Avec Kevin McKidd (Dan Vasser), Gretchen Egolf (Katie Vasser), Moon Bloodgood (Livia Beale), Reed Diamond (Jack Vasser), Brian Howe (Hugh Skillen), Charles Henry Wyson (Zack Vasser), Lisa Sheridan (Dr. Theresa Sanchez), ...
Dan est un bon père de famille sans histoires, citoyen américain parmi tant d’autres… Pourquoi alors le mettre au cœur d’une série fantastique ? Bien entendu parce que l’extraordinaire va survenir chez cet homme ordinaire. Dan devient Journeyman le jour où une force inconnue décide de le téléporter dans le passé. Ces voyages temporaires et temporels surviennent à n’importe quel moment de sa journée… Dan ne tarde pas à s’apercevoir que chaque voyage a un but précis : aider un humain du passé en changeant son destin…
Le thème du voyage temporel, souffrant d’une réputation désormais un peu ringarde, n’avait pas été exploré depuis longtemps, surtout en matière de série. Une série de genre, fantastique qui plus est, ne peut être qu’une bonne initiative. Chaque épisode se construit en fait comme une enquête policière : Dan est envoyé dans le passé sans le moindre élément, et doit découvrir petit à petit qui il doit protéger, et pourquoi. Les touches finales sont d’ailleurs souvent bien trouvées et originales : en général, on ne parvient jamais à deviner à l’avance la raison exacte de sa mission. S’il doit sauver Paul, c’est en fait parce que ce dernier va prendre en charge Jacques, qui va devenir un humanitaire exemplaire… des combines sommes toutes peu compliquées à mettre en place, mais assez efficaces pour le téléspectateur et en tout cas plutôt agréables.
Mais « Journeyman » souffre de plusieurs défauts cruciaux. Le pitch de la série ferait un bon épisode de la « Twilight Zone », mais multipliez ce même concept par treize, cela ne fera pas autant d’aventures plus surprenantes les unes que les autres. Certes chaque histoire est conçue intelligemment, mais si le concept est bon il reste assez limité. Le ton et la morale de chaque épisode rendent par ailleurs l’ensemble assez lassant. Un gentil citoyen qu’on a voulu rendre identifiable au point d’en faire un personnage un peu plat (donc du coup moins identifiable pour peu qu’on ait un brin d’estime de soi) se transforme en ange gardien du jour au lendemain. Oh ! le monde est plein de malheurs, il faut combattre cela ! L’admirable médecin sauvant des vies ou l’avocat défendant de grandes causes font partie de la panoplie d’humains en périls, assez clichés, censés être les points centraux des épisodes. Les personnages récurrents souffrent d’ailleurs de cette même platitude. Trop beaux, trop anodins, on est plongé à chaque séquence dans l’univers de Mr et Me Tout-Le-Monde.
Tout ceci fait de Journeyman une série définitivement sage, presque « rangée », ce qui dans le domaine du fantastique relèverait presque du blasphème. Les termes sont un peu durs à l’égard d’une production où pourtant tout se tient (si !), de la cohérence des histoires aux dialogues et interactions entre personnages. N’y voyez pas une mauvaise série, dîtes-vous simplement que cela se laisse regarder agréablement. Mais diable, qu’est-ce que ça manque de rock’n roll !
Tom Décembre
Le « Journeyman / Voyageur » débarquant prochainement sur l’antenne de M6, je crois qu’un autre avis s’impose pour que vous n’accusiez pas la Yozone de vous avoir fait passer à côté d’une série intrigante dotée de personnages attachants.
Vous l’aurez compris, mon sentiment sur ce programme diffère de celui de Tom en plusieurs points. Tout d’abord, je ne trouve pas que la thématique du voyage dans le temps se raréfie tant que ça à la télévision. Il en est indirectement question dans « Terminator : The Sarah Connor Chronicles » ou « Heroes », de façon contournée dans « Day Break » et sert directement de trame à des shows récents comme « Life on Mars », « Ashes to ashes », « Primeval » ou encore « Les 4400 » ainsi qu’à de nombreux épisodes de « Doctor Who » ou « Stargate Atlantis ». Concernant « Journeyman » j’avoue avoir été séduit pas les qualités d’écriture du pilote dont le savant twist final donne de l’épaisseur à ses personnages, aux sentiments qui les unissent et à l’intrigue que la série va développer au fil de ses 13 uniques épisodes. Il faut dire que si j’aime les histoires de super-héros, j’aime aussi les histoires avec des vrais gens (cela doit remonter à ma première vision du film de Don Siegle, « L’invasion des profanateurs de sépultures » qui m’avait sérieusement foutu les pétoches tant il était possible de s’identifier à ses protagonistes) et avec « Journeyman » on est servi.
Autre divergence de point de vue, l’étiquetage de la série. Alors que Tom parle de programme fantastique, « Journeyman » est à mon sens une série de science-fiction, comme le confirme l’apparition récurrente du chercheur en mécanique quantique à plusieurs stades du programme.
Ensuite, bien entendu, il s’agit d’une affaire de goût et contrairement à Tom, et pourtant dieu sait combien j’aime le rock’n roll, je n’ai pas trouvé « Journeyman » si moralisatrice. Certes, il s’agit d’une série made in USA tout public, mais ses personnages sont attachants et l’on ne peut que regretter que le programme ait été arrêté au bout de 13 épisodes. La trame puzzle qui se dévoilait enquête après enquête tenait toutes ses promesses et si l’épisode final à l’intelligence de ne pas trop nous laisser sur notre faim, on aurait aimé, enfin moi c’est sûr, que les aventures de Dan se prolongent dans le temps.
Bruno Paul