytics