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La fin du monde
Spin de Robert Charles Wilson
Délices & Daubes n° 77


Bon d’accord, je ne suis pas en avance, j’aurais pu lire ce bouquin plus tôt. Mais on me l’a offert pour mon anniv’. Or donc j’ai lu Spin de R.C.Wilson, Prix Hugo 2006 (Denoël, Lunes d’encre, 550 pages) et c’était bien mais trop long. J’ai mis presque une semaine.

Les idées sont originales - pas la peine que je vous raconte, il y a des chroniques partout, en particulier celle de Maître Sinh -, et l’écriture impeccable (merci au traducteur).

La construction est du genre à l’envers : on commence par la fin. Le Docteur Tyler Dupree souffre le martyre parce qu’il subit un traitement martien qui va le faire passer dans le Quatrième Âge et, parmi les effets secondaires, il y a la graphomanie. Il raconte donc son histoire, depuis ses douze ans quand il a vu disparaître les étoiles avec ses amis Jason et Diane Lawton. Le père de ces faux jumeaux, E.D., est un puissant politicien et homme d’affaires et il va pousser son fils surdoué, Jason, jusqu’à la direction scientifique des programmes spatiaux chargés de comprendre ce « Spin », cette membrane qui entoure la Terre.

On s’aperçoit rapidement que le temps s’écoule beaucoup plus vite à l’extérieur (quelques millénaires par minute, environ) que sous le Spin. Ce qui permet de terraformer Mars, de l’ensemencer de vie puis d’humains, et de voir naître une civilisation martienne, tout ça en quelques années sous le Spin. Super idée, il faut bien le dire.

Après, le pourquoi et le comment du Spin, les bouleversements inattendus, le fait que le Soleil vieillit et va absorber ses planètes et donc que la fin du monde approche, toute la fin du bouquin m’a moins convaincu et je n’ai pas tout compris des Hypothétiques, ceux qui ont généré le Spin. Peut-être bien parce que c’était trop long et dilué dans la psychologie et l’humanisme, sympathiques certes mais en excès, à mon humble avis.

Robert travaille avec des personnages bizarres : il y a le bon docteur Tyler, un peu falot, amoureux transi depuis toujours de Diane et ami fidèle. Jason le surdoué n’a pas d’autre vie qu’intellectuelle, admettons que ce soit possible. Mais c’est le personnage de Diane qui m’a le moins convaincu. Cette femme presque aussi intelligente que son frère va passer plus de la moitié de sa vie avec un imbécile d’une secte d’illuminés alors qu’elle ne croit pas à ses délires et qu’elle aime toujours Tyler.

Il y a beaucoup de passages un peu inutiles, qui n’apportent rien à l’histoire et qui servent à planter un décor psychologique ou à poser une ambiance, et qui n’emportent pas mon adhésion (les tribulations de cette secte qui cherche le veau rouge, toutes les tractations et manipulations politiques orchestrées par E.D. et des présidents américains aussi malins que Bush, la fuite éperdue et dramatique de Tyler et Diane en Indonésie, et, à la toute fin, des révélations sur les relations entre la mère de Tyler et celle des jumeaux ?).

Pour conclure, c’est à coup sûr un bon bouquin, bien écrit et plein d’idées, qui mérite son Prix Hugo, par un mec qui a l’air d’avoir des positions politiques sympathiques, mais j’aurais préféré qu’il ne se soit pas senti contraint d’allonger la sauce à ce point.

NDLR : Spin a obtenu le vendredi 2 novembre 2007, le Grand Prix de l’Imaginaire, catégorie Roman Étranger (Utopiales de Nantes, 2007).


Henri Bademoude
3 novembre 2007


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