Eh bien, on peut dire qu’il s’en passe, des choses, dans ce 5e tome (le 6e en VO). Natsu Hyuuga adopte son rythme de croisière, avec des rebondissements secondaires qu’il lie à la trame globale de son histoire (comme Lahan qui se lance dans la diffusion des patates douces pour contrer les invasions d’insectes annoncées dans le tome précédent), des petits mystères plus anecdotiques comme celui de la mariée pendue qui ouvre ce volume ou l’empoisonnement de l’artiste peintre, et enfin, des événements clairement reliés au fil rouge de ce 2e arc, à savoir cette prêtresse albinos aux yeux rouge, dont Mao Mao trouve la trace à chaque fois qu’elle creuse un peu autour des attentats qui visent Jinshi, Lishu ou le pouvoir impérial.
Cette alternance de petites et grandes affaires est assez agréable, les petites font baisser un peu la tension, laissent passer du temps et permettent au complot de se développer. Mao Mao ne vit plus au hougong, elle est donc moins sollicitée, et moins au contact direct des puissants. C’est Basen qui vient la chercher au besoin. Une petite intrigue se développe autour du jeune fils de Gaoshun et frère de lait de Jinshi. Naïf, un peu maladroit mais doué d’une grande force, presque dangereuse pour ses proches, le jeune garde du corps est l’objet de scènes un peu troubles : au début, à la suite d’un quiproquo, Jinshi s’entraine sur lui à draguer Mao Mao ; plus tard, son attitude protectrice vis-à-vis de dame Lishu permet quelques scènes savoureuses. On glisse doucement mais sûrement vers une histoire d’amour compliquée, que la fin de ce tome résoudra de manière élégante. On ne s’étonne pas de voir les deux jeunes gens en couverture, volant la vedette à l’apothicaire.
J’ai toujours du mal avec les tournures de phrases de Natsu Hyuuga, et même s’ils se raréfient, certains passages sonnent toujours mal, inutilement allusifs ou elliptiques, mais au moins je n’ai pas noté de scènes mal compréhensibles comme dans les tomes précédents. Tout au plus saute-t-on parfois un moment décisif, généralement Mao Mao qui résout le mystère, pour permettre une scène d’explication ensuite. Agatha Christie le faisait parfois, mais avec plus de métier, laissant davantage d’indices au lecteur pour titiller sa curiosité.
On appréciera par contre, même si c’est au prix de quelques artifices a posteriori, que l’auteur laisse imaginer que les racines de ce complot étaient déjà là dans le premier arc. Cela donne vraiment une impression de réalisme, de partie complexe à plusieurs joueurs, et pas une simple succession d’attaques contre le pouvoir.
La dernière affaire est assez savoureuse, tournant autour d’un roman d’amour diffusé dans l’entourage des premières concubines. Sans jamais citer le titre, mais avec suffisamment d’éléments pour reconnaitre « Roméo et Juliette », l’auteur développe un intéressant point de vue sur la diffusion d’une œuvre et sa nécessaire adaptation aux cultures locales. Mao Mao est totalement imperméable à cette histoire qu’elle juge absurde, quand d’autres femmes, dont les courtisanes du Vert-de-Gris, sont emportées par la puissance des émotions de ce drama amoureux. Un peu comme moi (et d’autres ?) qui peine sur l’écriture de Natsu Hyuuga mais apprécie ses intrigues...
Enfin, les choses avancent très lentement entre Jinshi et Mao Mao. On devine que l’affaire des patates douces pourrait rapporter gros à la famille La, et ainsi que suggéré à la fin du tome précédent, faire de Mao Mao un parti envisageable pour le Prince de la nuit. C’est en tout cas ce que tout les lecteurs souhaitent, à défaut de la principale intéressée, dont les sentiments pour Jinshi sont toujours compliqués.
Titre : Les carnets de l’apothicaire (kusuriya no hitorigoto 6, 2016)
Série : tome 5
Auteur : Natsu Hyuuga
Traduction du japonais (Japon) : Jean-Baptiste Flamin & Sascha Boucheron
Couverture et illustrations intérieures : Touko Shino
Éditeur : Lumen
Site Internet : (Instagram éditeur)
Pages : 379
Format (en cm) : 23 x 14 x 5
Dépôt légal : février 2025
ISBN : 9782371024496
Prix : 17 €
Tome 1
Tome 2
Tome 3
Tome 4
Tome 5