C’est en 1561 et avec l’une de ses prédictions que débute notre histoire : « J’ai sauvé trois vies... Donnez m’en trois autres... Voici trois Opales... Vos fils seront l’autre... ».

Lorsque l’on prend cette BD en mains et qu’on la feuillette, le premier constat se porte sur le graphisme fait de contrastes. En premier lieu, la couverture sur un fond bleu laissant apparaître une naïade africaine sortant des eaux, nous rappelle les plus sensuelles publicités pour les shampooings.
Ensuite, l’histoire s’ouvre sur des planches aux couleurs vives nous plongeant dans la France des guerres opposant catholiques et protestants. On y découvre de superbes représentations des grandes villes de cette époque avec un graphisme s’inspirant des tableaux de grands peintres. Les détails caractérisant les personnages (certes un peu trop figés), les vêtements et tous les attributs architecturaux démontrent un beau travail de recherche.
En troisième partie, la représentation de Walaya portant un « string » n’est par contre pas très réaliste , mais c’est une tenue assez « classique » pour les héroïnes d’heroïc fantasy (note de Fab : dessinées par des hommes ?!).

Pour une première œuvre, Grun (diplômé des Beaux Art de Bordeaux), nous dévoile donc ici une belle représentation de son talent de dessinateur et coloriste.

Nous parlions de forts contrastes, le scénario en est bien entendu responsable. Il mélange des faits historiques biens précis et un univers de légende. Des premières pages pour un flash back sur la prophétie de Nostradamus, puis une mise en situation en pleine guerre de religion pour comprendre les différentes quêtes de pouvoir, avant de finir par s’installer dans une véritable épopée d’imaginaire avec tous ses atours.
On passe d’un personnage historique très charismatique comme Richelieu à un trio très « typé » composé d’un médecin philosophe qui en sait plus qu’il n’en dit, d’une héroïne souvent dénudée et d’un guerrier suédois qui n’a foi qu’en son arme ou encore à une horde de cavaliers mystiques. Tout ce petit monde n’a qu’un but, comprendre et récupérer ce que la prophétie peut apporter.

Ce tome 1 rime avec mise en place de l’intrigue et des personnages, avec une qualité du récit, bien qu’un peu facile dans certaines occasions (comme lorsque le suédois et Walaya se retrouve par hasard sur la même plage ou quand ce même suédois se sauve du château et plonge à l’endroit précis où sa lance avait été jetée) de Corbeyran et Hamm qui permet au lecteur de s’installer avec aisance dans cette aventure.
Un petit bémol toutefois : lorsqu’on sait que la protagoniste principale s’entretient d’égal à égal avec Richelieu et va même jusqu’à faire un pacte avec lui, on se demande si le fait qu’elle soit noire, n’est pas une erreur au vu des coutumes de l’époque envers ceux que l’on considérait comme des « sous hommes ». Espérons que la réponse à ce choix qui semble peu judicieux nous soit expliquée dans la suite de la série (le tome 2 est paru en mars 2006).

La Conjuration d’Opale est une BD qui ne s’inatallera pas près des classiques s’inspirant de l’Histoire, mais qui, bien aidée par le talent de Grun, pourra se faire une petite place dans la lignée d’aventure à la façon des « Robin des Bois » ou des « Trois Mousquetaires ».

Le Serment (T1)
 Scénario : Éric Corbeyran, Nicolas Hamm
 Dessin : Grun
 Couleur : Grun
 Édition : Dargaud
 Dépôt Légal : juin 2006
 Format : 32 x 22 cm
 Pagination : 48 pages couleur
 ISBN : 2-87129-744-4
 Prix public : 11 €