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Dune
Une création de John Harrison d’après le roman de Frank Herbert
(2000)


Distribution : William Hurt (Duc Leto Atreides), Alec Newman (Paul Atreides/Muad’Dib), Saskia Reeves (Lady Jessica Atreides), James Watson (Duncan Idaho), Jan Vlasák (Thufir Hawat), P.H. Moriarty (Gurney Halleck), Robert Russell (Dr. Wellington Yueh), Laura Burton (Alia Atreides), Ian McNeice (Baron Vladimir Harkonnen), Matt Keeslar (Feyd-Rautha Harkonnen), László I. Kish (Rabban), Jan Unger (Piter Devries), Giancarlo Giannini (l’Empereur), Julie Cox (Princesse Irulan Corrino), Miroslav Táborský (Comte Fenring), Uwe Ochsenknecht (Stilgar), Barbora Kodetová (Chani), Jakob Schwarz (Otheym), Karel Dobry (Dr. Pardot Kynes), Christopher Lee Brown (Jamis), Jaroslava Siktancova (Shadout Mapes), Zuzana Geislerová (révérende mère Gaius Helen Mohiam), Drahomira Fialkova (Mère Ramallo), Petra Kulikova (Mère Ramallo jeune), Philip Lenkowsky (agent de la Guilde), David Maj (représentant de la Guilde), Pavel Kríz (Esmar Tusk), Jeff Caster (Linger Bewt), David Fisher (contrebandier), Pavel Caisl (capitaine des Sardaukar), Noel Lebon (Turak), Mark Huntley (Lieutenant des Harkonnen), Teresza Semlerova (Farrins)

La planète Arrakis, surnommée Dune car entièrement recouverte d’un terrible désert, n’est peuplée que de guerriers nomades, les Fremens, et de dangereux vers des sables. Elle est pourtant la planète la plus précieuse de l’univers, car c’est uniquement là que l’on trouve « l’épice », la substance qui permet le voyage dans l’espace. Après 80 ans de gestion par la maison dégénérée des Harkonnen, l’Empereur décide de confier Arrakis au Duc Leto Atréides, un homme loyal et droit.
Mais tout ceci n’est qu’un piège du baron Harkonnen. Leto est tué, Dune retombe aux mains des Harkonnen. Paul, fils de Leto, et Jessica, sa mère et compagne de Leto, parviennent à s’enfuir et trouvent refuge auprès des Fremens. Soucieux de venger son père, Paul, sous son nouveau nom fremen de Muad’Dib, va devenir le Madhi, le prophète, l’homme qui va chasser l’oppresseur et mener les Fremens à la victoire.

Cette seconde adaptation du Dune de Frank Herbert se distingue de la vision très personnelle de David Lynch par sa fidélité au roman. Et comme, pour faire passer l’ampleur de ce dernier, il fallait bien plus de deux heures, John Harrison (Darkside, les Contes de la Nuit Noire) a relevé le défi en adoptant le format d’une mini-série de 4h30 pour la télévision.

Cette marge de manœuvre relativement confortable lui a permis de faire passer la complexité du roman et de placer les éléments qui le composent : l’Empire, la Guilde des Navigateurs, le Bene Gesserit, les Maisons, les Atréides, les Harkonnens, les Fremens, Arrakis, les Mentats... L’importance de certains est atténuée - notamment le Bene Gesserit, tant il est vrai que la subtilité de ce pseudo ordre religieux est difficile à transposer en image - mais ils sont tous là, et les éléments importants sont bien travaillés, en particulier le mode de vie des Fremens, l’omniprésence du désert, l’importance de l’eau (point faible du film de Lynch). La notion de complot entre les multiples forces en présence est assez bien rendue. Les personnages de Frank Herbert, les principaux comme les secondaires, sont également tous présents. Une gageure, tant ils sont nombreux. Aussi le rôle de certains est-il atténué - tel l’entourage du duc (Gurney Halleck, Duncan Idaho, Thufir Hawat) - tandis que la Princesse Irulan prend plus d’importance que dans le livre.

Mais force est de constater que toutes les briques sont agencées et que la complexité du roman est respectée. Qui plus est, Harrisson fait passer tout cela avec une certaine subtilité. Il n’y a pratiquement pas de « pavés explicatifs » : juste un court préambule en voix off (comme dans le film de Lynch) et un petit exposé didactique, sous forme de cours dispensé à Paul sur l’équilibre géopolitique de l’Empire. Pour le reste, c’est surtout en faisant agir et parler les personnages que le réalisateur reconstruit l’univers de Dune, faisant preuve parfois d’une certaine finesse - par exemple lorsqu’il parvient à faire comprendre ce qu’est la Voix des Bene Gesserit sans rien expliquer du tout.

Dans le même esprit, le scénario est très fidèle à l’histoire originale de Frank Herbert, de manière parfois pointilleuse. On retrouve la plupart des scènes, importantes ou mineures, très peu d’entorses (une scène dans laquelle Paul, après avoir absorbé l’Eau de Vie, fait couler de l’eau sous les yeux de ses fidèles) et plusieurs scènes où la Princesse Irulan joue un rôle important (elle participe au banquet des Atréides sur Arrakis, se rend sur Giedi Prime, la planète des Harkonnens, flirte avec un neveu du baron....)

Autant d’ambition plutôt réussie force le respect. Côté réalisation, en revanche, le tableau est moins flatteur. On voit bien que Dune a été réalisé pour la télévision et non pour le cinéma. Si les décors intérieurs sont bien faits, les scènes extérieures, principalement dans le désert, sentent à plein nez le tournage en studio. Les vues aériennes des villes sont visiblement des images de synthèse (on songe aux effets spéciaux de la série Babylon 5). De même que les vaisseaux spatiaux, mais leur design est assez sympathique, notamment les énormes vaisseaux de la Guilde des Navigateurs. Les vers des sables sont impressionnants, par contre, la souris du désert est ridicule. Les Navigateurs manquent d’originalité. Dans l’ensemble, le visuel ne fait pas fauché, mais tout de même très « cheap ».

Sentiment mitigé pour les costumes. Certains sont ridicules : les sœurs du Bene Gesserit portent d’énormes oreilles de Mickey de l’espace, Feyd un triangle derrière la tête, les membres de la Guilde un chapeau pointu de perlimpinpin. Les costumes des Atréides sont crédibles, ni trop sobres, ni trop voyants. Ceux des Harkonnens, rouges, sont adaptés à leur mentalité (de même que leur environnement : le rouge et les angles agressifs dominent). Le baron possède un éventail... métallique et tranchant. Contrairement au film de Lynch, les distilles des Fremens ont été soignés et ils couvrent tout le visage, petit détail qui témoigne du souci de crédibilité.

Dans l’ensemble, les acteurs s’en tirent bien. Certes, les Bene Gesserit et les Navigateurs ont un jeu outrancier (dans tous les domaines, ils ne sont décidément pas une réussite). L’Empereur, Chani, la concubine de Paul, Stilgar, le chef des Fremens, sont un peu fades. Par contre, Leto et Jessica Atréides respectent bien leurs personnages, ainsi que les deux neveux Harkonnens, Raban la Bête et Feyd, respectivement bestiaux et séduisants. Quant au baron, il est magistral, gras et pervers à l’instar de son alter ego lynchien. Enfin, Alec Newman campe un très bon Paul Atréides : tout d’abord adolescent un peu benêt, il devient un adulte marqué par les épreuves, puis un chef tourmenté par ses pouvoirs et par ce qu’il est en train de déclencher. L’évolution de ce personnage-clé est visible, physiquement et dans son jeu.

Il est à noter que les combats au corps à corps sont très bien menés, notamment l’affrontement final entre Paul et Feyd.

Inutile de vouloir juger quel film, celui de Harrison ou celui de Lynch, est le « meilleur », tant les objectifs des deux réalisateurs étaient différents. Harrison a clairement voulu adapter le roman, tandis que Lynch a voulu en montrer sa vision très personnelle. La réalisation de Harrison est correcte mais manque de cette démesure propre au roman. Ceux qui admirent le film de Lynch regretteront donc le manque d’ampleur et d’ambition esthétique. Et ceux qui le tiennent pour un film médiocre, voire un navet, ainsi que les fans du livre, apprécieront la possibilité de se plonger pendant 4h30 dans l’univers de Frank Herbert.

Philippe Heurtel
pour ASFC 2001

FICHE TECHNIQUE

Titre original  : Frank Herbert’s Dune

Scénario et réalisation  : John Harrison d’après l’oeuvre de Frank Herbert

Producteur  : David R. Kappes
Producteur associé :Harry B. Miller III
Producteurs exécutifs : Mitchell Galin, Richard P. Rubinstein
Musique  : Graeme Revell
Photographie : Vittorio Storaro
Montage : Harry B. Miller
Casting : Molly Lopata
Costumes : Theodor Pistek
Décors : Miljen Kreka Kljakovic
Effets spéciaux  : Jim Healy, Pavel Sagner

Production : Evision, New Amsterdam Entertainment Inc., Tandem Communications, Victor Television Productions, Inc.

Effet spéciaux : AI Effects Inc., Area 51, Chiodo Brothers Productions, E=mc², Flat Earth Productions, K.N.B. EFX Group Inc., Netter Digital Entertainment, Proxima, Title House Inc.

INTERNET

http://www.scifi.com/dune/
http://www.duneworld.org/


11 juillet 2004



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Muad’Dib



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Paul Atreides



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Duncan Idaho



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Lady Jessica Atreides



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Baron Vladimir Harkonnen



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