Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Léa Silhol : Interview
« La Glace et la Nuit, opus un : Nigredo » en librairie depuis le 13 avril 2007

Dans le courant du mois d’avril, les moutons électriques sortaient « La Glace et la Nuit, opus un : Nigredo ».
Roman attendu avec une grande impatience par de nombreux lecteurs, le livre est déjà encensé (à juste titre).
L’occasion était trop belle et notre devoir était bien de vous proposer cette interview exclusive de Léa Silhol !



Bonjour Léa.
Hello, toi. ☺

« La Sève et le Givre », ton premier roman, est paru en 2002. Il aura fallu attendre cinq ans pour pouvoir enfin lire sa suite : « La Glace et la Nuit - opus 1 : Nigredo ».
Pendant ce temps, deux siècles ont passé en féerie et « Nigredo » s’avère très différent de « La Sève », beaucoup plus incisif, dans l’action. Comment se sont passées, pour toi, ces cinq années de maturation ?

Intéressante question... dont l’angle appelle une réponse complexe ! On va essayer de résumer cela de façon “carrée”. Disons que cela a coïncidé avec une période d’hyperactivité dans mon job de directrice littéraire. J’étais très focalisée sur ces puzzles, mes anthologies et le travail des auteurs que je voulais soutenir. Je pensais peu à ce roman, resté à l’état d’ébauche. Je savais “en gros” ce que je voulais faire lorsque ce serait l’heure... mais j’étais fixée sur le dévoilement de Frontier. Je savais comment et quand cela jointerait, mais je voulais, justement, dévoiler des pans de Frontier avant cela. La découverte de ce puzzle “dans le désordre” fait partie du sens final que je veux lui donner.
Je joue sur le brouillage temporel, beaucoup, sur le système de “toutes les époques en même temps”. Ce n’est pas l’histoire d’un monde, ce sont les reflets éclatés d’un monde parallèle et inter-tissé au nôtre, autour de problématiques applicables à n’importe quel monde. D’où mon choix, durant ce temps, de favoriser Frontier. Puis j’ai eu du temps, et tout était en place dans ma tête. J’ai juste laissé couler l’eau. Je suppose, aussi, que le succès monstrueux de « La Sève & le Givre », cet OVNI que certains envisageaient, à la base, comme “invendable”, m’a assez déstabilisée. Je pensais faire mon truc dans mon coin et que ce que j’étais en train, vicieusement, d’organiser, sauterait aux yeux des lecteurs plus tard, quand beaucoup de choses seraient déjà en place. L’exposition inattendue du premier roman m’a obligée à revoir ma “stratégie”.

Est-ce donc parce que tu avais, dans l’entrefaites, écrit plusieurs nouvelles sur Frontier et les fay que le style de « La Glace » est plus épique et percutant que celui de « La Sève », plus intimiste ?
Absolument pas. J’ai écrit avant « La Sève » pléthore de textes plus “percutants” que ceux de Frontier (pour la plupart non encore parus). Et ceux qui s’imaginent pouvoir cerner ce que je peux écrire ou pas sur la base de mon seul roman paru vont avoir de grosses surprises. Un auteur n’a pas qu’un seul visage (ou alors le pauvre...). Si le style est ce qu’il est, dans tel ou tel livre donné, c’est parce que ma seule “religion” en écriture est que la « forme procède de la fonction » (Louis Sullivan, architecte). On n’opte pas pour un style “pour le style”, ou “pour faire joli”, ou par hasard, au gré d’influences erratiques, on opte pour le style qui exprime le mieux l’idée qu’on veut servir. Le sujet de « La Sève » était plus intimiste, donc le style l’est. « La Glace » l’est beaucoup moins, d’où le style ad hoc. Par contre, évidemment, le fait de préciser l’avenir, avec « Frontier », m’a permis de penser à davantage de coups tordus dans le passé (les 19 Cours).

JPEG - 25.4 ko
Léa Silhol (Photo © Mad Youri)


Ce que tu dis des « reflets éclatés d’un monde parallèle et inter-tissé au nôtre » me fait penser au “Multivers” de Michael Moorcock. Or, tu as participé à l’anthologie de Richard Comballot « Elric et la Porte de Mondes ». Moorcock est-il un auteur qui compte particulièrement pour toi ? Autant que Shakespeare et Tolkien ?
Non. Pas du tout. J’ai lu Moorcock à un âge où j’étais capable de l’apprécier. J’en ai gardé... la conscience qu’Elric est dessiné pour être un fantasme sur pattes... et que ça marche sur moi. C’était un plaisir de “jouer avec”.
Pour le reste... je ne sais pas ce qui a amené Michael Moorcock vers le principe de “Multivers”. En ce qui me concerne, ce n’est qu’un effet secondaire de mon mode de pensée, essentiellement synthétique (et vicieux). Je ne sais pas pourquoi on a toujours la pulsion de chercher chez d’autres auteurs les idées du suivant. Et ma “trame” n’a rien à voir avec un “Multivers” comme celui de Moorcock, où les Dimensions, Plans et “incarnations du Champion Eternel” s’entremêlent. Je ne parle que de l’histoire d’un monde, le nôtre. Ma trame n’a pas plus à voir avec un “Multivers” que l’histoire de la Terre, patchwork de nations, de civilisations, de croyances.

Comment ta nouvelle sur Elric, « Le Rêve en la Cité », s’intègre-t-elle dans la Trame de ton œuvre ?
Ah, bonne question ☺ Il y a un lien rusé et un peu caché à la Trame dedans... (je ne vais pas dire ce que c’est, hmm ?). Qui pourrait bien suggérer qu’il y aurait « d’autres plans » d’existence, et des ponts entre eux.
Mais au-delà, la Trame procède de ma façon de voir naturellement les choses... mais je n’ai pas non plus l’intention de m’enfermer dedans. Cela serait l’aliénation complète du principe. Il y a déjà pas mal de textes qui sont passablement “anecdotiques” par rapport à ça. Je veux dire par là qu’ils procèdent de cet univers, s’y situent, mais n’ont aucune incidence réelle sur son histoire avec un grand H. Ne font pas partie du moyeu central de la Trame, dans le sens où ils ne reflètent aucun élément qui change le cours des choses pour “tous”. Ils n’en sont pas moins importants à mes yeux. Et il est aussi possible qu’à un moment, ma pulsion naturelle change, et que je me mette à écrire des textes « hors trame ». Qui sait ? Et auquel cas, je la suivrai. Tout change, et la Trame n’est pas une stratégie, et encore moins, j’espère, une prison.
C’est pourquoi j’estime aussi important que les divers ‘pans’ puissent être lus, appréciés, et compris, sans avoir à lire “tout”. On ne va pas tomber dans le concept crasseux de la “fidélisation du client par le cycle”. Ce n’est pas l’objectif. On peut donc envisager mon hommage Moorcockien comme une preuve possible... qu’il y a de la vie dans les pays/mondes/ planètes étrangers, et des passages vers là-bas. À “Histoire” séparée, comme pour des pays voisins.

« Nigredo » peut être lu de manière tout à fait indépendante de « La Sève et le Givre », ou de tes nouvelles, mais il est comme un carrefour : on peut y voir les routes qui mènent vers chacun de tes textes, de « La Tisseuse », « Contes de Fées, Contes de Failles » à « Musiques de la Frontière ». As-tu, dès le début, conçu ton œuvre telle que tous ses fils soient noués entre eux ?
Quasiment dès le début, oui. Du moins dès que j’ai recommencé à écrire, et me suis mise à publier. C’est venu tout seul. Je crois... que je suis juste incapable de concevoir différents univers, non liés les uns aux autres, parce que ma vision naturelle des choses est, toujours, de voir toutes choses comme liées, et de chercher les “ponts”. Cela n’a pas été un choix. Cela procède juste de ma façon de voir la vie.

« Nigredo » réunit en son sein différentes traditions, tels le folklore celte, la mythologie grecque ou la Bible. As-tu réuni beaucoup de documentation ?
Oh oui ! Comme toujours. Je ne joue jamais avec des concepts pré-existants sans en posséder au moins les bases. Ma bibliothèque est donc envahie de milliers d’ouvrages de référence sur ces thèmes, et il en rentre sans cesse de nouveaux (tandis que mon portefeuille est en constante hémorragie, comme de juste !). Ici, il y a eu ces thèmes-là, mais aussi des ouvrages sur l’Alchimie, et les thèses afférentes de Jung en psycho, des dicos de quatre ou cinq langues, beaucoup d’ouvrages de symbolisme. Je suis actuellement en train de réunir ce dont j’aurai besoin pour le deuxième volume, et ce sera... pire ! Au moins cinq nouveaux thèmes à “posséder” avant d’avancer !

La couverture comme les illustrations intérieures ont une dimension symbolique très forte. Comment s’est passé le travail avec tes illustrateurs et avec ton éditeur, de ce point de vue ?
C’est moi qui ai géré ces aspects. « La Glace » devait sortir, à l’origine, chez L’Oxymore. J’avais proposé à Amandine Labarre, ma dessinatrice “féerique” préférée, de travailler sur les illustrations. Je savais qu’elle était très amoureuse de « La Sève », et pensais que donc, elle saisirait plus facilement l’ambiance, et en plus... se ferait plaisir ! Mais la difficulté était que le roman, alors, n’était que peu avancé. Elle ne pouvait donc pas le lire. Je lui ai donc parlé d’une image que j’avais en tête et elle est partie là-dessus. Je voulais garder l’aspect très “blanc” qu’avait « La Sève », et que les deux “héros” soient tous deux présents, en écho à leurs portraits “séparés” sur les deux version de « La Sève » chez l’Oxy. Et la couverture est tout à fait ce que j’espérais. Nous voulions, Amandine et moi, travailler aussi ensemble sur les illustrations intérieures, mais le “déménagement” du roman chez les moutons électriques, et l’explosion de nos plannings a fait capoter ça.
Quand ce “déménagement” a eu lieu, j’ai demandé que nous conservions la couverture d’Amandine, et ce fut accepté. Les illustrations “alchimiques” de Dorian Machecourt se sont rajoutées quasi au dernier moment. Soudain, j’ai eu cette envie d’inclure les images du Rosarium Philosophorum, que j’ai beaucoup consulté pour l’aspect “alchimique” de « La Glace »... et Dorian m’a proposé d’en faire des remixes. Et voilà !

2007 s’annonce l’année Silhol : outre « Nigredo », deux de tes nouvelles vont paraître outre-Atlantique. Avons-nous déjà eu l’occasion de les lire en français ?
L’année Silhol ? Ouh la ! (rires) Cela me paraît très exagéré ! Ceci dit, oui, il y a entre autres de l’actu transatlantique, mais c’est un seul de mes textes qui paraît aux USA cette année : « Emblemata », dans l’anthologie « Interfictions » de Delia Sherman et Théodora Goss, chez Small Beer Press. C’est un projet de l’Interstitial Arts Foundation. L’autre nouvelle est déjà parue, chez Roc/ NAL. « Emblemata » est un inédit, qui paraîtra ensuite dans le recueil « Sacra », chez les moutons électriques (fin 2008, normalement).

« Sacra », le sacré... est-ce que ça sera l’occasion de retrouver les « nouvelles angéliques » de la première version des « Contes de la Tisseuse » ?
Eh... non ! C’est dans un recueil pour les Éditions du Calepin Jaune qu’on les retrouvera, en réalité. Parce que je crois que pour moi... elle n’ont rien à voir avec le Sacré. Ce n’est pas parce qu’elles mettent en scène des créatures bibliques qu’on peut, disons, les y rattacher automatiquement. Les problématiques de Judas, Jebraël et Jésus, ici, ont plus à voir avec leur rapport avec la loi divine. On est plus près de... « La Glace et la Nuit », au final !

Peux-tu nous en dire un peu plus sur la nouvelle parue chez Roc/ NAL ?
C’était en... 2005, il me semble. Il s’agit d’une anthologie sur le thème des “misfits”, les désaxés, très branché “sub-culture”. Son titre est « Outsiders », et elle a été dirigée par Nancy Kilpatrick et Nancy Holder. Suite à une invitation qui m’a été faite (les soumissions de textes étaient sur invitation), j’ai proposé un texte qui avait été publié en français précédemment : « Sous l’Aiguille ».
Il a été accepté... et publié. A noter que je l’ai proposé, dans ce cadre, déjà traduit. Cela a été différent pour « Emblemata », que les anthologistes américaines ont lu “en V.O.” et pour lequel elles m’ont alloué une traductrice américaine, l’auteure Sarah Smith. C’est très rare que cela se passe ainsi, et l’initiative est assez belle pour être signalée, et saluée, je crois.

Quel en sera le thème du recueil prévu aux éditions Le Calepin Jaune ?
La glissade. (rires) Je veux dire... la chute, ou juste l’instant qui la précède. Le déséquilibre. C’est pourquoi je trouvais le Triptyque des « Trois J » particulièrement indiqué pour “renaître” dans ce volume. C’est bâti comme une galerie des glaces, avec des textes qui se font écho, se répondent, se reflètent. Il y aura quelques textes déjà connus, à bord, accompagnés d’étranges rebonds. Mais aussi des “remixes” : versions longues, alternatives, autres angles.
Une structure différente, en certains points, de ce que j’ai fait jusqu’ici. Je suis très excitée par ce projet. C’est lui qui tourne en boucle dans ma tête, en ce moment. J’ai intérêt, note : c’est prévu pour l’automne !

Et « Albedo », la suite de « Nigredo » ? Devrons-nous patienter encore longtemps ?
Janvier 08, si les petits cochons ne me mangent pas. ☺

Tu écris en musique ; quelle aura été la bande son de « Nigredo » ?
Beaucoup de B.O. : « Le Baiser Mortel du Dragon », « Battlestar Galactica », « The Island », « Gattaca »... Et puis The Silencers, The Corrs, Sinead O’Connor un peu.
Tout ça -et d’autres que j’oublie sans doute, juste là- pendant l’écriture elle-même. Sur toutes les relectures/corrections : « With Teeth », de NIN.

Est-ce que les B.O. sont celles de films que tu as particulièrement aimés ?
Non. Juste la musique. J’ai adoré « Gattaca », c’est un film culte, pour moi, mais « Le Baiser Mortel du Dragon », par exemple... détesté ! Mais j’écoute beaucoup de B.O., même de films que je n’ai pas vus.

Ce sont des histoires tellement différentes de « La Glace et la Nuit »... ça n’interférait pas avec ton écriture ?
Je n’écoute pas une “histoire” ! J’écoute de la musique. Et si j’ai choisi ces B.O. là, évidemment, c’est que leur rythme, leur esprit, était pour moi pile dans ce qui était assorti aux scènes en question. Dieu merci, j’arrive à séparer les musiques de films qu’elles appuient !
Heureusement pour leurs créateurs ! Surtout à une époque où pas mal de musiques de film sont composées de chansons extraites d’albums sans aucun rapport direct.

Joues-tu encore de la basse ?
Mon fils de sept ans s’est mis à la guitare électrique. Je me suis donc très récemment remise à la basse pour qu’on partage ce truc, oui. Et je réalise à quel point ça m’avait manqué de me marbrer les doigts ! ☺

Outre la musique et la littérature, quels sont les formes artistiques qui t’emportent et te font rêver ?
A peu près toutes, je le crains. Très jeune, je faisais de la sculpture, à 9 ans je me mettais à écrire, à 12 ans du théâtre, à 15 de la musique tout en étudiant la peinture, à 19 j’étais en fac ciné-photo... et à 30 Robert Weinberg a fait de moi une héroïne de comics...
Je suis fascinée par toutes les formes d’expression créatives... et pas seulement d’art “pur”. L’artisanat, l’architecture, l’urbanisme, le vitrail, la forge, me passionnent beaucoup également. Et je dois toujours mettre les mains dedans pour comprendre. On a beaucoup qualifié mes écrits de “cinématiques”, et je suppose que je suis très influencée par l’expressivité “non parlée” de l’image filmique.
Certaines bizarreries de mon style (ou vues comme telles, en tous cas) relèvent sans doute de la recherche du “non verbal”, d’un langage des corps et des situations, une invite à un déchiffrement plus réaliste. Eviter le didactisme du descriptif trop blanc. Suggérer, faire sentir, ouvrir la voie à l’interprétation, je préfère.
Actuellement, je suis très boulimique d’images, que ce soit peinture/photo (je suis très dans “l’abstrait”, juste, là, et notamment les monochromes de Soulages ou Susan Jones) ou cinéma (ma thématique du moment : tout Eastwood, versant “Clint-le-réalisateur”).
Mais je recherche plus ce qui me “pousse en avant” et fait faire clic-clic à mon cerveau affamé que ce qui fait rêver.
Et rien, jamais, ne m’emporte comme la musique.

Tu es juive, bouddhiste, et tu écris sur les fées dont chacun sait qu’une d’entre elle meurt dès que l’on cesse de croire en elles... Comment se concilient ces différentes cultures, ces spiritualités qui peuvent paraître opposées ?
Je suis, oui, d’origine juive. Et je suis “culturellement” très judaïque. J’ai un amour indéracinable pour le rituel juif, les fêtes, les coutumes... je suis juive, oui, mais “laïque”. C’est mon peuple, pas ma foi. Dieu... c’est autre chose. Je ne peux pas “rentrer” dans un système pré-établi, voire un système tout court. Je pense qu’il y a un bout de vérité dans chaque religion. Aucune ne me paraît posséder la vision d’ensemble correcte.
Je me sens, oui, très proche de la pensée bouddhiste. Notamment parce que c’est plus une philosophie, une façon de déchiffrer la vie, qu’une “religion” au sens strict. Pour le reste, je ne peux pas vraiment imaginer un dieu créateur, un dieu conscient et dirigiste. La vie est un terrain d’épreuve, un labo, et tout me semble tellement en correspondance, du plus petit au plus grand, qu’il y a forcément une “force de cohésion” là derrière, une énergie. Et un but final. Mais je n’ai pas besoin d’adhérer à un club pour me rassurer, face à ces questions. Je suis en recherche, et juste plus en phase avec certaines “hypothèses” qu’avec d’autres. Cela me permet peut-être d’être, paradoxalement, juive, bouddhiste et païenne, et athée. Parce que je ressens tout cela comme complémentaire. Mais je conçois que cela puisse paraître bizarre ! (rires)

Le judaïsme et le bouddhisme inspirent-ils beaucoup tes écrits ?
Beaucoup ?... non, je ne pense pas. Et pas plus que les centaines de sujets qui me passionnent par ailleurs. Je crois que mon seul véritable “texte bouddhiste” est « Emblemata ». Pour le judaïsme... je pense que j’ai tendance à brasser ça dans les thématiques liées aux Religions du Livre. Je parle de la chrétienté et de l’Islam, aussi. J’ai grandi proche des trois, dans une famille des frontières, où les 3 cohabitent.

Jérusalem t’a-t-elle inspiré « Frontier » ? La Terre Promise ? La ville qui devrait être, selon ton expression, « des frontières, où les 3 cohabitent » ?
Il y a sans doute quelque chose de Jérusalem dans « Frontier »... mais pas intégralement. « Frontier » m’a été “donnée” par la musique. Je l’ai rêvée sur de la musique... d’où sans doute le titre du premier recueil sur ce pan de la trame. Mais les exilés ont toujours un point faible pour les « Terres Promises », je suppose... Et, oui, je pense que Jérusalem devrait être, par excellence, un lieu de cohabitation, de partage, et de paix. Et que la religion ne devrait pas interférer dans la politique.

La philosophie bouddhiste, et la méditation qui l’accompagne, sont-elles compatibles avec la « punk attitude » ? Comment arrives-tu à concilier les deux, dans tes écrits et dans ta vie ?
Réponse tristement simple : je suis une mauvaise bouddhiste. J’ai conscience d’avoir encore beaucoup de chemin à faire, et d’incarnations à encaisser, après celle-là. Mais être bouddhiste, pour les bouddhistes, n’est pas “méditation”. C’est l’adhésion à un mode de pensée, et d’action. J’ai conscience que ce monde est une illusion.
Mais je n’arrive pas à faire coïncider cela avec la règle de juste action et juste parole. Alors même si c’est une illusion... j’en refuse les absurdités. Refuse, dénonce, proteste, et vitriole... en Punk, peut-être, oui. Car pour les Punks, le Punk n’est pas une attitude. C’est une nature, et une façon de brocarder la connerie de la société. Le concept d’“attitude” est pour moi aberrant. Je ne sais qu’être (quoi que je puisse être), pas paraître. Si quelque chose me choque, je le dis plus volontiers par l’humour noir et l’acide que par le langage de la Planète Bisounours, c’est tout.

Et maintenant, sur quoi travailles-tu ?
Juste là, en ce moment... je réponds à (beaucoup) de questions sur « La Glace & la Nuit » ! Mais je suis également (quoique pas assez à mon gré) sur le “plan au sol” du recueil pour le Calepin Jaune, l’avancée de deux autres pour les moutons électriques (à paraître en 2008), et j’espère caler les derniers coups de limes sur le roman de litt-gen que j’ai écrit en mai de l’année dernière. Début juin, mon plan est de plonger full time dans « Albedo », afin de le rendre à l’automne... la saison où tombent les feuilles ! (normal, donc ^_^)

Deux recueils aux moutons en 2008, en plus d’« Albedo », c’est magnifique ! Si le premier est « Sacra », quel sera l’autre ?
Le premier est « Sacra », en effet. Le second... il est vraiment trop tôt pour en parler. Mais je crois que cela devrait, si cela se fait, enchanter les “Sherlock Holmes” du monde de Vertigen. Pour l’instant, c’est assez incertain, parce que si je commence ce “truc”... cela va signifier une considérable accélération de la trame -et de mes particules ! En enclenchant un Big Bad dévoilement au rythme de deux volumes (en plus de ceux déjà planifiés jusqu’en 2009) par an. J’aime assez les défis mais là, j’avoue... j’en tremble d’avance ! Si vous voyez, dans les mois qui viennent, un “truc” annoncé aux moutons électriques pour le printemps prochain, vous pourrez en déduire que j’ai grimacé un « même pas peur » et ai relevé le gant. C’est assez probable, en fait, car tout comme les Nishven, je déteste jeter l’éponge. A suivre !

Et nous suivrons cela avec grand intérêt ! Merci de tes réponses, Léa.

Notes :
De très intéressantes interviews de Léa Silhol, accompagnées de nouvelles inédites, ont récemment été publiées dans le n°9 de « Khimaira » et dans le n°1 de « Fées Divers » .

SITES INTERNET

Site officiel de Léa Silhol :
http://www.unseelie.net
Page MySpace de Léa Silhol :
http://www.myspace.com/noiseground
Fan club officiel de Léa Silhol :
http://www.tisseuse.net

Page MySpace de Mad Youri :
http://www.myspace.com/madyouri

les moutons électriques :
http://www.moutons-electriques.com

Éditions du Calepin Jaune
http://www.editions.lecalepinjaune.com

Michael Moorcock sur la Yozone :
Critique de l’intégrale du « Cycle d’Elric » (Omnibus) & Délices et Daubes N°15

COMPLÉMENTS YOZONE

Critique « La Glace et la Nuit, opus un : Nigredo »
Critique « Musique de la Frontière »

Photo Léa Silhol : © Mad Youri (Hôtel Danieli, Venise).

Interview réalisée par :


Lucie Chenu
29 mai 2007


JPEG - 13.7 ko



JPEG - 16.9 ko



JPEG - 17.4 ko



JPEG - 14.3 ko



JPEG - 5.7 ko



JPEG - 17.7 ko



JPEG - 5.7 ko



JPEG - 20.1 ko



JPEG - 5.7 ko



JPEG - 16.1 ko



JPEG - 5.7 ko



JPEG - 18.9 ko



JPEG - 5.7 ko



JPEG - 10.5 ko



JPEG - 5.7 ko



JPEG - 16.7 ko



JPEG - 5.7 ko



JPEG - 13.1 ko



Chargement...
WebAnalytics