Les éditions Bragelonne étrennent leur nouvelle collection Milady par la réédition notamment de ce classique de Robert Mc Cammon, « L’Heure du Loup », déjà sorti en 1990 aux Presses de la Cité.
Valeur sure (salué par le Grand Prix de l’Imaginaire en 1992) ce roman n’a pas pris une ride. Il alterne les chapitres où Michael est aux prises avec les nazis, sorte de James Bond de la Seconde Guerre Mondiale, et les épisodes de son enfance avec de très beaux chapitres sur sa condition d’homme-loup.
Gallatin (prononcer « Gallatine », ascendance russe oblige -nettement plus classe que « Gallatin » qui rime avec crétin vraiment moins sexy comme nom pour un tombeur), plus d’un mètre quatre vingt-dix, quatre vingt dix kilos de muscles, yeux verts, j’en passe et des meilleures. Bref le genre de gars que vous voudriez croisez tous les matins dans la glace (les gars) ou au coin de la rue (les filles).
Gallatin donc, est appelé à la rescousse pour mener à bien une mission impossible auprès des services secrets britanniques. Il va s’en acquitter avec brio à travers l’Europe, de Londres à Berlin en passant par Paris. Il y croisera des résistants sympathiques et courageux, des méchants nazis tous plus horribles les uns que les autres, un cruel chasseur yankee passé à l’ennemi, une pulpeuse actrice agent double, un déserteur, Winston Churchill tout nu, une norvégienne de deux mètres de haut, un savant fou, deux dobermans, un faucon, un train de la mort, un camp de la mort, plusieurs sortes d’avions, un peintre dégénéré et tout ceci sans perdre la face.
Cela vous semble très stéréotypé, mais aussi impossible que cela paraisse, ça marche. Pourquoi ?
Grâce au talent de Mc Cammon qui, sous couvert d’un livre “thriller de gare”, nous ramène constamment à une réflexion plus profonde qu’il n’y parait. Ce sont l’alternance des chapitres mettant en scène des actions virevoltantes et ceux de l’apprentissage de Michael dans sa nouvelle condition d’homme-loup qui permettent de mener à bien ce tour de force sans tomber dans l’ennui. En changeant de registre Mc Cammon développe ses considérations sur la condition humaine-animale, qui sont de très loin les parties les plus intéressantes du roman et m’ont rappelées l’échange entre Fitz et le loup dans la série “L’Assassin Royal” de Robin Hobb. Elles nous évoquent l’esprit du loup, sa soif de liberté, ses sensations et l’esprit de la meute.
Et Mc Cammon en profite également pour mener à bien quelques réflexions bien senties sur la condition humaine et ses néfastes effets. Ivre de liberté, le loup ne peut rien faire face au plus impitoyable, au plus brutal, au plus féroce de tous les prédateurs : l’homme.
Pour quelques euros, vous ne pourrez pas lâcher ces 695 pages d’un thriller décoiffant, mâtinée d’une intelligente leçon d’humanité sans prétention. Un très bon livre.
PS : Je trouve la couverture de Bragelonne vraiment hideuse. Ils nous avaient habitués à mieux. À noter que dans le livre, la couleur des yeux du loup a son importance. Ils sont verts et pas rouges monsieur l’illustrateur !
Alors pour le coup, je vous remets l’ancienne couverture Pocket terreur.
Titre : L’heure du Loup
Auteur : Robert Mc Cammon
Couverture (bof) : epaurenko
Traducteur de l’anglais (américain) : Thierry Arson
Éditeur : Bragelonne
Collection : Milady
Directeur de collection : Stéphane Marsan & Alain Nevant
Pages : 695
Format (en cm) : 11 x 18 (Poche, broché)
Dépôt légal : 21 août 2008
ISBN : 978-2-8112-0016-9
Prix : 9€