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Le cyberespace de l'imaginaire




Bunker Palace Hôtel
Film d’anticipation Français de Enki Bilal (1989)
1989


Genre : Science Fiction
Durée : 1h 35mn

Avec Jean-Louis Trintignant (Holm), Carole Bouquet (Clara), Maria Schneider, Benoit Régent, Roger Dumas, Yann Collette, Jean-Pierre Léaud, etc,.

Dans la capitale d’un pays imaginaire, sous les averses d’une pluie blanche et énigmatique -dans une autre dimension du rêve ?- règne un état de guerre permanent entre deux factions rivales. Coté pile, le régime en place, dont le « Dictateur Holm » (Jean-Louis Trintignant) est tout à la fois, la figure emblématique du père de la nation et celle d’un Dieu omnipotent ; coté face, de mystérieux « rebelles » dont la pratique même de la langue est interdite.
Alors que l’activité des troupes rebelles semble s’intensifier et que le doute assaille les principaux dirigeants du régime, une énigmatique espionne-émissaire, « Clara » (Carole Bouquet, cheveux courts et roux), réussit à pénétrer dans le saint des saints hébergé sous le Palace Hotel : le Bunker, quartier général souterrain du « Dictateur Holm ».
Elle y partagera les derniers instants de l’inexorable effondrement du pouvoir en place.

Dans ce huit clos énigmatique où androïdes et systèmes mécaniques se déglinguent les uns après les autres au rythme d’une valse de plus en plus désordonnée, les petites trahisons politiques se succèdent comme autant de coups de pokers inutiles et l’amour se résume au simple et basique échauffement des corps. L’état de ruine, tel un virus incontrôlable, suintera à travers les fondations et les murs du Bunker, s’infiltrant aussi bien dans les corps que dans les âmes, contaminant les apparatchiks jusqu’à la déchéance finale. Prison puis tombeau, le Bunker Palace Hotel sera la matrice d’un monde appelé à renaître de ses décombres. « Clara », à la fois témoin, actrice et marionnette du destin, accédera à la lumière et à la révélation au son hypnotique des Voix Bulgares.

À travers les premiers plans d’une société en pleine déliquescence, des visions architecturales rappelant la lourdeur de certains monuments de l’ancienne Europe de l’Est, Enki Bilal réussit à installer un climat original et personnel. De cette ville étrange, parcourue par de rares automobiles noires aux silhouettes aérodynamiques d’un autre temps, nous n’apprendrons pas grand chose de précis. Quid du « Dictateur Holm », de « Clara », des rebelles, du passé des uns et du futur des survivants mais qu’importe.

De superbes images de Philippe Welt contribuent grandement à l’élaboration de cette vision. Certains cadrages et les rapports entre la situation des personnages et les décors dans lesquels ils se trouvent, accentuent pareillement l’impression de ne pas assister seulement à un exercice de style mais à la création d’une œuvre profondément pensée et accomplie. La performance des acteurs est aussi à signaler avec un couple Trintignant-Bouquet à son plus haut, un Jean-Pierre Léaud étonnamment à l’aise et toute une galerie de second rôles dont on n’oublie pas les trognes atypiques.

Lorsque Bunker Palace Hôtel apparaît sur les écrans en 1989, tout le monde (presse, public, fans) se demande si le succès cinématographique sera au niveau de la gloire qui auréole cet étrange auteur de BD. Sans être un échec (plus de 80 000 entrées sur Paris), le film n’obtiendra qu’un succès d’estime. Certains commentaires seront mitigés, les sentiments partagés. Bunker Palace Hôtel est pourtant une œuvre éminemment respectable, intéressante et surprenante. Peut-être trop pour l’époque...

Un des rares films basé sur « l’imaginaire » dans un pays au cartésianisme parfois trop exacerbé. Ceux qui l’ont vu attendent avec impatience une réédition en DVD (la première édition étant épuisée).

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Enki Bilal
Scénario : Enki Bilal et Pierre Christin

Producteur(s) : Maurice Bernart
Producteur(s) exécutif(s) : Alain Centonze

Musique originale : Arnaud Devos, Philippe Eidel
Image : Philippe Welt
Montage : Thierry Derocles
Distribution des rôles : Shula Siegfried
Création des décors : Michèle Abbé-Vannier, Sava Acin
Direction artistique : Vlastimir Gavrik
Création des costumes : Nicolas Harle
Maquillage : Jacques Clemente, Agathe Moro
Directeur de production : Gérald Molto
Son : Pierre Gamet
Effets spéciaux  : Patrick Collandre

Production : AFC, Charles Gassot, France 3 Cinéma, La Sept Cinéma
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Stéphane Pons
15 septembre 1996



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