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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Rencontre avec Andrea Mutti
Break Point et Arrivederci Amore
Quand BD rime avec Italie et thriller...


La Yozone a une franche tendance à superviser le mouvement assez important qui agite la filière franco-italienne dans le monde globalisé de la bande dessinée. De partout nous arrivent ces sublimes athlètes du crayon et du pinceau, au trait souvent réaliste et percutant.
Une invasion souhaitée par la filière franco-belge pour des Italiens dont les débouchés sont faibles dans leur pays. SF, thriller, Fantastique, nous en verrons d’autres car beaucoup attendent qu’on leur propose tout bonnement de bonnes histoires pour nous prouver leur flamme pour le 9e Art.

Après Roberto Ricci, Isabelle Le Bail rencontre Andrea Mutti.
Plus de points communs que vous ne croyez puisque les deux travaillent avec Saimbert au scénario et que le premier à story-boardé le Break Point (T1 : La Matriochka) du second. Tout cela dans la collection Haute Tension d’Albin Michel.

Place donc à ce diplômé de l’école des Arts Visuels de R. Sosa à Brescia, de géométrie à l’Institut N. Tattaglia, ce passionné de bande dessinée au point d’en animer des séminaires dans des établissements scolaires. Il a dessiné Nathan Never , s’est beaucoup amusé entre théâtre et illustration, joue aussi bien de la SF que du polar ou du thriller.

Le second Break Point vient de sortir chez Albin Michel (Le Cheval de Troie - sept. 2004 et une Intégrale de ce thriller en deux volumes est également disponible), alors que Arrivederci Amore déboule chez Vents d’Ouest pour Histoire d’une canaille, début d’un second sillon sanglant tracé par Mutti, cette fois sur une adaptation (de Crovi) d’un roman de Massimo Carlotto, un Maître du polar italien.

Eiff’el, vas-y, passe à Isa...

Andrea, d’où te vient cet intérêt pour la bande dessinée ?

Quand j’avais 12-13 ans, j’ai lu une très belle histoire d’un personnage très populaire en Italie : Ken Parker . L’histoire s’intitulait « hommes, bêtes et héros ». J’ai été ému et j’ai pensé que faire ressentir de telles émotions avec une BD était quelque chose de magique. J’ai alors décidé que je voulais essayer moi aussi !
Depuis, je n’ai pas cessé de dessiner !

A partir de quel moment te destines-tu à faire carrière dans le dessin, la bande dessinée ? Trouves-tu rapidement de quoi en vivre ?

Mon tout premier travail (c’est à dire où j’étais payé pour ce que je faisais) a été des strips humoristiques sur fond politique pour un hebdomadaire italien. Je m’amusais beaucoup !
Cependant, ma première expérience vis à vis du grand public, ce fût une série de science-fiction nommée DNAction . Il n’en était sorti que le numéro zéro, mais ensuite, de nombreux dessinateurs s’y sont impliqués (parmi lesquels mon grand ami Angelo Bussacchini), ont été remarqués et firent leur chemin. J’étais le créateur graphique de la série et je voudrais, si c’est possible, saluer les auteurs-scénaristes de la série : Maurizio Dottori, Gabriele Picchi et Arturo Fabra ,de très grands amis !!!!

Quels sont les rencontres ou les événements qui t’ont permis de progresser dans la BD ?

Après l’expérience de DNAction , je passe à une autre maison d’édition avec laquelle je réalise deux courtes histoires d’horreur. Avec ces planches, je me suis présenté à mes anciens camarades de l’école d’Art qui travaillaient sur une série SF appelée Hammer . Comme mes planches leur ont plu, j’ai pu faire deux volumes de cette série qui s’est malheureusement arrêtée prématurément.
L’étape Hammer a été importante : on travaillait beaucoup et la supervision de tout le groupe m’a permis d’énormément progresser du point de vue stylistique. Ce fût une rencontre décisive.

Puis arrive le grand saut chez Sergio Bonelli Editeur où j’ai travaillé environ dix ans sur une série très populaire : Nathan Never .

Quelles sont tes influences artistiques ?

Oh, elles sont nombreuses ! J’ai commencé en copiant un peu tout le monde ! Pratt, Milazzo, Mignola, Moebius, Davis, Toppi. Je crois que pour obtenir un style personnel (qui est cependant toujours en évolution), il faut tout observer : la réalité, les films, les autres artistes, les peintres, lire. Puis, peu à peu, on parvient à trouver son style propre, avec des influences peut-être, mais ça c’est normal, comme une loi de la nature.

La BD n’est pas la seule corde à ton arc je crois ? ;o)

Non, c’est juste. Je travaille aussi en tant qu’illustrateur pour des couvertures de journaux, livres, magazines et, parfois, pour la publicité. Avec Angelo, nous avons fondé depuis deux ans l’Artwork Studio.
J’ai aussi fait du théâtre pendant dix ans, en m’amusant beaucoup ! Et j’espère que le public, lui aussi, s’est beaucoup amusé !!! ;-))))))
- Ce dont je suis très fier, c’est d’avoir réalisé la mise en scène d’une vidéo musicale pour le groupe rock Blu Vertigo. La vidéo (Altre forma di Vita) a ensuite remporté le MTV Music Awards (1996) ! Ce fut très amusant !!

Ta rencontre avec Saimbert a été plutôt originale ! Qu’est-ce qui t’a donné envie de travailler avec lui sur Break Point ?

On pourrait dire une rencontre « télématique » ! Mon éditeur italien, Andrea Rivi (que je ne cesserai jamais de remercier !! Grandiose !) m’appelle un jour pour me dire qu’un scénariste cherche un dessinateur pour une série SF. C’est ainsi que j’ai pris contact avec Phil ! Ce fût « amour au premier e-mail » ;-))))) Nous avons eu immédiatement un bon feeling et nous avons travaillé très dur sur son projet appelé La tombe de Dieu . Il nous a fallu environ huit à neuf mois d’études de personnages, de véhicules, d’ambiances et de pages pour que ce soit satisfaisant, mais cela n’a malheureusement pas suffisamment plu aux éditeurs (argh !!!!!!).
Alors, Phil m’a proposé le concept du thriller Break Point et c’est ainsi que commence notre aventure éditoriale.

Avec mes nombreuses années passées dans la SF, je pensais avoir du mal avec les ambiances urbaines réalistes. Au contraire, ma passion pour le thriller (romans, films...) explosa aussi sur les planches... en espérant que cette passion se communique également aux lecteurs !!! ;-)

Je me souviens du voyage à Paris pour rencontrer l’éditeur : un moment magique !
Par ailleurs, avec cette série, je pouvais enfin travailler avec mon grand ami et partenaire Angelo Bussacchini , un artiste avec un A majuscule !

Comment se passe alors votre collaboration ? Es-tu intervenu sur le scénario ?

Eh bien, le scénario était très solide. Je ne suis intervenu que sur deux points, mais pour une simple question technique. Côté narratif, l’histoire était aussi diabolique qu’efficace !
Cependant, avec Phil nous parlons et échangeons toujours nos points de vue. Une synergie parfaite. Je crois que c’est un peu la recette des bons produits, non ?
Puis, chose importante, nous sommes amis. Nous nous retrouvons dès que possible avec nos familles respectives. Bref, sans parler du travail, on a instauré un rapport extraordinaire. J’ai de la chance !

Une anecdote : le mafieux de l’histoire, Calabrese, s’appelait d’abord Serpieri. Mais il n’était pas assez « mafieux » ! ;-)))))) Calabrese est le nom de mon metteur en scène quand je jouais au théâtre et là, c’est un nom typiquement « mafieux » ! (rires !!!!!!!)

Tu as choisi personnellement ton coloriste pour Break Point, Angelo Bussacchini. Qu’est-ce qui a été déterminant dans ton choix ?

Ce n’était pas nécessaire de décider. Cela fait des siècles que nous voulions travailler ensemble mais, en Italie, on n’utilise pas la couleur pour les comics. Donc nous avons démarré avec un enthousiasme au maximum !
Angelo est un maître de la couleur et un passionné de récits noirs, comme moi. Choisir les lumières, les ombres ou les atmosphères avec lui est un vrai plaisir. On apprend beaucoup de choses.
Quand Phil a vu les planches en couleurs, il en est resté sans voix.
La technique picturale est ancienne : huile sur feuille de coton. C’est une idée d’Angelo qui, à notre avis, développe une importante force narrative et émotionnelle.

Ce ne doit pas être facile de trouver l’équilibre entre dessin et couleur quand il y a deux protagonistes ?

Sincèrement, cela a été très facile. Vraiment. Je crois que nous sommes complémentaires. J’ai une marque plutôt soignée et réaliste, également graphique et Angelo a une connaissance picturale ahurissante. L’osmose entre nous se retrouve sur les planches. La fluidité du drapé ou l’expression des visages est une synthèse entre nous qui me plait énormément.
Notre équipe n’a ni protagoniste ni second rôle. Nous sommes un groupe qui veut s’amuser et amuser, émouvoir. Bref, nous voulons apporter quelque chose au lecteur. C’est peut-être un peu idéaliste, mais nous sommes tous les trois des lecteurs avant d’être des auteurs. Nous ne devons jamais oublier cela, personne ne le devrait. Nous ne voulons ni ne devons perdre ce côté magique qui gravite autour de notre travail. Peut-être suis-je trop philosophe !!!
_ ;-)))))))))))))))))) ????

Existe-t-il une forme d’identification aux personnages ?

Eh bien, disons qu’il y a toujours quelque chose de personnel. Par exemple, je suis moi aussi issu d’une famille de mafieux (rires !!). Non, non, je plaisante, évidemment !!

Dans Break Point , j’aime beaucoup Alex, un cavalier solitaire et aussi quelque peu romantique, même si ensuite il tue des gens !
Ensuite, j’ai de l’affection pour William parce que c’est mon frère ! Vraiment ! Pour le Will corpulent, c’est mon troisième frère qui lui a donné le visage et l’aspect (j’espère qu’il ne se vexera pas car maintenant il a maigri !). J’essaie toujours de me baser sur des modèles humains pour donner corps aux personnages et pour en tirer les expressions ou la psychologie.
Tout comme mon frère, Will est un timide, mais qui sait ce qu’il veut ! Puis, eh bien, il est assez évident que Miller-Gorgone, c’est moi ! Miller a mon visage, un visage normal, mais qui cache un secret terrible. Disons que Miller aussi est un acteur qui joue un rôle en dissimulant son côté méchant. Bien sûr, moi, je n’ai pas de masque caché dans mes tiroirs !

Avec Pellegrini dans Arrivederci Amore , il n’y a aucune identification, juste de la sympathie pour une maudite canaille !!

Qu’est-ce qui t’a demandé le plus de travail ?

Pour Break Point , les personnages. Il y en avait tellement, avec pour chacun un profil psychologique particulier et des caractéristiques fortes et reconnaissables, non stéréotypées. J’ai recherché un certain réalisme. Il n’ y a donc pas d’hommes super beaux ni de femmes super belles. L’histoire est réaliste et le milieu où évoluent les personnages est fortement réaliste. Donc tout devait être cohérent.

Dans Arrivederci Amore , le travail le plus dur a été celui sur les décors. On passe de la jungle aux villes de Padoue, Milan et Paris... bref, je ne pouvais ni ne voulais inventer aucun de ces endroits. Je me suis donc beaucoup documenté. Par exemple, un jour, mon éditeur de Vents d’Ouest (Eric Adam, le mythe !) m’a envoyé des photos de cabines téléphoniques de Paris pour que je les dessine correctement. Ce n’était que pour une seule case, mais il fallait que ce soit précis ! C’est un des côtés les plus beaux de notre travail.

Je profite du moment pour remercier mes éditeurs : Elisabeth Haroche pour Albin Michel et Eric Adam qui m’ont beaucoup stimulé et avec qui j’ai d’excellentes relations. Si notre travail plait, c’est aussi grâce à eux !

Avec ces deux histoires sombres, peut-on dire que tu as une attirance particulière pour ces ambiances ? Qu’est-ce qui te plait tant dans ce genre ?

J’adore ce genre ! Il me rend fou ! J’aime le suspense, les atmosphères, les coups de théâtre, la tension. Ce sont des éléments très émotionnels et ils me procurent des sensations fortes. J’aime raconter des histoires dures pour pouvoir aussi libérer mon « côté obscur » ;-)))))). Et probablement afin de décharger un peu d’adrénaline qui, je l’espère, se propage jusqu’au lecteur. Ce qui est fascinant dans ce genre, c’est qu’il n’a pas de limites. On peut faire des histoires noires avec toutes sortes d’ambiances : historiques, actuelles, passées et futures. Des possibilités extraordinaires. Prenez Le Nom de la Rose  : n’est-ce pas l’un des polars les plus extraordinaires jamais écrits ?

Qu’est-ce qui te tient le plus à coeur dans la réalisation d’une BD ?

Que l’ensemble fonctionne à la perfection, qu’il y ait du rythme et de l’émotion. Quand je travaille sur une histoire, j’essaie de faire très attention à ce que le lecteur s’arrête pour sentir la tension. Notre but (non pas uniquement le mien, bien sûr) est de faire en sorte que le lecteur reste scotché jusqu’à la dernière page, qu’il n’ait pas de temps mort. Notre règle est de débuter la planche par un point d’exclamation et de l’achever par un point d’interrogation. Tu vois ce que je veux dire ? (j’espère être clair, bon sang ! ;-))). Kidnapper le lecteur, lui faire croire et vivre ce qu’il voit et lit ! Bref, le divertir, comme nous nous divertissons à faire ce que nous faisons. Le scénario, le dessin et les couleurs doivent être un instrument parfaitement accordé. En tous cas nous essayons d’atteindre ce but !!

Tu as travaillé tour à tour sur ces deux séries. Comment as-tu jonglé de l’une à l’autre ?

Sincèrement, passer de l’une à l’autre était très relaxant. Vraiment très chouette !
Je l’ai vécu comme une synergie procurant du plaisir. C’est aussi parce que le nombre de pages (je l’ai peut-être déjà dit, excusez-moi) à réaliser est bien plus faible que ce que je faisais d’habitude. Cela m’a beaucoup stimulé et travailler en parallèle a été agréable, efficace. Trois jours sur Break Point et trois sur Arrivederci Amore  : un vrai bonheur !

Je trouve un petit air de famille entre Giorgio et William, mais peut-être est-ce lié à leur coiffure ? ;o)

Vraiment ? Eh bien, c’est Will qui doit être content ! En réalité, je les trouve très différents. Le visage de Pellegrini est en tous cas un beau visage, damné certes, mais cela donne quand même un bel homme, fascinant et sexy. Par contre, Will a un visage typé, non seulement parce qu’il est gras, mais aussi parce qu’il représente ce qu’il est : un bon gros inoffensif. Bon, pas si inoffensif que ça à la fin. Will a le nez en patate et les yeux globuleux. Giorgio a les pommettes saillantes et une mâchoire de dieu. Les cheveux, en effet, se ressemblent !

Un pari difficile pour Arrivederci Amore que de réaliser une BD à partir d’un roman !

Adapter un roman comme Arrivederci Amore de Carlotto n’est pas chose vraiment simple. Avant de commencer, on a discuté du comment et du pourquoi... et le résultat, celui des albums de BD, donne finalement satisfaction à tout le monde.
Les lecteurs du roman trouveront, j’en suis sûr, le même esprit et les mêmes sensations que dans le roman parce que, selon tous les auteurs, la BD se devait de respecter les caractéristiques fondamentales du livre de Carlotto.
Le roman est sec, minimaliste, rapide à lire, une ... flambée. Ce n’est pas la descente classique dans l’enfer d’un criminel. C’est tout le contraire. C’est la vie brûlante et terrible d’une personne sans scrupules qui consomme cette vie sans la vivre vraiment.
Par conséquent, la BD doit se consommer (tout comme le roman lui même) rapidement, sans halte ni pause. C’est très important pour ceux qui ne connaissent pas le roman ou le style de Carlotto en général. Ce style inimitable qui fait qu’il est devenu ce qu’il est, ce style qui, à notre avis, devait être respecté dans la version en BD.

Pellegrini n’est pas du genre à ébaucher de longs discours, il n’établit jamais de relation avec quiconque, mais il prévoit de façon intéressée ce qu’il pourra obtenir de ceux qu’il rencontre. Dans le livre, cet élément est extraordinaire. Tout est basé sur Pellegrini et sa spéculation sociale, amoureuse, économique, de travail. Par ailleurs, tant dans le roman que dans la BD, il n’y a pas de longues descriptions. Le point de vue du lecteur est uniquement celui de Pellegrini. Il n’y a pas de place pour les implications personnelles, pour les identifications. Pellegrini nous impose de le suivre, c’est tout. Il n’accepte pas de compromis, ni avec les personnages, ni avec le lecteur.

Combien d’albums y aura-t-il ?

Au début, on hésitait entre deux et trois tomes. Finalement nous avons opté pour deux parce que nous craignions de ne pas calibrer le récit correctement. Également afin de ne pas dénaturer l’âme du roman qui, sur trois albums, aurait probablement été trop long.
Travailler sur ce projet m’a beaucoup enthousiasmé, et, si j’avais pu continuer sur encore dix albums, j’en aurais été content !! ;-))))))

A quand la parution ?

Eh bien, je crois que ce sera en avril... je ne m’en souviens pas bien !!! En tous cas, les lecteurs n’attendront pas longtemps et ... il y aura une grosse surprise pour ceux qui auront lu le roman !!!!

Quels sont les horizons que tu souhaites maintenant explorer ? Il y a des réalisations auxquelles tu tiens particulièrement ?

Avant tout, bien continuer ce que nous avons, en fait, à peine commencé. D’autres albums sont prévus dans la collection Haute Tension). La collection est très belle et nous voulons être reconnaissants pour la confiance que nous accorde Albin Michel. Nous avons d’autres projets que nous ferons ensemble et, à mon avis, ils sont vraiment solides. Travailler avec eux est un honneur plus qu’un plaisir. C’est la même chose pour Vents d’Ouest. J’en suis à la fin du deuxième tome de Arrivederci Amore et je dois rencontrer mon éditeur pour un projet (toujours un thriller) qu’il m’a proposé. J’en suis très flatté et je suis pressé de commencer !

Entretien réalisé par Isabelle Le Bail
Remerciements à Pierre Frigau pour la traduction.

Mis en scène par Eiff’el - 06/11/2004



Fabrice Leduc
Isabelle Le Bail
22 novembre 2004




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Andrea Mutti



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Sanglante Matriochka



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Thriller 100% suspense...



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Il aime les comics...



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Crayonné pour Hulk.



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le même en couleur



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Nathan Fever



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Extrait de Break Point



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Extrait de Break Point



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La Gorgone



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Gorgone ???



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... je doute !



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Arrivederci Amore



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BK



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L’Intégrale Break Point



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Noirs et ombres...



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On arrive au bout.



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à bientôt...



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