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Chroniques de Durdane (Les) : l’Intégrale
Jack Vance
Denoël, Lunes d’Encre, romans (traduction), SF, Heroic Fantasy, Space Opera, 631 pages, mars 2007, 28 €

L’ascension fulgurante d’un adolescent dynamique et volontaire, confronté aux différents clans de sa planète et d’ailleurs...
Dans une société très stricte d’adultes se prétendant ascétiques, un jeune homme approche de l’âge de l’initiation, celle qui lui permettra d’adopter un nom et qui fera de lui un membre à part entière de sa communauté, celle qui l’obligera aussi à se détacher de la gent féminine...
À commencer par sa mère !




Mais le caractère de notre héros ne le destine pas à un avenir de docilité et son choix de devenir un musicien errant va l’entraîner à suivre les traces de celui que l’on dit être son père.

Etzwane, puisque tel est son nom depuis qu’il a défié son clan, est en fuite dans le royaume et s’apprête à protester contre la politique de l’Anome, dictateur contrôlant le torque explosif qu’arbore tout un chacun sur le monde de Durdane.
Le jeune homme ne saisit pas le manque de réactivité du dirigeant devant la menace d’une race sauvage pillant et violant dans les régions...
Et si son attitude semble candide, beaucoup bientôt vont devoir compter avec sa détermination !

La saga que nous a concoctée Jack Vance est plutôt simple d’abord, voire simpliste dans certains enchaînements.
La naïveté est de rigueur et cela décevra peut-être les amateurs de récits alambiqués.
Pourtant les surprises ne sont pas inexistantes et le passage d’un volume à l’autre est très bien géré.
Mais ce qui fait le talent de Jack Vance, et force est de constater que ces chroniques en sont une parfaite illustration, c’est sa capacité à évoquer tout simplement un autre monde, tout exotique, par petites touches et d’une manière très naturelle.
Dépaysement garanti !
Le voyage est assuré et les aventures plutôt agréables de Etzwane sont bien une occasion de découvrir un nouvel univers, original.

Bien des auteurs qui s’efforcent de nous asséner lourdement des systèmes ou des mondes créés de toutes pièces, feraient bien de s’inspirer de la manière dont Vance nous dépeint les siens.

Avec talent, tout simplement !

Kevin Alessio

EN COMPLÉMENT

En digne écrivain professionnel américain, Jack Vance a toujours écrit, beaucoup même.
Comme le signale fort justement Stan Barets dans son « Science-fictionnaire » (Denoël, Présence du Futur n°548), une grande partie du génie -car génie il y a- de Jack Vance est d’avoir fusionné le meilleur de l’heroic fantasy avec les grandes thématiques du space opera.
À l’image d’un Homère contemporain, Jack Vance se plait plus que de raison à imaginer des mondes tous plus incroyables les uns que les autres, mais dont les logiques internes, les fonctionnements sociologiques, religieux, politiques, sont inattaquables.
Le héros, au sens le plus noble du terme, y est baladé en tout sens autant qu’il se balade. Si quête initiatique il y a bien, on ne sait finalement plus si c’est un homme ou un monde qui est destiné à changer, à évoluer. Le mouvement induit est d’origine géographique, mais très vite, on ne se meut que par la grâce de l’esprit.
Et finalement, au bout de quelques pages, inconsciemment, on ne sait plus si on lit un exemple quasi parfait de littérature de “l’Imaginaire” ou un carnet de voyages qui tient tout autant du conte philosophique et humaniste. Planet Opera quand tu nous tiens !

Si l’écrivain y ajoute bien souvent un réel sens de l’aventure et de l’épique, faisant traverser à ses personnages des épreuves toutes plus trépidantes les unes que les autres, il agrémente aussi ses récits d’une touche quasi ethnologique à faire pâlir la collection spécialisée (et hautement recommandable) « Terre Humaine », grâce à une multitude de petits détails.
Faune, flore, recettes de cuisines, croyances, coutumes, rien n’échappe à Jack Vance. Quel que soit le monde décrit, on le respire, on le palpe, on le perçoit intensément.

Créateur de multiples cycles (« Tschaï », « Alastor »), chroniques (« Durdanne », « Lyonesse »,« Cadwal ») ou de séries que l’on peut aisément raccrocher à ces principes narratifs (« La Geste des Princes Démons », « Les Aventuriers de la Planète Géante »), Jack Vance a sans doute livré avec « Les Chroniques de Durdane » et les deux premiers volets de l’intrigue (cf. « L’Homme sans Visage » et « Les Paladins de la Liberté ») deux de ses meilleurs romans (« Asutra ! » étirant un peu inutilement le sujet hors contexte, mais de manière fort agréable, néanmoins).

La réédition présentée par la collection Lunes d’Encre des éditions Denoël respire l’intelligence et la fidélité à un auteur hautement respectable et recommandable. Grâce en soit rendue à son directeur, Gilles Dumay, il le mérite en nous offrant régulièrement des modèles d’édition sur de nombreux auteurs que nous vénérons.
Une traduction entièrement revue et révisée par Patrick Dusoulier, LE spécialiste de Jack Vance, une superbe couverture de Manchu et un lien incontestable avec le projet d’édition originale complète, intitulé Vance Integral Edition (explication et nombreux liens en Anglais) qui visait à rééditer une intégrale de Jack Vance, totalement revue avec la participation de l’auteur (ceci afin de corriger la malheureuse censure éditoriale de certaines maisons américaines qui avaient tranquillement mutilé l’œuvre originale).

Bref, cette intégrale des « Chroniques de Durdane » est sérieuse, indispensable, brillante et vous garantira de nombreuses heures de bonnes lectures.

Stéphane Pons

Titre : Les Chroniques de Durdane, L’Intégrale
Titres originaux : The Anome (1971-1973), The Brave Free Men (1972-1973), The Asutra (1973-1974)
Auteur : Jack Vance
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Patrick Dusoulier, Arlette Rosenblum (intégralement revue et révisée par Patrick Dusoulier)
Couverture : Manchu (Illustration)
Éditeur : Denoël
Collection : Lunes d’encre
Directeur de la collection : Gilles Dumay
Site Internet : http://www.denoel.fr/
Pages : 631
Dépôt légal : Mars 2007
ISBN : 978-2-20725803-3
Prix : 28€


Stéphane Pons
Kevin Alessio
4 juillet 2007


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Les Chroniques de Durdane, L’Intégrale



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