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Vitesse de l’Obscurité (La)
Elizabeth Moon
Gallimard, Folio SF, N°329, roman, traduit de l’anglais (USA), 576 pages, février 2009, 9,10€

Lou Arrendale est autiste. Doué pour les mathématiques, il travaille pour une compagnie pharmaceutique. Autonome dans la vie, chaque instant de la semaine est planifié pour éradiquer les imprévus, sources de tracas. L’arrivée d’un nouveau supérieur et la découverte d’un traitement pour vaincre l’autisme chamboulent soudain cette routine.

Comment Lou va-t-il intégrer ces nouvelles données ?



Alors que la plupart des romans d’Elizabeth Moon relèvent de la science-fiction militaire, « La Vitesse de l’Obscurité » traite de l’autisme, un sujet qui la sensibilise particulièrement, car son fils, Michael, est lui-même autiste. Ce texte a remporté le Prix Nebula.

Le récit est à la première personne du singulier, ce qui permet une meilleure identification avec le personnage de Lou. Plutôt que de narrer « La Vitesse de l’Obscurité » de façon plus impersonnelle, l’auteur a préféré ce moyen et son choix est excellent, car on vit avec Lou le chamboulement provoqué par les évènements.
Les autistes rationalisent leur environnement, ils se créent des routines pour guider leurs pas au fil des jours. La moindre anicroche dans ces habitudes peut les troubler au-delà de l’imaginable.
De même, Elizabeth Moon pose une question très intéressante : qu’est-ce que la normalité ? Selon le point de vue, la réponse diffère. Il existe toujours des autres qui ne sont pas comme nous, alors plutôt que de les comprendre, de vivre en bonne harmonie ensemble, nous préférons les faire rentrer dans le moule, quelles qu’en soient les conséquences.
L’identification avec Lou est telle, que le lecteur s’étonne aussi de certaines tournures rentrées dans le langage commun. Dire de quelqu’un : « C’est un vrai chameau » se comprend, mais si l’on creuse plus avant l’expression, un humain n’est pas un chameau, alors pourquoi ajouter encore l’adjectif vrai ?
Elizabeth Moon réussit la performance de nous intégrer au monde de l’autisme et à nous faire partager une autre vision du monde. Les couleurs, la musique… tout concourt à sa beauté et à son équilibre.
Les épreuves changent Lou, le transforment et il accepte cela, se servant même de ces expériences pour voir plus loin et espérer enfin concrétiser ses rêves. Malgré les risques, il va de l’avant et nous donne une belle leçon de courage.
Malgré 570 pages et des passages parfois plus techniques, le propos ne lasse jamais, ce qui est une belle performance.
Pour résumer, c’est un livre magnifique qui ne laissera personne insensible.

Par certains côtés, ce livre nous rappelle « Des Fleurs pour Algernon » (J’ai Lu) de Daniel Keyes, mais le traitement en est différent et l’issue plus heureuse.

Même s’il est publié dans une collection étiquetée SF, « La Vitesse de l’Obscurité » contentera tous les lecteurs. Il fait fi des genres, son message est universel et s’adresse à tout un chacun.
Une œuvre à ne surtout pas manquer !
Et maintenant qu’elle est rééditée en poche (donc moins chère), il n’y a plus d’excuses pour passer à côté.


Titre : La Vitesse de l’Obscurité (The Speed of Dark, 2003)
Première édition française : Presses de la Cité
Auteur : Elizabeth Moon
Traduction de l’américain : Laure du Breuil
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Directeur de collection : Pascal Godbillon
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 576
Format (en cm) : 17 x 10,8(poche, broché)
Dépôt légal : Février 2009
ISBN : 9782070356799
Prix : 9,10€


- Voir aussi, en Yozone, l’avis de Stéphane Pons et celui d’Henri Bademoude


François Schnebelen
14 février 2009


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