Genre : Fable post-pocalyptique
Durée : 1h35
Avec Harry Belafonte (Ralph Burton), Inger Stevens (Sarah Crandall), Mel Ferrer (Benson Thacker)
Coincé dans une galerie suite à un tremblement de terre, un mineur parvient à rejoindre la surface et découvre que la population terrestre a disparu. Ne pouvant se résoudre à être le dernier représentant de l’humanité, Ralph Burton se rend à New York et erre dans les rues de la cité à la recherche d’éventuels survivants....
Si vous recherchez un film au réalisme clinique sur l’après holocauste, passez votre chemin. « Le monde, la chair et le diable » n’a que très peu à voir avec la tradition « post-apocalyptique » dans la lignée des « Mad Max », qui sévit durant toute la décennie 80 avec son cortège de voyous punkoïdes radioactifs et autres survivants à crête.
Ce New York déserté de l’après 3ème guerre mondiale est un endroit « propre sur lui ». Pas une âme qui vive, mais pas non plus de cadavres, et s’il est question d’évacuation, on ne comprend à aucun moment la raison de cette absence totale (a moins que les habitants aient tout simplement et très hygiéniquement été désintégrés, à la manière des anciens films de science fiction). Il n’en reste pas moins des images saisissantes d’une mégapole vide, tour de force esthétique et intimiste qui n’est pas sans rappeler l’ambiance de la série « Twilight Zone ».
Pour une description clinique de l’apocalypse atomique, on préférera, à la même époque et en noir et blanc, le bouleversant pseudo documentaire de Peter Watkins « The Bomb » et son accumulation sans fins de détails maniaques conduisant à la prise de conscience d’une horreur totale.
Aux antipodes de ce dernier, « Le monde,la chair et le diable » est un coquet et finalement optimiste objet filmique, qui dans la plus pure tradition de la science fiction, revitalise et revisite un archétype au service d’une leçon morale.
Car le survivant, fort heureusement (pour le spectateur) n’est pas seul au monde. L’autre est une jolie jeune femme. Le monde a pris fin. Un nouveau peut naître.
C’est là que le diable s’en mêle. Car notre Adam a l’épiderme noir, notre Eve est blanche, et nous sommes (ou étions) dans l’Amérique du milieu des années 60...
Paradoxalement, les films post-apocalyptiques ont souvent une face lumineuse. Vidés de la présence humaine, ces mondes redeviennent souvent des mondes d’abondance pour les survivants qui peuvent se servir à leur guise sur les colossaux restes de la société de consommation, sans fournir le moindre effort. Délivrés de toute obligation sociale, il jouissent aussi réellement d’une liberté sortant enfin du domaine de l’abstraction. L’apocalypse est souvent un nouvel Eden pour les survivants.
Et pourtant tout n’est pas si simple pour ce couple post-apocalyptique, qui reste prisonnier de ses tabous. Adam malgré ses sentiments se voit contraint de rejeter Eve, elle aussi éperdue, et résolue à aimer cet homme qu’elle a appris à connaître. Il aura fallu pas moins d’une apocalypse pour que ce rendez-vous se produise, et les amants en sont trop conscients pour l’ignorer. Le diable se niche dans les détails. L’incongruité de la situation n’échappe à personne, et se charge à elle seule de démontrer l’absurdité des préjugés racistes.
La science fiction, entremetteuse de cette rencontre improbable, en sort une fois de plus grandie. Si ce film survit à l’apocalypse à venir, il sera sans doute un témoin précieux de l’esprit qui animait alors la lutte pour l’égalité des droits civils dans l’Amérique de Kennedy qui s’annonce.
Notes du rédacteur en chef :
C’est la contrainte de tourner les extérieurs aux aurores, autrement dit avant que les new yorkais ne se lèvent, qui a amené Ranald MacDougall (le réalisateur) et Harry Belafonte (le producteur) a réaliser le film en noir et blanc.
Comme « Planète Interdite », film fondateur du space-opera moderne et précédente ressortie de Madadayo Films, « Le Monde, la Chair et le Diable » a marqué durablement le genre.
Outre une référence à Robby le Robot par le biais d’une miniature posée sur une étagère d’une maison désertée, les fantasticophiles avertis penseront fortement à « The omega man/Le survivant » lorsque le héros, survivant lui aussi, chosit une voiture dans un magasin de la ville ou à « 28 jours plus tard » quand il erre seul dans les rues de New York et pénètre finalement dans une église abandonnée.
La bande annonce
FICHE TECHNIQUE
Titre original : The World, The Flesh and the Devil
Réalisation : Ranald MacDougall
Scénario : Ranald MacDougall
D’après le roman « The Purple - Cloud » de M.P. Shiel et l’histoire « End of the World » de Ferdinand Reyher
Producteurz : George Englund et Harry Belafonte
Producteur exécutif : Sol C.Siegel
Musique : Miklós Rózsa
Image : Harold J. Marzorati
Montage : Harold F. Kress
Direction artistique : Paul Groesse et William A. Horning
Décorateur de plateau : F. Keogh Gleason, Henry Grace
Création des costumes : Kitty Mager
Maquillage : William Tuttle, Sydney Guilaroff
Son : Franklin Milton
Effets spéciaux : Lee LeBlanc
Production : HarBel Productions, Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
Distribution : Madadayo Films
Relation Presse : Jean-Batiste Emery pour Madadayo Films
INTERNET
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