Le destin de la série New Amsterdam et de son héros principal, Johann van der Zee alias John Amsterdam (Nikolaj Coster-Waldau), a été clôturé par la Fox après huit épisodes le 10 mai 2008. Ce qui devait être une série en 13 épisodes ne connaîtra jamais (a priori) de dénouement. La faute (officiellement) à la grêve de scénaristes US (et à un succès mitigé lors de sa diffusion, avouons-le).
Dommage, car si l’idée de départ a un petit côté « Highlander » charmant, le propos est bien différent. Pas d’affrontement répétitifs entre immortels avides de sang, non, il s’agit tout simplement du récit de la vie d’un homme qui est devenu immortel grâce à l’affirmation de son humanité.
Ayant décidé de sacrifier sa vie pour sauver quelques indiennes qui allaient être massacrées, Johann van der Zee, né le 1er juin 1607 à Amsterdam, est étrangement récompensé par le don de la vie éternelle et un cadeau tout aussi mystérieux : le jour où rencontrera son âme sœur, il sera de nouveau comme vous et moi, un homme normal.
Quand nous le retrouvons en ce début de 21e siècle, il est un des principaux inspecteurs de la police de New York (section Homicides) et se nomme John Amsterdam. Chaque épisode posera donc, comme postulat narratif de base, une enquête policière très contemporaine.
Mais tout cela n’est qu’arguments scénaristiques car l’intrigue de fond, l’intérêt principal de la série, est sur d’autres sujets.
Chaque nouvelle aventure rappelle à John Amsterdam un épisode de son passé -que nous revivons avec lui-, chaque exploration d’un quartier actuel de la Big Apple est le prélude à la revisitation de l’histoire de cette ville et des États-Unis.
Les premiers colons, la Guerre de Sécession, la prohibition, les années folles, la grande guerre, la ségrégation, etc, les thèmes abordés sont multiples.
On se rend très vite compte que l’idée de départ de la production était aussi de donner à cette série fantastico-policière un contenu sociétal et historique via un véhicule scénaristique finalement très romantique.
Car John Amsterdam a beau être immortel et donc quasi invincible, fort de ses expériences passées et donc brillant dans ces déductions, il n’en reste pas moins un homme sensible cherchant sa Juliette... qu’il découvre peut être très vite (Pilote) en la personne de la charmante doctoresse Sarah Dilane (Alexie Gilmore) qui constate son décès (crise cardiaque dans le métro) et cherche à comprendre comment son cadavre a disparu de la morgue de l’hôpital (because résurrection à l’improviste).
Autre bonne idée, John Amsterdam a un fils d’une bonne cinquantaine d’années, Omar (parfaitement interprété par Stephen Henderson), qui aurait plutôt l’air d’être l’ami du défunt père. Il partage aussi son temps avec une nouvelle et très décidée collègue détective en la personne de Eva Marquez (Zuleikha Robinson).
D’autres personnages récurrents pimentent la série de leur présence également : sa charmante commissaire, un collègue détective un peu lourdaud, etc.
Versant humoristique, chacun de ses nombreux chiens successifs porte un numéro (son rang par ordre d’apparition), le dernier répondant au patronyme de « 37 » !
Petite précision, Omar est la seule personne qui sait que John Amsterdam est immortel !
Quête de l’amour de toujours, exploration de l’histoire des USA et de New York, la série New Amsterdam présente aussi quelques enquêtes policières un rien tordues (serial killer et autres meurtres zarbis) mais rien de fantastique de ce côté des scénarios.
Générique sympa où l’on voit la ville se transformer à travers le temps puis via quelques photos d’un carrefour célèbrissime, c’est véritablement le contenu fantastico-romantique qui emporte le morceau et mérite que l’on s’intéresse sérieusement à tout cela. Le duo d’amoureux formé par John Amsterdam et Sara Dilane est en outre très crédible et charmant (casting réussi).
Quelques épisodes sont vraiment touchants et aucun n’est réellement raté.
Pas de bol, pas de chance, la Fox n’a visiblement pas décidé de donner suite à la production originelle des huit premiers épisodes et il semble bien qu’à part un miracle (ou une résurrection imprévue), New Amsterdam restera à jamais une bonne série fantastique trop vite interrompue.
On le regrette vraiment, ne serait-ce que parce qu’on n’en connaîtra jamais la fin (avait-il réellement trouvé son grand amour ?) et aussi, il faut bien le reconnaître, on s’était habitué à ce rendez-vous hebdomadaire agréable et sans prétention, bien ficelé et gentiment distrayant.
FICHE SÉRIE - LISTE DES ÉPISODES
Pilot
Première diffusion US le 4 mars 2008
Présentation des principaux personnages de la série (Amsterdam, Omar, Eva Marquez) et découverte de l’immortalité de John Amsterdam et de sa quête.
À travers une première enquête, nous commençons à mieux comprendre le héros et son passé.
Suspense : sa crise cardiaque est-elle bien le signe qu’il attendait et si oui, retrouvera-t-il la femme qui en est la cause ?
Bilan : une entrée aguichante et accrocheuse dans la série.
Distribution principale : Nikolaj Coster-Waldau (John Amsterdam), Zuleikha Robinson (Eva Marquez), Stephen McKinley Henderson (Omar), Alexie Gilmore (Dr. Sara Dillane), Robert Clohessy (Détective Santori), Susan Misner (Callie Burnett), James Harrold (Mank).
Distribution complémentaire de l’épisode : Louis Antonio Aponte (Perez), Christian Corp (Rebecca), Kristin Griffith (Mrs. Carlton).
2. Golden Boy
Première diffusion US le 6 mars 2008
Un épisode qui démarre par une enquête sur la mort mystérieuse d’un étudiant d’un des collèges les plus class de New York. Première révélation sur le passé d’Amsterdam : Omar est son fils et on apprend comment tout cela est arrivé en 1941.
Questionnement sur la paternité, la ségrégation, on découvre un autre pan du passé de John Amsterdam et on comprend mieux quelques uns de ses problèmes actuels
Bilan : un très bel épisode, doublé par de belles ambiances un rien mélancoliques et le beau spleen existentiel du héros.
Distribution complémentaire : Chad L. Coleman (Lt. Bobby Graham), Anastasia Griffith (Hannah Cleary), Charles Borland (Paul Cleary), Yolanda Ross (Lily Mae Brown), John Sharian (Jack Shaw), Alana Jerins (Irene Shaw), Jamie Harrold (Mank), Betty Gilpin (Marika), etc.
3. Soldier’s Heart
Première diffusion US le 10 mars 2008
Un vétéran de la Guerre du Golfe est le principal suspect dans une affaire d’homicide sur la personne d’une psychiatre bénévole.
John Amsterdam et Eva vont tirer les fils d’une histoire plus complexe qu’il ne semble pour finalement parvenir à démasquer le coupable.
Dans le même temps, notre immortel rencontre enfin et vraiment celle qu’il pense être son grand amour. Mais comment lui expliquer tout cela ?
Bilan : paradoxalement, cet épisode retient surtout l’attention via l’intrigue policière, la quête amoureuse de John passant un peu au second plan. Et puis, on est tellement convaincu que c’est elle que l’on a un peu de mal à comprendre les doutes éprouvé par le héros...
4. Honor
Première diffusion US le 17 mars 2008
À travers la poursuite d’un violeur en série qui mutile et tue horriblement ses victimes, mais dont la dernière proie (Amartya Vikram) a réussi à s’échapper, John Amsterdam va revivre un épisode de son lointain passé. Une épreuve morale pour le héros qui va devoir se concentrer sur son enquête et ne pas oublier ce qu’il a vécu.
Le viol, l’immigration, la condition féminine, l’épisode est centré sur le poids des coutumes, des habitudes...
Bilan : un scénario émouvant qui relie différents destins de femmes (tragiques) à travers des époques très différentes (et pourtant) sans oublier de poser le problème de l’immigration et de l’intégration dans nos sociétés occidentales. Ambitieux et réussi.
Distribution complémentaire : Yazmin Kazi (Amartya Vikram), Marjan Neshat (Charvi), Tom Mardirosian (Samar), Aaron Lazar (Ben Robbins), Erik Jensen (Durst), Kristen Connolly (Fanny), Kathleen McNenny (Catherine), etc.
5. Keep The Change
Première diffusion US le 24 mars 2008
On a beau être immortel, on n’en est pas moins un homme. À l’occasion du décès d’un clochard par overdose qui s’avèrera être un meurtre, John Amsterdam replonge dans ses anciennes addictions.
Et oui, lui aussi a été aux Alcooliques Anonymes et il buvait pour oublier. C’était en 1964.
Humain trop humain ? Sans doute et voir disparaître ses enfants et ses amis au fil du temps aurait évidemment de quoi à perturber n’importe quel homme. Alors, imaginez votre état psychique au bout de presque quatre siècle d’existence...
Bilan : un bon épisode qui conforte le téléspectateur dans sa perception du caractère humain et « normal » de John Amsterdam. Pirouette des dialogues, la dureté du sujet est évacué grâce à l’humour de certaines situations. Observez la tête de ses copains quand John se présente en expliquant qu’il n’a pas touché à l’alcool depuis 1964 (on est en 2008 !) alors qu’il semble avoir l’âge d’être né avec les Beatles !
Distribution complémentaire : Nick Sandow (Frank), Brian Tarantina (Mick), Mandell Butler (Omar jeune), Stephen Kunken (Ben Tucker), Bridget Regan (Daphne Tucker), Justin Hagan (Howard), etc.
6. Legacy
Première diffusion US le 31 mars 2008
Le corps d’un jeune homme assassiné est découvert en plein Chinatown. Il s’agit d’un membre d’une des grandes familles du crîme du New Jersey.
Étrange, le cadavre du mort rappelle aussitôt à John le souvenir d’un fils qu’il avait eu début 1900 quand il s’essayait à la peinture. Malheureusement, il avait quitté femme et enfant pour une jeune modèle... qui n’était pas son élue.
Se pourrait-il que sa trahison sentimentale soit à l’origine de la naissance d’une des plus sanglantes familles de la région ?
Le milieu de la pègre, les codes d’honneur, la trahison, la recherche de son élue du coeur, les thèmes personnels et plus globaux se mélangent habillement tout en dressant un résumé de l’histoire économique et sociale d’un siècle de capitalisme à la mode US.
Bilan : l’histoire est belle, l’utilisation du seul tableau vraiment réussi par l’ancien John Amsterdam provoque des flashbacks intéressants et émouvants. Un petit côté exploration de la société mafieuse corse l’ensemble. Bien fichu et prenant.
Distribution complémentaire : Adam Storke (Nicolas Spoor), Giancarlo Esposito (James Lawson), Kathryn Meisle (Samantha), Zachary Booth (Roosevelt/Alex Spoor), Nestor Serrano (Eddie Marquez), Julie McNiven (jeune modèle), etc.
7. Reclassified
Première diffusion US le 7 avril 2008
Andy est l’ancien partenaire de John. Il meurt à petit feu d’une leucémie provoquée par le métal d’une balle fichée dans son corps, près de son coeur et que la médecine n’a pu lui enlever.
Il est persuadé que son véritable meurtrier n’a jamais été interpellé et demande à John d’enquêter une dernière fois sur l’affaire avant qu’il ne disparaisse. Malgré les avis contraires de sa hiérarchie, John se lance dans l’aventure discrêtement soutenu par Eva et quelques proches. Il va malheureusement croiser la route de la mafia russe qui n’a pas envie que l’on vienne fouiller le passé de ses boss.
Côté personnel, John vit maintenant avec sa belle toubib et est persuadé d’avoir trouvé le grand amour. Patatra, la dernière séquence en forme de règlement de compte vient tout chambouler dans une fin à suspense terrrrible !
Bilan : l’épisode tout entier repose sur l’amitié de John pour son ancien partenaire et l’enquête policière qu’il relance. Étrangement, même si le scénario est bien foutu, l’intrigue crédible et le destin des personnages croisés intéressant, on ne rentre jamais vraiment dans le récit. Sans trop savoir pourquoi. Alors que la force de la série est dans le partage émotionnel spectateur-héros, ce “Reclassified” n’attire qu’un intérêt basique (genre qui est le coupable ?). Dommage, le sujet méritait plus et mieux. La mélancolie que l’on perçoit parfois n’est pas assez durable.
Distribution complémentaire : Chris Bauer (Andrew Gleason), Isiah Whitlock Jr. (Joe Williams), Kristine Sutherland (Didi Gleason), Donnie Keshawarz (Nazir), etc.
8. Love Hurts
Première diffusion US le 14 avril 2008
John, convalescent, est censé se reposer et est interdit d’enquête. Et pourtant, le mystère de la noyade de la jeune et belle femme sur laquelle peine ses collègues (suicide, accident, meurtre ?) rappelle bien des choses à John Amsterdam.
Des souvenirs d’une époque où il n’était pas obligatoirement un grand seigneur et qui font ressurgir en lui une lente et lancinante question : Sara Dilane est-elle vraiment son élue ?
Fric frac à la petite semaine, petites et grandes arnaques, amours sanglantes et jalousie éternelle sont les principaux sujets d’un épisode qui relançait la série... pour rien.
Bilan : un bon épisode qui semblait relancer la série un peu enfermée dans le couple « enquête au présent-flashbacks du passé » que les scénarios avaient enchaîné (avec succès, ceci dit). Malheureusement, de suite il n’y en eut pas et le téléspectateur lambda de rester sur le quai de l’histoire avec tout un paquet de questions non résolues....
Distribution complémentaire de l’épisode : Jennifer Van Dyck (Inga Skoll), Laura Interval (Kayla Moore), Annika Peterson (Olivia Behrendt), Darren Pettie (Carl Browning), Curtiss L’Cook (Ray de la Cruz), Andre Blake (Nash), etc.
Argh...
SITES INTERNET
http://www.fox.com/newamsterdam/ (site officiel, en anglais)
http://newamsterdam-forever.com (site de fans, en anglais)
http://en.wikipedia.org/wiki/New_Amsterdam_(TV_series)(site d’infos et fiche série en anglais).