Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Largo Winch
Film français de Jérôme Salle (2008)
17 décembre 2008

****



Genre : Action, aventure
Durée : 1h48

Avec Tomer Sisley (Largo Winch), Kristin Scott Thomas (Ann Ferguson), Mélanie Thierry (Léa), Karel Roden (Mikhail Korsky) Gilbert Melki (Freddy) Benjamin Siksou (Largo Jeune), etc.

Le pari « Largo Winch » n’avait rien de gagné. Un réalisateur visuellement très intéressant, tout en étant un scénariste prévisible, un acteur au charisme et à l’humour à prouver et, enfin, un récent passé d’adaptation française difficile à trainer (qui a dit « Blueberry » ?). Malgré tout « Largo Winch » semble être un véritable Blockbuster. Pas à la française, ce qui donne trop souvent envie de rire ou de pleurer, mais une grosse production de dimension internationale.

La première qualité du film est son amour des personnages. Aucun d’entre eux n’est caricaturé ou relégué au niveau de fonction. D’un point de vue purement cinématographique (car ayant une connaissance très réduite des livres ou de la bande dessinée), ces derniers apparaissent comme les bases d’une série et il semble donc normal de leur offrir une épaisseur. L’écriture semble être le centre de ce projet et elle se déploie via ces protagonistes.
Il y a encore, malgré tout, des twists narratifs - que l’on pardonnera certes - aussi faciles qu’une révélation tendance « Les Feux de l’Amour ». Note à tous les scénaristes et réalisateurs : lorsque vous essayez de cacher LE méchant, ne donner pas le rôle à l’acteur le plus connu du film !

En dehors de quelques problèmes capillaires (qui s’occupe des perruques sur ce tournage ?) le film est une excellente surprise, d’une part en raison de l’investissement de son acteur principal, Tomer Sisley apporte à un personnage, déjà chargé d’histoire sur différents médias, la fraîcheur et l’énergie de l’acteur qui a tout à prouver, et y parvient avec une certaine justesse.
Aussi, comme très rarement dans le cinéma français, les dialogues ne donnent pas envie de se crever les tympans mais sortent de manière fluide sans chercher le punch-line automatique.
Qu’ils s’agissent de la magnifique Mélanie Thierry, ou encore de l’imposant Karel Roden (ndlr : sans oublier la sublime Kristin Scott Thomas) , les acteurs agissent avec une véritable retenue et laissent la réalisation et les dialogues s’imposer comme régisseurs du film.

« Largo Winch » reste un digne film d’action, maîtrisé de bout en bout par son réalisateur qui malgré son “inexpérience” ne se laisse pas dominé par son objet. Alors qu’il aurait pu opter pour un montage incompréhensible, à la manière du dernier « Bond », chacune de ses scènes d’action fait preuve d’une propreté et d’une netteté visuelle, en devenant parfois géniales. Ainsi la course poursuite en 4x4, mais aussi l’assassinat de Nerio Winch, sont visuellement et scénaristiquement de futurs cas d’école pour jeune réalisateur en mal d’inspiration.

Enfin une attention spéciale à Hong-Kong qui se place après « The Dark Knight » comme le nouveau New-York. Son atmosphère nocturne, ses couleurs néons mélangent de rouge et jaune au milieu du bleu marin, l’affiche comme le nouveau carrefour du capitalisme international. Une ville élégante et flamboyante qui ne dort jamais. Par ces plans aériens le réalisateur la magnifie et elle contraste à la perfection avec les lieux plus dépouillés comme Malte ou la Sicile.

Il est important d’avoir en France des réalisateurs à la réflexion visuelle et thématique poussée, mais aussi ayant la maturité d’utiliser chacune de ces particularités dans un but narratif ou émotionnel, et non pas uniquement stylistique ou démonstratif. Jérôme Salle semble être de cette trempe et son « Largo Winch » reflète une véritable réflexion sur le monde actuel ;

On attend la suite avec impatience.

Stanislas Mohamed

UNE AUTRE CRITIQUE

***

Adaptation sur grand écran de la série de roman de Jean Van Hamme, déjà déclinée avec succès au format BD, « Largo Winch » s’inscrit dans la catégorie des films d’action aux ambitions distrayantes évidentes.
Un genre que le cinéma français aborde assez peu, quoique de plus en plus souvent, mais rarement avec brio. Disons-le tout net, l’exercice de style est plutôt réussi et personne ne se sentira délester malhonnêtement de ses dix Euros de place de ciné à la fin de la projection.

À la base, l’histoire s’établit sur des principes narratifs assez simples. Un magnat du monde de l’entreprise, victime d’une maladie incurable, est éliminé sur ordre d’un mystérieux commanditaire. Son fils adoptif, un secret bien caché connu de peu de monde, devient alors l’unique héritier, détenteur majoritaire des actions du conglomérat.
Cependant, rien n’est simple dans le royaume pourri du capitalisme mondialisé et, à peine présenté au conseil d’administration du groupe, l’héritier est déjà la cible d’un complot encore plus vaste, visant à l’évincer définitivement de la course au pouvoir intégral.

La transplantation cinématographique reprend la trame globale du récit original de l’adaptation graphique. Certes, pour les puristes, Nerio Winch n’est pas « suicidé » du haut de son penthouse dans une mégalopole nord-américaine, mais noyé accidentellement sur son yacht stationné dans la baie de Hong Kong. Ce n’est pas non plus en Turquie que son héritier Largo Winch se retrouve embastillé suite à une obscure affaire de drogue et de meurtre (clin d’œil grande époque à « Midnight Express ») , mais au Brésil, sur les bords de l’Amazone, dans une geôle seulement fréquentée par les cafards et non par quelques Turcs vindicatifs.
Quelques autres petites différences mineures sont aisément détectables mais l’intrigue centrale ne change pas radicalement et recoupe plus ou moins les trois premiers volumes de la série BD.

Si la narration est un rien perturbante au début (utilisation un peu trop intempestive des flashbacks), un rien lente dans les moments émouvants (une scène d’amour et la mort de celle qui a élevé Largo durent trop longtemps et cassent le rythme), l’intrigue est bien tenue, la réalisation alerte et la distribution adéquate. Tomer Sisley y excelle dans son rôle de fils adoptif qui rejette l’image du père, mais va quand même décider de se l’approprier et on apprécie le travail fait avec l’ensemble des seconds rôles. C’est bien connu, encore plus que l’acteur central, ce sont eux qui aident à la construction efficace de ce type de film.

Si l’on peut douter sérieusement du succès international de l’entreprise (faut pas rêver, qu’est ce qu’un public anglosaxon aura à faire de tout cela ?), il n’en reste pas moins que l’objet n’a rien de vulgaire ou d’indécent et qu’il « cuisine » habilement les codes en vigueur.
Seul problème stylistique, on sent bien que le scénario hésite au départ à ne pas trop béatifier le milliardaire assassiné car la logique du récit aurait transformé Largo Winch en Jésus de la finance, rédempteur des fautes du paternel et chevalier blanc du monde de l’entreprise... Ce qu’il n’est pas, ne peut être et ne sera jamais.
Bien au contraire, à l’égal de son père adoptif, il va devoir s’assoir sur ses convictions profondes pour devenir un salaud encore plus intelligent que ses ennemis, s’alliant même avec le milliardaire Korsky (qui fait irrémédiablement penser à l’oligarque Roman Arkadievitch Abramovitch jusque dans certains traits de l’acteur principal Karel Roden), méchant supposé de l’histoire.
Nulle remise en cause d’un système capitaliste dans l’intrigue, juste une histoire d’héritage à conserver.

Ainsi en est-il des héros cinématographiques modernes, à défaut du Jean Valjean hugolien, ce sont plutôt les déboires d’un fils de milliardaire (moralement correct puisqu’arrivé à la force du poignet -ce dont on pourrait forcément discuter) que l’on transcende ici.
On pourra pleurer sur notre début de siècle bling-bling et ses conséquences peu vertueuses, n’empêche que Largo Winch boucle sa mission avec un détachement et un charme viril tout James Bondien plutôt agréable et intéressant.

Stéphane Pons

FICHE TECHNIQUE

Titre : Largo Winch

Réalisation : Jérôme Salle
Scénario : Jérôme Salle, Julien Rappeneau d’après l’œuvre et les personnages créés par Jean Van Hamme

Producteurs : Philippe Godeau, Nathalie Gastaldo
Producteur exécutif : Eric Zaouali

Photographie : Denis Rouden
Musique : Alexandre Desplat
Monteur : Richard Marizy
Monteur son : Pascal Villard
Création des costumes : Radija Zeggai, Loïc Barnier
Directeur de production : Eric Zaouali
Technicien du son : Jean-Paul Hurier
Effets spéciaux : Grégoire Delage
Effets visuels : Alain Carsoux
Cascades : Stéphane Boulay

Production : Pan Européenne Production, Wild Bunch, TF1 Films Production, Casa Productions
Distribution  : Wild Bunch Distribution

Relation presse : Alexandra Schamis (AS Communication)

INTERNET

Le site officiel : http://www.largowinch-lefilm.com/


Stéphane Pons
Stanislas Mohamed
14 décembre 2008



JPEG - 16.5 ko



JPEG - 16.3 ko



JPEG - 7 ko



JPEG - 13.2 ko



JPEG - 10.5 ko



JPEG - 8.5 ko



JPEG - 15 ko



JPEG - 10.8 ko



JPEG - 8.6 ko



JPEG - 7.5 ko



JPEG - 8 ko



JPEG - 12.2 ko



JPEG - 10.9 ko



JPEG - 6.8 ko



JPEG - 7.6 ko



JPEG - 9 ko



JPEG - 7.2 ko



JPEG - 12.9 ko



JPEG - 9.8 ko



Chargement...
WebAnalytics