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Mouche Noire (La)
Film fantastique américain de Kurt Neumann (1958)
2 juillet 2008, reprise (13 mai 1959)


Genre : Fantastique
Durée : 1h34

Avec Vincent Price (François Delambre), David Hedison (André Delambre), Patricia Owens (Hélène Delambre), Herbert Marshall (l’inspecteur Charas), Kathleen Freeman (Emma), Betty Lou Gerson (l’infirmière Anderson), Charles Herbert (Philippe Delambre), Eugene Borden (le docteur Ejoute) Harry Carter (une infirmière), Torben Meyer (Gaston), Charles Tannen (un Docteur), etc.

Lorsque « La Mouche Noire » (The Fly) sort sur les écrans américains en ce 29 août 1958, personne ne s’attend vraiment à ce qu’un jackpot commercial vienne couronner l’entreprise. Les prédictions les plus optimistes seront vite dépassées et le film qui obtient un très beau succès public, participe même au lancement d’une mode (cf. « La Femme Guêpe » en 1960 et autres joyeusetés typées série Z).

Dans « La Mouche Noire », les apparences sont pourtant trompeuses. Contrairement aux scénarios classiques développés sur des sujets similaires ou connexes depuis les origines du genre, nul savant fou dans cette histoire. Pas d’aventure scientifique moralement réprouvées ou interdites non plus. Juste un chercheur doué, bon père de famille, maris aimant, sans ennemis particuliers, qui lors d’une expérience est victime d’un gros problème en forme de négligence imprévue. Bref, c’est la faute à pas de chance et à rien d’autre.
Autre originalité du propos, le scénario va jouer du flashback et installer une narration à rebours basée sur le récit des événements délivré par une épouse fortement choquée par l’affaire.
Et oui, prise de risque intéressante, tout commence par la mort du savant dans l’atelier de sa petite entreprise. Sa tête et un de ses bras ont été écrasés par une presse à métaux hydraulique géante. Paradoxe ultime, c’est tout bonnement sa femme qui a lancé le système létal et l’avoue sans aucune difficulté.
L’intérêt du film sera donc dans l’explication du “pourquoi” et non dans la recherche du “comment”.

Intrusion délicate du contexte imaginaire et fantastique dans la narration, un comportement étrange et quasi hystérique saisit la meurtrière dès qu’elle entend une mouche voler !

Intelligemment et très classiquement réalisé, « La Mouche Noire » se démarque de nombre de ses prédécesseurs (ou suivants) justement par cette volonté de ne point trop en faire dans l’horreur et le sensationnel. Les effets spéciaux sont réduits au strict minimum et seules deux scènes vraiment chocs -totalement réussies d’ailleurs- établissent les fondations fantastiques du sujet. La première offre une vision assez traumatisante du savant post mutation, la seconde boucle la boucle en nous montrant ce qu’il est advenu de l’insecte, lui aussi passablement transformé.
Fidèle à la démarche originelle, la réalisation de Kurt Neumann –cinéaste d’origine allemande, né en 1908 à Nuremberg et malheureusement décédé une semaine avant la sortie du film le 21 août 1958- s’appuie sur le scénario du professionnel James Clavell (« La Grande Évasion » en 1963 et producteur de la série « Shogun » dans les années 80). Elle suit pas à pas la logique d’enquête policière (et familiale) qui conduira graduellement François, le frère du défunt (Vincent Price) et l’inspecteur Charas (Herbert Marshall) vers le grand secret.
Habilement, personne ne tente de noyer le spectateur sous un déluge d’explications scientifiques ou sur d’éventuelles machines infernales. Non, le propos est réellement centré sur les aspects dramatiques et humains engendrés par cet « accident technologique ».
Á noter, bien que disposant de quelques variantes importantes, le film reste quand même une adaptation assez fidèle de la nouvelle originelle de George Langellan -récemment rééditée avec un texte de même inspiration chez Flammarion (« La Mouche & Temps Mort », GF 2008).

Plus anecdotique, les habitués de la VO noteront quelques petits détails amusants. Si l’histoire est située au Canada (à Montréal pour être précis), il en résulte que plusieurs personnages secondaires et d’origines populaires (le gardien de l’usine, par exemple) parlent un anglais très marqué par un fort accent français. De même, le spectateur francophone notera par ricochet quelques mots prononcés en français et involontairement imprégnés d’un fort accent américain -que les acteurs tentent vainement de masquer via de louables efforts d’articulation. On sent bien que tout cela a été pensé pour le public US car sur le fond, ces différences d’accents sont assez peu fidèles à la situation linguistique des lieux.
Par ailleurs, les premiers rôles, même quand ils ont des noms à consonances francophones (l’inspecteur Charas, toute la famille Delambre) ont eux, un accent américain ou anglais parfait.

Au final, on passe toujours un excellent moment de divertissement, rondement et intelligemment mené. Petit classique du cinéma fantastique, mais film plus important qu’il n’y paraît, cette « Mouche Noire » connaîtra une suite directe avec « Le Retour de la Mouche Noire » (The Return of the Fly, 1959) et même une sorte de conclusion avec « La Malédiction de la Mouche » (The Curse of The Fly, 1965).
Deux remakes contemporains seront produits à la fin des années quatre-vingt. Le premier, sobrement intitulé « La Mouche » (The Fly, 1986) de David Cronenberg est remarquable, le second, « La Mouche II » (The Fly II, 1989) de Chris Walas est une suite horrifique de bonne tenue.
Une énième nouvelle version de « La Mouche » fut longtemps annoncée pour 2008, nul bourdonnement notable n’est parvenu à nos oreilles à ce jour.

Reprise intéressante pour les amateurs de cinéma fantastique, revoir cette « Mouche Noire » sur grand écran et incontestablement un plaisir à ne pas se refuser.

PS : si malheureusement vous ratez cette sortie, pas d’affolement, l’intégralité des cinq films évoqués est disponible en édition DVD diverses et variées (y compris et surtout sur le marché de l’occasion). Évidemment, sur grand écran, c’est toujours mieux.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : The Fly (La Mouche)
Réalisation : Kurt Neumann
Scénario : James Clavell
D’après la nouvelle de : George Langellan (La Mouche, GF, poche, 2008)

Producteur : Kurt Neumann, Robert L. Lippert

Photographie : Karl Struss
Musique : Paul Sawtell
Directeur artistique : Theobold Holsopple, Lyle R. Wheeler
Décors : Eli Benneche, Walter M. Scott
Costumes : Adele Balkan
Coiffures : Helen Turpin
Maquillages : Ben Nye
Son : Eugene Grossman, Harry M. Leonard
Assistant réalisation : Jack Gertsman
Monteur : Merrill G. White

Production : 20th Century Fox (USA)
Distribution : Splendor Films (France, 2008)
Presse : M. Olive


Stéphane Pons
2 juillet 2008



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