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Ender Wiggin - Premières Rencontres
Orson Scott Card
L’Atalante, nouvelles, traduction (USA), SF, 215 pages, février 2007, 11,50€

Le cycle d’Ender (Livre de Poche puis J’ai Lu) est la série qu’Orson Scott Card a le plus développé puisqu’elle compte à ce jour huit romans, plus quelques nouvelles réunies dans le présent recueil
A l’exception du remarquable roman original, « La Stratégie Ender », il ne s’agit pas de la partie la plus intéressante de l’œuvre éminemment respectable de Card.

« Ender Wiggin, Premières Rencontres », sans être mauvais, ne fait pas exception.




“Le Petit Polonais” raconte la jeunesse du père d’Ender Wiggin. La Terre se consacre tout entière à la guerre contre les Doryphores, sous la direction de l’Hégémon, le gouvernement mondial. Pour soutenir l’effort de guerre, ce dernier impose un certain nombre de mesures, parmi lesquelles la limitation des naissances : pas plus de deux enfants par couple. Les familles contrevenantes font l’objet de mesures discriminatoires : enfants refusés à l’école, discrimination à l’embauche... C’est le cas des Wieczorek, famille polonaise catholique de sept enfants. Mais l’Hégémon a repéré Jean-Paul : âgé de cinq ans, le septième rejeton des Wieczorek est doté d’une intelligence exceptionnelle qui en fait un sujet de choix pour le programme gouvernemental de formation d’officiers.
Dans “L’Etudiant”, nous retrouvons Jean-Paul Wieczorek, devenu John Paul Wiggin après que sa famille ait émigré aux Etats-Unis. Etudiant, John Paul tombe amoureux de Theresa Brown, jeune et brillante professeur de sciences sociales.

Séparés par une ellipse de quelques années, ces deux nouvelles forment un récit cohérent s’intéressant à la jeunesse du père d’Ender. Card y déploie tout son talent de conteur : les personnages sont fouillés, attachant, la narration est fluide, les intrigues intéressantes -sans non plus atteindre des sommets.
Quelques détails font grincer des dents : le prénom du personnage principal est un hommage de la famille Wieczorek au pape Jean-Paul II (on fait mieux comme référence) ; et, chez Card, les intelligences exceptionnelles semblent se transmettre de père en fils... L’auteur recycle également ses bonnes vieilles recettes : le héros est encore une fois un très jeune enfant ; quant à l’idée du septième enfant qui aura un destin exceptionnel, elle a tout à fait sa place dans un cycle de fantasy tel que celui d’« Alvin » (L’Atalante), beaucoup moins dans un cycle de science-fiction. Mais le principal problème de ces deux nouvelles, c’est justement que ce sont des nouvelles.
Intégrées dans un roman, elles donneraient une véritable profondeur aux personnages et au récit. Là, elles sont au service d’une intrigue dont l’enjeu est faible et connu à l’avance (le destin d’Ender est tout de même mille fois plus captivant que celui de ses parents !). D’accord, ce reproche n’est pas propre à Card (on sait qu’il excelle autant dans la forme courte que dans le roman one shot ou les longs cycles), mais aux prequels en général, ainsi qu’aux nouvelles bouchant les trous d’une série de romans.

Cette impression est exacerbée dans la dernière nouvelle du recueil, “Le Conseiller Financier”, qui s’insère entre les romans « La Stratégie Ender » et « La Voix des Morts ». On y apprend dans quelles circonstances Ender devient porte-parole des morts, et comment il échappe aux griffes d’un contrôleur fiscal corrompu grâce à une IA révolutionnaire. Alourdis par une fin prêchi-prêcha, aucun des fils de l’histoire ne présente pas le moindre intérêt. Vous, je ne sais pas, mais en ce qui me concerne, la déclaration de revenus d’Ander Wiggin me passionne autant que les exonérations fiscales sur Arrakis ou que le Plan d’Epargne Retraite des Ewoks.

Reste le morceau de choix de ce recueil : “La Stratégie Ender”. Si le texte est brillant, cette novella publiée en 1977 apparaît comme une simple curiosité puisqu’elle n’est que la version courte du roman de 1985. Sans parler du fait qu’elle figure déjà (sous une autre traduction) dans le recueil « Sonate sans Accompagnement » (NDLR : Denoël, Présence du Futur et à lire absolument, la nouvelle qui donne son titre au recueil est à tomber par terre), sous le titre “Fin de Partie”, et ne constituera donc pas une surprise pour un certain nombre de lecteurs.

« Ender Wiggin, Premières Rencontres » est ainsi un recueil mal foutu, hétéroclite, d’une lecture globalement agréable mais finalement anecdotique. Son seul intérêt est de regrouper dans le même volume des textes inédits, parus en revues ou difficilement trouvables.
Sans que cela soit péjoratif, on le réservera donc plutôt aux collectionneurs et aux fans d’Orson Scott Card.

Titre : Ender Wiggin - Premières rencontres
Auteur : Orson Scott Card
Traduction : Florence Bury
Genre : Science fiction
Couverture : Gess (illustration)
Collection : La Dentelle du Cygne
Éditeur : L’Atalante
Sites Internet : Orson Scott Card (site officiel, en Anglais), L’Atalante
Dépôt légal : février 2007
Pages : 215
Format (en cm) : 13 x 18
ISBN : 2841723584
Prix : 11,50€


Philippe Heurtel
17 août 2007


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Premier roman et chef d’oeuvre à lire (J’ai Lu, dernière édition).



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Un recueil de nouvelles à consulter et à rechercher, plusieurs textes sont de purs bijoux (Denoël, Présence du Futur, couverture dernière édition).



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