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Frozen Days : Interview exclusive de Danny Lerner et Anat Klausner
Entretien avec le réalisateur et l’actrice de Frozen Days
8 novembre 2007


Emballé par le premier film de Danny Lerner et séduit par le charisme de son actrice principale, la jeune et jolie Anat Klausner, notre rédacteur en chef et Tom Décembre, se sont rendus, jeudi 8 novembre, dans les locaux de Bossa-Nova pour réaliser une interview exclusive du réalisateur et de son actrice.


Pour l’un comme pour l’autre, « Frozen Days » est un premier long-métrage. Un film brillant dont j’ai ouïe dire que sa genèse, comme son tournage, furent atypiques. Pouvez-vous nous raconter cette histoire remarquable qui s’avère, avec le succès rencontré par « Frozen Days », comme une aventure humaine exceptionnelle ? (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Depuis toujours j’aime le cinéma et je voulais écrire et diriger un film. Comme Il y a peu de films qui sortent en Israël, entre 12 et 15 chaque année, je ne voulais pas attendre plus longtemps car même lorsque l’on a un accord il faut encore plusieurs années pour réunir les ressources techniques et financières. J’ai donc décidé de ne plus attendre et de faire le film avec mes propres moyens. Quand j’ai écrit le scénario j’avais déjà dans l’idée de le produire de façon complètement indépendante avec un budget minimaliste, Du coup, en écrivant chaque scène, je faisais attention à mettre sur le papier des séquences techniquement et financièrement abordables afin d’aboutir sur une histoire que je pourrais tourner pour rien ou pas grand-chose avec l’aide d’amis aussi passionnés que moi. Toutes les personnes qui ont travaillé sur le film l’ont fait bénévolement. Ils ont tout d’abord lu le scénario. Ils l’ont aimé et ont décidé de s’y investir. C’est ainsi que se sont déroulés les choses, j’ai eu la chance que mon projet plaise à quelques artistes et techniciens de talents qui n’avaient pas encore eu l’opportunité de faire leur preuve sur un autre film. Frozen Days est un premier film pour chaque membre de l’équipe. A commencer par moi qui ait cumulé les fonctions de scénariste, réalisateur et producteur, avec Alon, ma femme, mais aussi pour Anat Klausner, notre actrice principale, Ram Shweky notre caméraman, Tal Keller notre monteur, Itay Halevi notre ingénieur du son, Tomer Ran qui a composé la musique originale, ou encore Assaf Raf, notre gestionnaire de production. C’était vraiment un premier film pour tous les membres de l’équipe qui ont travaillé dessus pour rien. Une fois terminé, nous l’avons enfin montré et il a été sélectionné pour participer au Festival international du Film Haïfa où il s’est retrouvé en compétition avec des film à gros budget et c’est le notre, notre petit film qui a gagné. Il a remporté le prix du meilleur film qui s’élève à 25000$, exactement le montant qu’il nous a coûté à le faire. Nous avons encaissé l’argent et nous l’avons partagé avec les membres de l’équipe. Finalement tout le monde a été payé, tout le monde était content. Surtout que ce succès nous a valu d’excellentes critiques lorsque le film est sorti en Israël. C’était super !! Et ce n’est pas fini puisque nous sommes ici (sourires)
Anat Klausner : j’ajouterai que les conditions de tournage étaient aussi très particulières. Chaque membre de l’équipe croyait tellement à ce projet qu’il s’y investissait à fond ce qui générait une ambiance de tournage vraiment géniale.

Pensez-vous qu’il soit plus difficile de faire un film en Israël ?(Voir la réponse en images)

Danny Lerner : A vrai dire, je ne sais pas, puisque c’est mon premier film et que je l’ai fait en Israël. Mais je pense qu’il est difficile partout de réunir l’argent pour faire un film, que cela nécessite une longue procédure. Mais quand on a un bon scénario et que l’on croit vraiment en lui, on peut trouver des moyens de le faire avec peu de moyens. Avec la caméra DV qui permettent désormais de tourner à moindre frais, vous pouvez vous lancer et réaliser vous-même votre propre film pour pas grand-chose.
Anat Klausner : C’est toujours plus difficile de tourner lorsqu’il s’agit de votre premier film. Il faut déjà vous auto-convaincre que vous en êtes capable C’est se qui est le plus compliqué à mon sens.
Danny Lerner : C’est aussi ce que notre défi, montrer que l’on pouvait faire un bon film avec très peu d’argent. Nous voulions prouver qu’il était possible à un réalisateur, une actrice, un caméraman, un monteur sans expérience, de faire un film. Nous avons provoqué les événements pour nous donner notre propre chance de prouver de quoi nous étions capables. C’était notre objectif, notre mission. C’est effectivement ça la plus belle histoire.

« Frozen Days » se situant à la frontières des genres entre film noir, thriller psychologique, film fantastique, y-a-t-il un public en Israël pour ce type de film ? (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Il y a toujours un public pour tout. Pas seulement en Israël mais partout. Mais c’est vrai que l’un de mes objectifs n’étaient pas de faire simplement un film de plus. Je voulais faire quelque chose de différent, quelque chose qui n’avait pas été fait avant. Vous savez les cinéastes israélien ne font pas de drame psychologique, ils ne font pas de films d’action, ils ne font pas de films d’horreur. Le genre le plus populaire en en Israël c’est le drame familial, ou le drame familiale avec mariage (rires). Je n’ai rien contre ces films, j’aime ces films, il y en a de très bons, mais je voulais faire quelque chose de complètement différents aussi bien sur le plan stylistique, dans la façon dont c’est tourné, interprété, dans la manière de raconter l’histoire. Tout devait être différent. Car quand les choses sont différentes, elles sont remarquées, et sur le résultat est bon... vous connaissez la suite.

Vous avez choisit de tourner en noir et blanc, cela fait-il partie justement de cette approche stylistique différente ou parce que jouer uniquement sur le clair-obscur était une obligation au regard de votre petit budget ? (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Non, ca n’a strictement rien à voir avec nos contingences budgétaire puisque nous avons tourné avec en caméra DV et que les coûts entre le noir et blanc et la couleur n’ont aucune incidence dans ce cas. Non c’est à dessein que je voulais tourner en noir en blanc. C’était l’idée car « Frozen Days » touche également au genre du film noir, pas uniquement celui du drame psychologique, et le milieu dans lequel évolue les personnages, vivent, respirent, est très noir et blanc. Je voulais souligner cette atmosphère oppressante. Ce film est une descente aux enfers, tourné de nuit et je voulais garder ce genre de couleur, c’était important pour créer l’ambiance du film.

Il y a néanmoins une séquence tournée en couleur... (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Juste pour marquer la différence avec l’environnement habituel des personnages. Tout est noir et blanc dans le film, très sombre, désespéré, je voulais avoir une scène où elle se sent bien, heureuse, où elle se sente enfin libre, comme si soudain sa vie s’allumait, juste avant que quelque chose de vraiment grave se passe. Je n’aime pas que les personnages soient incomplets. Elle se devait d’avoir plein de couleur dans sa vie, pas seulement le noir et blanc, quelque chose qui lui permette de tenir le coup, de continuer à aller de l’avant. C’était important pour la construction du personnage d’avoir une scène complètement différente, un chemin vers la lumière, une échappatoire.

Dans le film il est aussi question d’un attentat terrorisme, cet élément a-t-il une valeur politique ? (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Non, le film n’est aucunement politique. Je ne voulais pas faire un film politique mais un film résolument humain a propos de problèmes humains. « Frozen Days » ne traite pas de terrorisme, mais d‘un drame, d’une expérience intérieure, d’être exposée à ce genre de chose. Le film parle d’une personne qui est témoin d’un tel événement et la façon dont elle le traverse et vit après le drame. Sur la conséquence d’une telle expérience sur notre âme, LE film montre le drame et raconte comment surmonter le drame, c’est une histoire humaine.

Dans le film vous interprétée une jeune femme qui squatte des appartements vide et vend de la drogue pour subsister. Pensez-vous que Meow, votre personnage, soit représentative de la jeunesse de Tel Aviv ? (Voir la réponse en images)

Anat Klausner : Non, heureusement, je ne pense pas qu’elle soit très représentative de la jeunesse de la capitale de mon pays. En revanche, je pense que ce phénomène existe en Israël comme dans la plupart des grandes villes du monde entier. Je pense avant tout que mon personnage est symbolique et que la drogue illustre son mal être, sa façon d’appréhender l’existence.
Danny Lerner : Je voulais faire un film noir en le replaçant dans un contexte israélien. Si je n’avais pas procéder de la sorte, nous n’aurions accouché que d’un film de genre de plus et je voulais à la fois réaliser un film qui me soit personnel et compréhensible par n’importe qui. Et je pense que nous y sommes parvenus, que notre film est accessible à tous.
Anat Klausner : Je pense aussi que c’est un film qui parle d’identité et de recherche d’identité dans la société et au-delà de celle-ci.

Outre l’approche stylistique du film, le choix du noir et blanc, toutes les séquences ont été tournées de nuit. Si bien entendu cela s’installe totalement dans la logique du film, je crois savoir que des questions de de budget et de planning vous ont obligé et procéder de la sorte ? (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Il y a effectivement plusieurs aspects à prendre en compte. Effectivement nous avons tournés exclusivement de nuit car nous avions tous, l’équipe de tournage, un boulot qui nous empêchait de faire autrement. Mais, il est vrai également que cette histoire se déroulé la nuit, qu’elle devait se dérouler la nuit pour avoir un sens et qu’il nous aurait été impossible de tourner de jour et recréer cette atmosphère nocturne si particulière et indispensable à l’état d’esprit des personnages, et de leurs interprètes.

En début d’interview vous nous parliez de votre succès au Festival du film d’Haïfa. Est-ce que cette victoire vous a aidé à trouver un distributeur pour sortir votre film à l’étranger ? (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Après notre victoire, nous avons eu tellement de bonnes presses que ça a beaucoup facilité les choses. Nous avons aussi été invités dans de nombreux Festival aux 4 coins de la planète. Australie, Chine, Pologne, Los Angeles, Phénix, Munich,...
... Anat Klausner : Egalement, à Cognac, en France....
Danny Lerner : et à chaque fois nous étions stupéfait de l’accueil de la presse et des réactions positives du public qui en parlait comme de la nouvelle expérience cinématographique. Le film a fini par être vendu dans de nombreux pays pour une sortie en salle, une diffusion à la télévision ou pour être édité en DVD.

Avez-vous un film, un souvenir cinématographique particulier, qui vous a donné envie de faire du cinéma ? (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Non. Je veux devenir réalisateur depuis que je suis tout petit. Mon père m’emmenait avec lui aux « double Bills », ces séances où on pouvait voir deux films avec le même ticket, je regardais les films d’horreur en vidéo ou à la télévision, Ma passion pour le 7ème Art n’est pas nouvelle, j’ai toujours su que je voulais faire du cinéma. J’ai étudié à l’Université du Film et de la Télévision de Tel Aviv et j’ai réalisé 25 courts-métrages avant « Frozen Days » et j’ai travaillé comme critique de cinéma, j’ai été responsable de la section cinéma sur une chaine du réseau câblé, et je suis désormais distributeur. J’ai essayé d’expérimenter les différents corps de métiers rattachés au cinéma, voir, parler des films, en faire, les distribuer, j’adore ce médium, mis diriger, reste ce que je trouve le plus amusant. C’est vraiment ce que j’ai toujours voulu faire. Le tout était de trouver le chemin pour y parvenir. La réalisation de « Frozen Days » a été le moyen de montrer que nous en étions capables, de saisir notre chance pour nous prouver que nous étions de vrais « Filmmakers ».
Anat Klausner : Impossible de résumer ça à un film. J’aime les films, j’aime le cinéma, j’ai également suivi les cours à l’université du film de Tel Aviv. Depuis que je suis toute petite, j’adore jouer. Lors de mon deuxième anniversaire, je suis monté sur la table pour jouer la comédie devant toute ma famille. Je ne savais pas encore à l’époque que je deviendrais une actrice, mais j’aimais déjà jouer.

Vous connaissiez-vous avant « Frozen Days » ? (Voir la réponse en images)

Anat Klausner : Non, nous nous sommes rencontrés le jour de l’audition.
Danny Lerner : J’ai vu 15 actrices, dont certaines étaient déjà connues, mais quand Anat est arrivée, j’ai su que c’était elle. Elle avait exactement le look du personnage tel que je l’avais imaginé. Vous savez, quand nous avions fait le story-board du film, nous avions croqué les personnages et là, c’était comme si elle était soudain sortie de l’image. Quand elle a interprété la scène, elle a déclamé le texte avec une telle justesse et un tel naturel que j’étais estomaqué. C’était définitivement elle !

Faire un premier film de nuit après une journée de boulot avec une équipe inexpérimentée, diriez-vous que « Frozen Days » fut un tournage facile ? (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Il faut être préparé... et nous l’étions. Nous avions tout repéré et tout storyboardé. Quand nous arrivions sur site, ce n’était pas tout à fait le « gueriila-style » (sourires), on arrive, on tourne et on part en courant, mais nous savions exactement ce que nous allions trouver, le matériel avait été minutieusement préparé, nous savions exactement ce que nous devions faire et on s’y employait avec une précision quasi-militaire (rires). C’est la façon de procéder quand on est une petite équipe avec peu d’argent à disposition. Il faut tout planifier, faire ses devoirs à la maison, Parfois les choses ne sont pas aussi simple que prévue et il faut revoir sa copie, mais nous n’avons jamais baissé les bras. Ce qui est important sur le plateau se sont les résultats, pas les excuses. Tout le monde peut effectivement s’excuser, dire qu’il ne pas faire telle ou telle chose, mais le plus important est trouver une solution pour réussir, du mieux que l’on peut, à relever les challenges.

Combien de temps a duré le tournage ?

Danny Lerner : 27 jours et demi, étalés sur quatre mois, car chaque fois il fallait attendre que les 7 membres de l’équipe régulière soient disponibles, parce que chacun de nous avait aussi un boulot la journée. Dans les productions a très petit budget, tout le monde à un autre boulot la journée (rires). Mais c’était vraiment sympa.

Avez-vous des projets en cours ou en préparation ? (Voir la réponse en images)

Danny Lerner : Oui, un nouveau long-métrage dont le tournage débutera l’an prochain. Ca s’appelle « Kirot ». Cette fois, je progresse, il y aura deux filles et des gros flingues avec plein d’action dedans. Ce n’est pas vraiment un film d’action, mais un drame, une histoire d’amitié entre deux femmes dont Anat est le directeur de casting. Et ensuite, nous en ferons un autre ensemble. On veut continuer à bosser ensemble.
Anat Klausner : Depuis le film de Dan, j’ai interprété un rôle dans un film qui devrait être également sélectionné pour le Haïfa Film Festival, j’ai joué dans différentes séries pour la télévision israélienne, je répète un rôle pour le théâtre et, comme vous le disait Dan, je vais m’occuper du casting de son prochain film.

Merci à tous les deux pour cet excellent film et ce sympathique entretien.

Propos recueillis par Bruno Paul et Tom Décembre


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    Tom Décembre
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