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L’Art, la Science, la Réalité, une rose et un photon
La Rose suivi de La Nouvelle Réalité de Charles L. Harness
Délices & Daubes n° 119


Poussé par une fièvre d’achat compulsif autant qu’incongru, j’acquiers “La Rose” de C.L.Harness, Le Livre de Poche, 224 pages, 1980. Ce maigre bouquin (ô joie !) contient un court roman, une novella et une préface de Michael Moorcock. Tout ça pour un modeste nieuro, sûr que je n’avais pas de raison d’hésiter.

Le roman court, “la Rose”, 150 pages environ, est une très étrange histoire où un couple, l’artiste Ruy et sa femme, la scientifique Martha, s’opposent sur tout et le reste, se haïssent (donc s’aiment ?) et semblent être les seuls à faire tourner le Monde. Elle est du côté du manche, du Pouvoir, avec la police à sa botte, et se fait fort de résoudre l’intégralité des problèmes avec dix-sept équations constituant la Sciomnie. Lui vit dans la via Rosa, est peintre, sculpteur, chorégraphe, danseur, musicien, don juan, bossu, et d’une incroyable culture et intelligence. Ils discutent longuement sur qui, de la Science ou de l’Art, peut faire progresser l’humanité. Mais le lecteur suit la douce Anna, psychiatre chargée de s’occuper de Ruy qui a perdu la capacité de lire et d’écrire. Anna est aussi danseuse et chorégraphe, devient bossue comme son séducteur de patient et il lui pousse des cornes.

Ce récit oscille entre l’humour subtil et la hard SF (bon, la hard des années 50, ça se lit sans peine et même ça peut faire rigoler) mais surtout les questions posées et traitées sont loin d’être simples. Ce qui n’empêche pas l’aventure, l’action, et un final à couper le souffle avec l’émergence d’une nouvelle humanité. On n’est pas loin du chef d’œuvre, là.

La novella qui suit, “La Nouvelle Réalité”, est encore plus hard mais toujours avec ce décalage de 2 générations qui fait que ce n’a rien à voir avec les emmerdeurs d’aujourd’hui. Harness est sacrément cultivé pour son temps mais n’ennuie pas le lecteur, lui. Et là encore le final est magnifique.

On comprend l’admiration de Moorcock, Aldiss, Clarke et d’autres pour cet auteur peu connu et - faut-il en rajouter une couche ? – pas ré édité depuis une sacrée lurette dans notre beau pays qui préfère les elfes, les magiciens et les chevaliers… ou les matheux ou physiciens au long cours bardés de prix Hugo.


Henri Bademoude
31 août 2008


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