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Solaris n°234
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°234, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles, automne 2024, 162 pages, 13,95 $ CAD

En cette année 2024, la revue n’en finit pas de fêter le 50e anniversaire de « Requiem »-« Solaris ». Après quatre numéros au lieu de deux (les supplémentaires étant offerts aux abonnés), voilà le dernier spécial 50 ans de l’année.
Pour l’occasion, Ariane Gélinas s’est vu proposer la direction littéraire et Christian Quesnel, la direction artistique, charge à la première de publier des nouvelles d’auteurs du Québec et du Canada francophone confirmés n’étant jamais apparus dans « Solaris » et au second de les illustrer.
Dix auteurs ont répondu à cette demande.



J.D. Kurtness nous propose une fuite sur fond de début de guerre. Un petit garçon sauve un poisson qui, contre toute attente, surmonte tous les obstacles et survit. “Le combattant” donne une porte de sortie à laquelle se raccrocher quand le monde bascule. Il apporte une bouffée d’espoir. Entre bruit et fureur, une belle entame pleine de tendresse.

“La Fosse des Mariannes” ou comment trouver un lieu pour braver les millénaires. Un texte fort, inquiétant et étonnant de Karoline Georges, le seul nom qui m’était connu (voir « De synthèse » et « Sous béton »).

Une ville coupée par un mur infranchissable, des habitants pris dans une routine sans horizon, mais Héléna aperçoit une lueur au bout d’un tunnel qui reste à creuser. “Les eaux souterraines” de Christian Guay-Poliquin est une nouvelle prenante non sans échos avec le passé. La présentation finale illustre l’avancée dans des ténèbres qui ne demandent qu’à s’éclaircir.

“Le désert” de David Clerson nous amène dans une maison abandonnée peuplée de souvenirs. Un homme la parcourt à nouveau, se rappelant son enfance et son frère aujourd’hui disparu, avant de s’y perdre. Maison hantée, géométrie variable, repli sur soi... Une nouvelle immersive à l’atmosphère pesante par la tristesse qui s’en dégage.

“La Ligne” dénonce un avenir avec un appauvrissement drastique du langage. Il est interdit de désigner un objet par son nom, seule sa description à travers des concepts généraux est autorisée. Une très belle inspiration d’Isabelle Gaudet-Labine.

Le langage est aussi au centre de “Langues mortes”. Aura étudie les langues du passé. Un mystérieux coffre aux inscriptions inconnues nécessite son expertise. Qu’y a-t-il écrit ? Et pourquoi ces morts autour de sa découverte ? Véronique Drouin a imaginé des animaux accompagnant les humains et leur servant d’assistants. Une idée vraiment intéressante au service d’un texte bien ficelé et à la conclusion imparable.

Béatrice et Bodnarchuk se lancent dans un pèlerinage. “Vers le numériseur”, voilà la direction, sans notions de distances ou de temps. Il s’agit d’une véritable épreuve sans que le succès soit forcément au rendez-vous. Renaud Jean nous présente un couple soumis à rude épreuve par cette quête. Le dépassement de soi et la foi en quelque chose y sont, entre autres, abordés.

Plongée africaine avec “La souvenance” racontant l’histoire de la griotte albinos Maam Géwël. Entre croyances et magie, un texte fascinant signé Ayavi Lake.

La solution au réchauffement climatique : un projet entre nantis sous couvert d’agriculture responsable pour éradiquer une bonne partie de la population mondiale. Des petites mains le découvrent, mais sans pouvoir le dénoncer. “Obsolescence programmée” de Charles-Étienne Ferland n’est pas sans évoquer les théories du complot cachées au peuple qui n’a aucune voix au chapitre. Entre dérision et gravité, une nouvelle bien menée.

Coïncidence, synchronicité, Jung... sont au programme de “Le Gars des vues” d’André Marois, un plaisant et étonnant, voire inquiétant, covoiturage.

Mario Tessier nous parle de l’Oulipo, Ouvroir de Littérature Potentielle, un terrain d’expérimentations littéraires sans limites et qui n’est pas sans diviser le lectorat.
Quant à Claude Janelle, il revient sur le recueil « Le chien noir » (1946) de Rolland Legault dans le cadre du DALIAF.

Au vu de l’important volet Fictions couvrant plus des trois quarts du numéro, seules quelques chroniques achèvent cet opus anniversaire.

Des plumes jamais croisées dans un « Solaris » embellissent ce numéro 50e anniversaire. Chaque nouvelle est intéressante et bien illustrée, et le tout donne un très bon numéro.
Et comme le temps des cadeaux n’est pas fini, chaque abonné à la revue recevra aussi « La griffe du Diable » de Roger Cantin, un des ouvrages inaugural de la collection de novellas, Le Mitan, des éditions Alire.


Titre : Solaris
Numéro : 234
Direction littéraire : Jean Pettigrew, Pascal Raud, Daniel Sernine, Francine Pelletier et Élisabeth Vonarburg
Couverture : Christian Quesnel
Illustrations intérieures : Christian Quesnel et Suzanne Morel
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Sites Internet : Solaris ; numéro 234
Période : automne 2024
Périodicité : trimestrielle
ISSN : 0709-8863
ISBN : 9782925427148
Dimensions (en cm) : 13,4 x 21
Pages : 162
Prix : 13,95 $ CAD



Pour écrire à l’auteur de cet article :
francois.schnebelen[at]yozone.fr


François Schnebelen
30 novembre 2024


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