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Le cyberespace de l'imaginaire




Kafka sur le rivage
Haruki Murakami
Belfond, roman (traduction), imaginaire, 619 pages, janvier 2006, 23€

Haruki Murakami est un géant de la littérature de l’imaginaire et un géant de la littérature tout court. Dans ce roman paru en 2003 au Japon et en 2006 en France, il a choisi de changer sa façon de raconter une histoire.
Au lieu du récit d’un narrateur, une autobiographie plus ou moins inventée, comme dans « Les Amants du Spoutnik » ou « Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil », il y a dans ce livre deux lignes narratives parallèles : les aventures du jeune Kafka, écrites au présent, et celles d’un étrange vieux bonhomme Nakata, écrites au passé.




Kafka est un lycéen qui décide de fuguer le jour de ses quinze ans. Solitaire et grand lecteur, il discute avec son double, le garçon nommé Corbeau (kafka en tchèque). Il n’a aucune relation avec son père et n’a plus de mère qui est partie avec sa sœur quand il avait 4 ans. Ce père absent et riche lui a prédit un avenir œdipien : il tuera son père et couchera avec sa mère et sa sœur. Il prend le train pour Takamatsu, une ville côtière, et se retrouve dans une bibliothèque privée où il va rencontrer Oshima-san, l’assistant de la belle bibliothécaire Melle Saeki, une femme de 50 ans d’une grande beauté qui pourrait être sa mère.

Pendant ce temps-là, le vieux Nakata, qui a perdu la mémoire en 1944 quand il était écolier, vivote de sa pension et retrouve les chats perdus, car il sait leur parler. Il est attiré par Johnnie Walken, le bonhomme des bouteilles de whisky, qui extermine les chats pour capturer leur âme et manger leur cœur. Nakata est contraint par Johnnie de le tuer puis, attiré par un “devoir” qu’il ne peut expliquer, il se rend, avec l’aide d’un jeune routier, dans la ville où séjourne Kafka, pour trouver la “pierre de l’entrée”. En chemin il fait pleuvoir des sardines, des maquereaux et des sangsues.

Absolument impossible à résumer, les deux histoires vont finir par n’en faire qu’une.

C’est sans doute affaire de sensibilité et de vécu personnels mais on peut ne pas être touché par l’histoire du jeune ado, ni trouver crédible ses sensations et sentiments. L’histoire du vieux bonhomme au contraire, qui ne sait ni lire ni écrire mais parle aux chats puis aux cailloux -et de lui à la troisième personne- est particulièrement sensible et drôle.

Il se dégage l’étrange impression, en lisant ce (trop) long roman, que Murakami s’est amusé à écrire un livre comme doivent l’être les bestsellers selon les ateliers d’écriture : plusieurs lignes narratives, faux documents officiels, passages en gras, passages “gore” et érotiques.

De surcroît, contrairement à ses habitudes où le fantastique est diffus, onirique, suggéré, les événements irréels sont ici clairement décrits, sans ambiguïté sur leur interprétation. Malgré tout, à la fin, bien peu de questions trouveront une réponse.

Bien sûr, quand on a, plus que du talent, du génie, il est impossible d’écrire un mauvais livre. L’écriture est tout simplement sublime de poésie, de profondeur, de subtilité et de légèreté. Quoi qu’il advienne on ne peut être que fasciné par le pouvoir d’évocation de Murakami. Pourtant, on peut préférer ses romans précédents, à cause des thématiques évoquées ou du type de construction.

Titre : Kafka sur le Rivage (Umibe no kafuka, 2003)
Auteur : Haruki Murakami
Traduction (du japonais) : Corinne Atlan
Couverture (souple) : Atelier Dominique Toutain
Éditeur : Belfond, 12 avenue d’Italie, 75013 Paris
Site Internet éditeur : Belfond
Pages : 619
Format (en cm) : 23 x 14
Dépôt légal : janvier 2006
ISBN : 2-7144-4041-X
EAN : 9782714 440419
Prix : 23 €


Hervé Thiellement
28 février 2007


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