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Manhole : alerte au virus !
Tetsuya Tsutsui
Édition Ki-oon

Une loque humaine, nue, est en vadrouille dans les rues d’un quartier commerçant du Japon actuel. Il finit par heurter un jeune homme qui passait par là, lui murmure « maman » à l’oreille avant de lui cracher une bonne giclée de sang à la figure !
L’inconnu, surpris et effaré, le repousse rudement avant de s’enfuir.
Le « malade » percute violemment le sol et décède. La Police va démarrer son enquête sur de biens maigres indices.
Mais tout à coup, une étrange, implacable et fulgurante épidémie de « filariose » se répand...



Qu’est-ce qui fait une bonne œuvre graphique ?

Question ardue à laquelle nous répondrons simplement : un bon scénario ou un graphisme de talent et quand on a de la chance, les deux réunis pour le meilleur.

Pour le meilleur... et le pire en ce qui concerne cette trilogie Manhole (bouche d’égout chez nos amis anglophones) de Tetsuya Tsutsui.
Le pire car Tetsuya Tsutsui, son auteur Mangaka, ne nous épargne aucun détail et flirte souvent avec le gore le plus pur. Néanmoins, sa dérive sanglante est pleinement justifiée par son scénario et sa narration sans concession.

Voici donc que sort des égouts du Japon moderne, des êtres contaminés à la “filariose”. En effet, une sorte de génie du mal a décidé que cette maladie, en éradiquant tous les instincts primaires de l’homme (la violence, l’envie, etc), serait un acte de renaissance bénéfique pour l’humanité.
En résumé et médicalement parlant, un vers parasite infiltre le corps des victimes et dévore une partie du cerveau des contaminés, dictant sa loi à ces êtres humains.
Se mouvant comme des robots dégingandés ou devenant fous, ils vont, petit à petit, apparaître dans les rues japonaises, contaminant à tour de bras tous les habitants croisés par hasard.
Et encore, ce n’est pas tout, une nouvelle variété de moustiques, vecteurs de la maladie et transmetteurs du parasite, se mêle à la folle danse.
Rude épreuve pour l’inspecteur Ken Mizoguchi, sa timide assistante Naou Inoue et les services sanitaires du Pays du Soleil Levant.

Il va leur falloir tout à la fois endiguer l’épidémie, trouver le criminel responsable de ces événements, éviter toute contamination et tenter d’alerter les autorités nationales sans affoler toute la population !

Déjà auteur des one-shots « Duds-Hunt » et « Reset » (pas encore lus mais vivement recommandés par les amateurs - nos bourses amaigries comptent sur l’éditeur hexagonal pour remédier à ces lacunes), Tetsuya Tsutsui livre avec la trilogie Manhole, une œuvre graphique totalement effrayante et ébouriffante.

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Manhole : une trilogie à ne pas rater de Tetsuya Tsutsui (Éditions Ki-oon, 2006) !

Pour la petite histoire...

Alors que je déambulais gentiment dans les allées du dernier Salon du Livre à Paris, mon regard fut attiré par les dessins de ce Manhole présentés par l’éditeur (Ki-oon) sur son stand. Inutile d’aller plus loin, votre serviteur qui n’est pourtant point connaisseur de la chose dessinée venue d’Asie (mis à part Monster), arrêta net son élan et s’aperçut tout à coup qu’un attroupement important obstruait sa vue.
Mazette, Tetsuya Tsutsui était en dédicaces et durant plus de trois heures, avant que le Mangaka ne crie grâce, il offrit son talent avec une extrême précision à ses nombreux fans.
Outre que l’on salue ici l’effort de l’éditeur et l’heureuse initiative, il faut bien avouer que si ce genre de grandes foires commerciales peut servir à quelque chose, autant que cela soit ça !
On ne met pas souvent la main et les yeux sur un objet intéressant par simple hasard !

Évidemment, le scénario présenté rappellera aux fans d’anticipations et d’accidents médicaux, des pistes déjà explorées par la littérature et le cinéma de SF. M’enfin, c’est parfois dans les vieux pots que l’on prépare les meilleurs plats et Manhole ne déroge pas à la règle.
Totalement basée sur des faits « réels » (l’espèce parasite, les moustiques, la maladie), l’histoire pousse juste ces événements à leur paroxysme, rendant plus effrayante encore la possibilité narrative de l’intrigue.
Ici, la SF n’est qu’un outil utilisé à des fins extrêmes et, du coup, parfaitement accepté par le lecteur comme un postulat crédible.
Également issue de la psyché terroriste nippone récente, l’idée de départ fait bien sûr référence à des événements dramatiques locaux ou quelques gourous s’étaient mis en tête de rectifier la trajectoire sociale du pays par la menace d’attentats chimiques imprévisibles...

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Leçon numéro 1 : on respecte les morts !


Du graphisme et du reste !

Le traitement graphique hyper réaliste, s’éloigne fort heureusement des tics habituels du Manga basique pour privilégier l’enquête policière. Seuls quelques personnages, principalement féminins dont celui de Naou Inoue, montrent ces racines créatives dans les expressions dessinées des corps et des visages.
Le découpage, très varié (pleines pages, classique, horizontal, cases verticales croisées) joue la complémentarité au service de la narration.
Le dessin, quant à lui, travaille tout autant les ambiances grisées que les traits noirs francs et fermes ou l’utilisation d’aplats également noirs et massifs.

Clairement (!), on ne s’embête pas et Tetsuya Tsutsui a décidé dès le départ de livrer une œuvre complexe et sans retenue ni restrictions particulières. Ni le scénario, ni le dessin, ni la mise en page ne sont freinés par de quelconques limitations créatives. Et c’est très bien ainsi.

Manga de haute volée, Manhole et ses trois volumes s’avère d’une lecture impérative pour qui s’intéresse de près ou de loin à la BD d’influence SF.

On ose le dire, pour moins de 27 euros les trois volumes, c’est une affaire en or et une paire d’heures passionnantes sur lesquelles vous allez investir.

En guise de brève conclusion !

Merci Tetsuya Tsutsui, merci Ki-oon et merci le Salon du Livre !


Manhole (3 volumes)
Scénario et dessin : Tetsuya Tsutsui
Traduction : GB One
Adaptation : Ahmed Agne & Cécile Pournin
Adaptation graphique : GB One
Éditions : Éditions Ki-oon
Site Internet : Ki-oon - Manhole
Pagination : 208 + 206 + 218 (noir et blanc)
Format : Manga (13 x 18 cm)
Couverture : souple + rabats
Dépôt légal : juin 2006 (T1), septembre 2006 (vol 2), décembre 2006 (vol 3)
ISBN : 2-915513-21-X & 2-915513-22-8 & 2-915513-23-6
Prix public : 6,90 € (par volume)



© Illustrations : 2005 Tetsuya Tsutsui/Square Enix & Ki-oon pour l’édition française (2006).



Stéphane Pons
10 avril 2007




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Manhole : un criminel et des victimes !



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Vous ne regarderez plus jamais une bouche d’égout sans y faire attention après ce « Manhole » !



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Heureusement que l’inspecteur Mizoguchi est en charge de l’enquête.



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Quant à son assistante, Naou Inoue, elle va apprendre le métier à la dure...



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Car trouver des cadavres nus au milieu des rues n’est pas habituel.



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Même l’inspecteur le reconnait !



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Quant aux agents, ils semblent vaguement énervés (on le serait à moins) !



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Mais d’où vient la victime ?



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Sinon de là !!!



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Un duo d’enquêteurs qui va apprendre à s’apprécier.



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Reset, son premier one -shot (Édition Ki-oon)



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Duds Hunt, le one-shot (Édition Ki-oon)



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