Le sentiment amoureux est-il possible entre une humaine et un robot ? Telle est la question que se pose Beka pour faire vibrer à nouveau “Les Cœurs de Ferraille”. Dans une société conservatrice proche d’une Amérique naissant à la reconnaissance de tout être vivant quelque soit sa couleur, juste à quelques pas d’un Sud ségrégationniste, il interroge sans relâche ce droit à être différent. Avec ces robots qu’il a choisis comme élément « perturbateur » d’équilibres fort sensibles tandis que le droit au travail évolue dans les usines.
C’est dans celle d’un puissant industriel que la colère éclate, car des humains n’acceptent pas d’y être dirigés par ces boîtes de ferraille qui pourtant pensent, réfléchissent et, pourquoi pas, aiment.
Au beau milieu d’un climat de révolte suffoquant, Naiad, la fille du patron, assiste à l’intervention du Limier, robot surpuissant venu mater la révolte. Elle le sauve d’un mauvais coup et deux regards se croisent pour un de ces instants de cinéma dont la jeune amoureuse se régale grâce à son robot de compagnie cinéphile. Elle n’aime que les films avec des robots et comprend immédiatement que l’amour vient de bousculer son cœur. Mais cette société est bien plus conservatrice qu’elle ne le croit, il s’y joue alors une idylle qui va cruellement partager une famille déjà marquée par un de ces vieux secrets qui n’ont de plaisir que de ré-émerger au moment le plus déplaisant.
Si je dois reconnaître avoir préféré le fond des précédents albums, celui-ci a beaucoup d’atouts pour séduire un jeune public avide de ces sentiments qui font cogner le cœur au rythme de l’espérance et qui est une ode à la différence. Le plus important est sans nul doute la capacité de séduction du dessin, souple et sensuel, de Munuera. C’est beau comme une leçon de narration visuelle avec ses multiples cadrages qui se jouent de l’espace et du temps. Le cadre rétro-futuriste est une merveille quand l’histoire, sans doute, se fait un peu plus convenue, avec tout de même beaucoup de questionnements qui font écho dans notre société. Une belle histoire d’amour SF à mettre entre toutes mains relevant d’un esprit ouvert.
(T3) Sans penser à demain
Série : Les Cœurs de Ferraille
Scénario : Beka
Dessin : Munuera
Couleurs : Sedyas
Éditeur : Dupuis
Pagination : 72 pages couleurs
Format : 22 x 31 cm
Date de parution : 7 juin 2024
Numéro ISBN : 9782808504966
Prix public : 14,50€
À lire sur la Yozone :
Les Cœurs de ferraille (T1) Derby, Cyrano et moi
Illustrations © Munuera et Éditions Dupuis (2024)
