Genre : Chef d’Œuvre (Historique)
Durée : 1h33
Copies neuves dès le 9 juillet 2008 : Le Champo (Paris 5e), Utopia (Toulouse), Le Palace de Mulhouse (Mulhouse)
L’annonce de la reprise du film
La bande annonce en VOST
Avec Klaus Kinski (Don Lope de Aguirre), Ruy Guerra (Don Pedro de Ursua), Helena Rojo (Inez), Alejandro Repulles (Gonzalo Pizarro), Cecilia Rivera (Flores), Edward Roland (Okello), Del Negro (Gaspar de Carvajal), Peter Berling (Don Fernando de Guzman), etc.
Inspiré par des faits historiques, Werner Herzog revisite à sa façon un épisode de l’exploration guerrière de l’Amérique du Sud par les Conquistadors.
La beauté irrationnelle et pourtant naturelle d’un environnement sauvage incontrôlable, la barbarie des hommes dans toute sa splendeur, l’hallucinante performance d’un Klaus Kinski, autant d’éléments parfaitement manipulés par un réalisateur au sommet de son artisanat qui créent une des œuvres les plus puissantes du cinéma contemporain.
Il y a d’abord cette longue première scène, marche vertigineuse adossée à une montagne que l’on croit indomptable. Une troupe avance telle la procession d’une armée de fourmis.
Il y a ensuite ce que l’on pourrait croire être une narration décousue alors qu’il ne s’agit que la fidèle retranscription de la folie des hommes.
Et puis, au bout du voyage, l’abandon, le renoncement contraint et la mort en guise de fardeau à porter quoi qu’il arrive.
Et au milieu coule toujours une nature plus grande que tout.
On connaît plus ou moins la légende qui entoure le film, les rapports conflictuels entre le réalisateur et son acteur vedette, les difficultés du tournage que l’on devine derrière chaque plan. On oublie bien souvent la beauté quasi surnaturelle provoquée par tout ce qui émerge derrière l’errance d’une petite troupe poussée par sa conviction de trouver l’Eldorado.
Aller au bout de son voyage pour se rendre compte qu’il ne peut avoir de fin en guise de morale limpide à l’acte fanatique censé masquer des intentions inavouables.
Civiliser pour conquérir, s’enrichir sur le dos de l’autre, les sujets ne sont pas nouveaux mais vieux comme l’humanité. Le talent du réalisateur est aussi dans la cohabitation parfaite entre le bien et le mal, le beau et le laid, que chaque plan propose.
Récit parti pour être réaliste, le film dispose et décide par lui-même de ce qu’il sera. Et forcément, l’imaginaire s’impose, mutation consubstantielle de la somme des parties proposées. Entre réalisme et intimisme introspectif, seul le rêve survit.
Sachant parfaitement où il va, Werner Herzog accouche d’un film éblouissant et stabilise sa pensée créatrice en provoquant ses spectateurs.
Apercevoir et comprendre la folie de l’autre, c’est aussi deviner la sienne derrière la carapace des apparences qui nous protège...
Les scènes d’anthologies sont multiples, la bande originale du groupe Popol Vuh tresse une mélodie hypnotique et la bascule des genres.
Construisant une grammaire du film historique totalement novatrice, « Aguirre, La Colère de Dieu » est aussi un coup de pied bien placé et donc dérangeant dans l’art de raconter une histoire.
Et si la colère de Dieu n’était que la folie des hommes ?
À ne surtout pas rater et à revoir, à revoir, à revoir.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : Aguirre, der Zorn Gottes
Réalisation : Werner Herzog
Scénario : Werner Herzog
Inspiré par des faits historiques.
Producteur : Werner Herzog, Hans Prescher
Coproducteur : Daniel Camino
Photographie : Thomas Mauch
Musique : Popol Vuh
Montage : Beate Mainka-Jellinghaus
Effets spéciaux : Juvenal Herrera, Miguel Vázquez
Assistant réalisateur : Orlando Macchiavello
Son : Herbert Prasch
Directeur de production : Gustavo Cerff Abulu
_ Assistant de production : Martje Grohmann
Coordinateur de production : Walter Saxer, Lucki Stipetic
Production : Werner Herzog Filmproduktion (Allemagne)
Distribution (2008) : Madadayo Films (France)
Presse : Jean-Bernard Emery (Madadayo Films)
SITE INTERNET
http://virb.com/madadayo (site officiel de la reprise 2008)