Dans cette uchronie, Napoléon III, « Le Petit » selon Hugo, après avoir écrasé la Commune en 1870, est devenu un tyran sanguinaire qui règne sur l’Europe. En 1889 débarquent les Ishkiss, des extraterrestres qui vont l’aider à asseoir son pouvoir. En associant les connaissances biologiques des extra-terrestres et les techniques métallurgiques des élèves de Gustave Eiffel, Louis-Napoléon et ses alliés construisent des machines mi-animales mi-mécaniques qui permettent d’aller sur la Lune et d’y vivre.
Mais ce régime despotique a ses opposants. Parmi eux le héros de cette histoire, un certain Jules Verne, encore très vert pour ses 70 ans, mais aussi un Victor Hugo presque centenaire qui organise la rébellion depuis Guernesey et Louise Michel, la communarde déportée dans le bagne lunaire.
C’est une histoire bien sympathique, d’autant plus que c’est la revanche de la Commune et de ses idéaux sur les horribles despotes et ceux qui les soutiennent : policiers, gendarmes et bourgeois capitalistes.
Le monde décrit est très cohérent et on se laisse entraîner dans ce délire organisé et argumenté (ce doit être ça un bon steampunk ?). À condition toutefois d’être patient, pour rentrer dans ce monde, et d’accepter le parti pris stylistique de l’auteur qui écrit comme au XIXe siècle, expressions populaires et tournures de phrase vieillottes comprises (une bonne dizaine de « ouvrir l’oeil, et le bon »).
C’est assurément un exercice de style - osé pour un premier roman - mais réussi. On est d’autant plus facilement convaincu que ce roman est à la gloire de la liberté et de l’utopie anarchiste (il y a même des morceaux des chansons de Bruant).
Ce roman est suivi - quelle drôle d’idée ? - d’une nouvelle (publiée en 2002 dans Bifrost) qui est une uchronie dans cette uchronie. On y retrouve les mêmes personnages avec, en plus, Arthur Rimbaud, Verlaine et des fluides qui réveillent les dinosaures, mais sans la Lune ni les Ishkiss. J’avoue ne pas bien comprendre l’intérêt de cet ajout qui brouille l’idée qu’on avait pu se faire de ce monde alternatif.
Le roman a obtenu le Prix Rosny-Ainé en 2001
Titre : La Lune seule le sait (première édition Mnémos, 2001)
Auteur : Johan Heliot
Couverture (souple) : Manchu
Éditeur : Éditions Mnémos, 15 passage du Clos-Bruneau, 75005 Paris
Collection : Icares
Pages : 307
Format (en cm) : 21,5 x 13 x 2,3
Dépôt légal : mai 2007
ISBN : 978-2-35408-008-2
Prix : 19 €
DOSSIER UCHRONIE
L’uchronie, renouveau de la SF ? (Maître Sinh)
Interview exclusive de Johan Heliot (Stéphane Pons & Hervé Thiellement).
« La Lune vous Salue Bien » (T3) chez Mnémos (Hervé Thiellement et Stéphane Pons)
« La Lune n’est pas Pour Nous (T2) » (Folio SF) (Stéphane Pons)
« La Lune n’est pas Pour Nous (T2) » (Mnémos) (Hervé Thiellement)
« La Lune Seule le Sait » (Mnémos et Folio SF) (Hervé Thiellement)