Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h35
Projeté en Ouverture du Festival de Cannes 2007
Avec Norah Jones (Elizabeth), Jude Law (Jeremy), David Strathairn (Arnie), Rachel Weisz (Sue Lynne), Natalie Portman (Leslie) et avec la participation exceptionnelle de Chan Marshall (Katya), etc.
Un petit café, le plus souvent désertique, dans un quartier reculé de New-York. C’est là qu’Elizabeth (Norah Jones) a choisi de venir pleurer sa toute récente rupture. Et pour ce faire, rien de tel que de se confier à un beau serveur (Jude Law), qui devient rapidement son nouvel ami et lui offre les desserts du jour. Et si les nuits de Serge Gainsbourg étaient couleur d’aspirine, celles d’Elizabeth vont vite prendre une teinte myrtille, tant elle mange de tartes du même fruit.
Au terme d’une de ces nuits, elle décide pourtant de se lancer dans un périple à travers l’Amérique et d’aller refaire sa vie loin de New-York, au hasard des routes, et des rencontres.
Dès les scènes de début, et c’est la première bonne surprise du film, on retrouve la patte Wong Kar-Wai. Travellings et ralentis perpétuels, couleurs exagérément chaudes, le style est là, et procure toujours le même émerveillement. Deuxième bonne nouvelle : Norah Jones, dont on redoutait un peu la première apparition à l’écran, est plutôt convaincante en jeune femme abîmée par la vie, qui ne trouve comme seule solution que de partir sur les routes, naviguant entre divers emplois de serveuses pour panser son cœur brisé.
Enfin, il y a les autres acteurs, qui font de « My Blueberry Nights » plus qu’un road-movie anecdotique. David Strathairn, bouleversant en agent de police alcoolique, Jude Law, émouvant en patron de bar lui aussi blessé par la vie, Natalie Portman, toujours parfaite, et surtout, Rachel Weisz, absolument grandiose en femme au bord de l’émancipation, confèrent à eux seuls un intérêt au film.
Alors pourquoi sent-on poindre, quelque part au milieu du film, la déception ? Peut-être parce que la grâce des actrices wong kar-waiennes peine à traverser l’Atlantique. Pourtant toutes superbes, les trois américaines rivalisent difficilement avec le magnétisme saisissant de Maggie Cheung et de ses robes d’« In The Mood For Love ». Ensuite, il manque à ce destin de femme brisée le souffle et le caractère brut des précédents personnages du réalisateur. Là où il laisse d’ordinaire s’exprimer les âmes par des regards, des sanglots retenus ou des respirations profondes, sa nouvelle héroïne a du mal à émouvoir, tant elle est résignée. Sans doute trop ingénue, pas encore assez femme, elle apparaît trop souvent fade.
Pourtant, il y a dans les vies auxquelles se heurte Elizabeth de beaux éclats. C’est d’ailleurs dans la peinture des personnages annexes que réside la vraie réussite du film. Tous acteurs du véritable abîme de la solitude et du vide, ils réservent quelques séquences en état de grâce, telles que la confrontation entre Rachel Weisz et David Strathairn dans le bar du Tennessee, ou la scène de casino de Natalie Portman. Tour à tour enragés, désespérés ou dans l’espoir fugitif d’une vie meilleure, ils sont empreints d’une profonde humanité et ne manquent pas d’émouvoir.
Si Wong Kar-Wai n’a pas fait de sa transition états-unienne un coup d’éclat, il parvient toutefois haut la main à insuffler à « My Blueberry Nights » l’élégance qui est la sienne, et qui fait de son cinéma une expérience toujours aussi captivante.
FICHE TECHNIQUE
Titre original : My Blueberry Nights
Réalisation : Wong Kar-Wai
Scénario : Wong Kar-Wai & Lawrence Block
Conseiller aux dialogues : Telly Wong
Producteurs : Wong Kar-Wai, Jean-Louis Piel, Jacky Pang Yee Wah, Wang Wei
Production executive : Chang Ye Cheng
Productrice déléguée : Pamela Thur
Photographie : Darius Khondji, ASC, AFC
Décors : William Chang Suk Ping
Musique : Ry Cooder
Création des costumes : William Chang Suk Ping & Sharon Globerson
Montage : William Chang Suk Ping
Production : Block 2 Pictures, Jet Tone Film
Distribution : Studiocanal (France)
Presse : Michel Burstein, Bossa Nova (Paris)
SITE INTERNET
http://www.myblueberrynights-lefilm.com (site officiel, en Français)