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Amer Béton
Animation japonaise de Michael Arias (2006)
2 mai 2007


Genre : Drame Fantastique
Durée : 1h51

Avec les voix de Yû Aoi (Blabc), Kazunari Ninomiya (Noir), Yusuke Iseya (Kimura), Kankurô Kudô (l’inspecteur Sawada), Masahiro Motoki (Serpent), Yoshinori Okada (Vanilla), Nao Omori (Chocola), Min Tanaka (Rat),...

Nullement un documentaire ou une fiction militante sur la vie dans les banlieues jeté en pâture aux électeurs cinéphiles entre les deux tours de la présidentielle, « Amer Béton » est la nouvelle merveille animée en provenance du pays du soleil levant. Projet de longue haleine fomenté par le studio 4°C, cette adaptation du manga culte et controversé de Taniyo Matsumoto a végété pendant 7 ans avant que Michael Arias (américain installé depuis une décennie au Japon et l’un des artisans de la série de court métrage animé « Animatrix », déjà pour le Studio 4°C) ne persuade les investisseurs et se lance dans quatre longues années de production pour accoucher d’un premier long-métrage fascinant, magnifique et poignant.

Surnommés « les chats » en raison de leur agilité, Noir et Blanc sont deux jeunes orphelins qui survivent de petits larcins dans les ruelles de Takara (« Trésor » en japonais). Persuadés que la ville leur appartient, d’être les gardiens de l’âme de leur cité où la lune rit et les enfants peuvent voler, Noir, le bagarreur caractériel, et Blanc, son jeune frère quasi-autiste, se lancent dans une croisade lorsque les entrepreneurs, à la solde d’un yakusa de retour à Takara, entament les travaux de rénovations de leur quartier.

Mêlant personnages en 2D et décors en 3D d’une grande richesse, le film de Michael Arias parvient à transposer habilement l’esprit du manga de Taiyo Matsumoto. Présentée comme une succession de tranches de vie (délivrées chronologiquement et refermées par un fondu au noir), la chronique des deux garnements en lutte contre la modernisation de Takara alterne séquences du quotidien (Noir habillant, lavant, nourrissant son petit frère), scène de violence et instants de pure poésie, sans pour autant donner de mode d’emploi aux spectateurs. Une approche, certes, un peu hermétique, mais qui prend tout son sens au fil du récit. Comme dans la vie, la vraie, tout n’est pas tout blanc ou tout noir. Plus que deux individus situés à chaque extrême du spectre émotionnel, les deux frères s’affichent peu à peu comme les deux facettes, le Yin et le Yang, d’une unique personne scindée en deux confrontée à l’amertume de plus en plus prégnante du béton (la modernisation de la cité), à la peur du changement et à celle de grandir.

En plus d’un style narratif troublant, de la richesse de ses personnages et de la magnificence des décors (la ville est un personnage à part entière), Michael Arias a également soignée la bande son. Que ce soit par le biais de la musique du film confiée au groupe électronique « Plaid » que par le choix des voix de la version originale dans laquelle nous retrouvons Kazunari Ninomiya (« Lettres d’Iwo Jima ») dans le rôle de Noir, Yû Aoi pour Blanc, Masahiro Motoki pour Sake et le célèbre danseur de Butoh, Min Tanaka, dans celui de Rat. Les férus de peintures pourront également reconnaître l’inspiration de Francis Bacon ou l’oeuvre stylistique de Horst Janssen dans les séquences oniriques du Minotaure que nous n’avons pas évoquées ici pour ne pas trop en dévoiler sur ce film tout simplement grandiose.

La sortie de la semaine, le film du mois, l’animé de l’année et le coup de cœur de la YOZONE.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Tekkon Kinkreet

Réalisation : Michael Arias
Coréalisateur : Hiroaki Ando
Scénario : Anthony Weintraub d’après le manga de Taiyo Matsumoto

Producteurs : Eiichi Kamagata, Eiko Tanaka, Masao Teshima, Fumio Ueda
Producteurs exécutifs : Naoki Kitagawa, Yasushi Siina, Osamli Kamel, Eiko Tanaka

Musique originale : Plaid
Décors / Direction artistique : Shinji Kimura
Technicien du son : Mitch Osias
Supervision de l’animation : Chie Uratani
Design des personnages : Shojiro Nishimi
Design des véhicules : Masahiko Kuboi
Coloriste : Miyuki Ito
Supervision de l’animation intermédiaire : Mitsuko Kaigaya
Montage : Mitsumi Takemiya
Effets visuels : Takuma Sakamoto

Production : Aniplex, Asmik Ace Entertainment, Beyond C., Shogakukan, Studio 4°C, Tokyo MX TV
Distribution : Rézo Films

Relation presse : Michel Burstein pour Bossa Nova

INTERNET

http://www.rezofilms.com


Bruno Paul
29 avril 2007



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