Genre : noir, très noir !
Durée : 1h46
Avec George Clooney (Jake Geismer), Cate Blanchett (Lena Brandt), Tobey Maguire (Tully), Beau Bridges (Colonel Muller)
Ce qui est formidable avec Steven Soderbergh, c’est que chaque nouveau film, qu’il en soit réalisateur ou producteur, est une vraie aventure cinématographique. Il explore les genres et les styles avec enthousiasme, perfectionnisme et talent.
« The Good German » revisite, avec brio, le film noir.
Et nous ne sommes pas volés car, dès la première seconde, le ton est donné. C’est un film en noir et blanc, à l’ancienne... La technique est tellement maîtrisée qu’il est difficile de séparer les images d’archives du film lui-même. Tout y est, du grain et des éclairages (qui n’ont rien à envier au « Troisième homme » de Carol Reed), aux objectifs de caméra (Soderbergh s’est donné un mal fou pour les retrouver), à des plans séquence dignes des grands réalisateurs de l’époque jusqu’au son et à la musique : un bijou !
« The Good German est une vraie performance technique, mais ne se limite pas à cela.
Chaque minute du film (1h 46) est vécue intensément ! D’ailleurs, on sursaute parfois et l’on se surprend à retenir sa respiration, pour ne pas déranger la trouble valse des âmes, des cœurs et des consciences qui se joue devant nous, à la fois spectateurs et voyeurs.
Le décor, véritable tour de force, sert merveilleusement bien le Berlin dévasté de 1945 lors de la conférence de Postdam.
Les costumes, les accessoires... nous y sommes. On a faim, on se débrouille comme on peut, on s’arrange avec nos petites et nos grandes lâchetés et on vendrait notre âme au diable parce qu’en réalité, on a encore peur.
Cate Blanchett (Lena Brandt), n’a pas grand chose à envier à Ingrid Bergman, Greta Garbo ou encore Marlene Dietrich. Troublante dans son rôle d’Allemande meurtrie et manipulatrice, elle incarne la quintessence de la féminité dans sa gestuelle comme dans son phrasé (torride, on devrait toutes la copier les filles !) et chaque plan d’elle est un jeu d’ombres et de lumière qui lui ressemble. George Clooney (Jake Geismer) se fait plaisir, avec l’image et le montage qui vont bien. Il est tout en retenue et très appliqué. Le tandem qu’il forme avec Steven Soderbergh s’est rôdé et enrichi au fil des aventures communes (« Confessions of a dangerous mind », « Solaris », la série des « Ocean’s », « Syriana »...). George Clooney est bon, pas étincelant, juste bon. Dommage qu’il ne nous propose pas un petit nespresso avec son « what else ? » au générique...J
Tobey Maguire, quant à lui, est surprenant car il faut dire que depuis « Spiderman 1 » et « 2 » on ne l’avait pas beaucoup vu... C’est un méchant et ça lui va vraiment bien !
Et le pitch du film alors nous direz-vous ?
Bah, vous savez presque tout : Berlin en 45 divisée en 4, la conférence de Postdam, quelques pays qui décident, arbitrairement de l’avenir de l’Europe, des militaires qui mettent un mouchoir sur un journaliste américain censé couvrir cet événement mais qui est rattrapé par son histoire parce qu’avant la guerre, il a vécu et aimé à Berlin. Il y a aussi du trafic de matière grise estampillée nazie et qu’il va falloir blanchir un grand coup si on souhaite exploiter au mieux toutes les compétences après cette horrible guerre...
Et des secrets...
De vrais secrets.
De ceux qui rendent malheureux parce que l’Histoire, avec un grand H, les a fabriquées ainsi. Et que l’on peut jamais négliger l’humanité, celle du plus grand nombre, celle de notre quotidien et donc celle qui construit ... euh... l’Histoire ?
Ps. Saviez-vous que dans presque tous ses films, Steven Soderbergh est directeur de la photo sous le pseudonyme Peter Andrews(et monteur sous celui de Mary Ann Bernard) ?
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Steven Soderbergh
Scénario : Paul Attanasio d’après le roman de Joseph Kanon
Producteur(s) : Ben Cosgrove, Gregory Jacobs, Steven Soderbergh
Coproducteur(s) : Frederic Brost
Producteur(s) exécutif(s) : Frederic W. Brost, Ben Waisbren, Lionel Wigram
Musique originale : Thomas Newman
Image : Peter Andrews
Montage : Mary Ann Bernard
Distribution des rôles : Debra Zane
Création des décors : Philip Messina
Direction artistique : Doug J. Meerdink
Décorateur de plateau : Kristen Toscano Messina
Création des costumes : Louise Frogley
Maquillage : Julie Hewett
Son : Larry Blake
Effets spéciaux : Chris Bailey, Kevin Hannigan
Effets visuels : Heather Elisa Hill
Cascades : John Robotham
Production : Sunset-Gowers Studios, Warner Bros. Pictures, Section Eight, Virtual Studios
Distribution : Warner Bros. (2007)
Relation presse : Eugénie Pont assistée de Florence Debarbat
INTERNET
Site officiel : http://thegoodgerman-lefilm.com
